Un prophète de Jacques Audiard

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Le prophète, le point commun de toutes les religions, certains l’attendent encore, pour d’autres il est déjà venu et a prêché les commandements de Dieu.
L’univers du film de Jacques Audiard est d’une rare densité, on entre en prison et en prison. En prison dans le lieu, l’espace confiné où l’on est enfermé lorsque l’on a fauté, et en prison dans l’esprit nauséeux du héros qui lui a péché. L’attractivité de ce film réside en ce qu’il nous donne à voir ce que rarement nous sommes amenés à imaginer, la fouille corporelle, les parloirs, les visites conjugales, les violences morales, sexuelles, physiques, la corruption, en somme les vices sans la vertu… Rien n’échappe au réalisateur qui en ré-adaptant l’idée originale d’Abdel Raouf Dafri co-écrite avec Thomas Bidegain, inscrit le spectateur dans le vif du sujet, la vie carcérale et son absurdité.

La montée en puissance d’un jeune délinquant qui se retrouve ainsi à l’école, il apprend à travailler, à lire, à écrire à parler corse, mais aussi à voler, escroquer, tuer, diriger… La prison une école ou les enseignants sont ceux qui resteront encore le jour où l’on sortira, l’endroit, l’envers et contre tous, où l’on roule pour soi jusqu’à devenir le taulier celui qui contrôle la prison et le crime organisé à l’extérieur.

Audiard revisite ainsi un genre de l’histoire du cinéma : Scarface d’Hawks, l’Impasse ou le Scarface de Brian De Palma, Election 1 et 2 de Johnnie To, ou encore American gangster de Ridley Scott. Le film de gangster ce genre qui intrigue parce qu’il présente les tricheurs, les méchants comme ceux qui agissent malgré eux, qui agissent pour leurs survies et celles de leurs proches. Audiard réalise son Parrain et le maîtrise en un opus, à travers toute la durée de son film (certains l’ont trouvé trop long, moi non), il fait le tour de l’un des enjeux majeurs de nos sociétés : que faire de ceux qui n’admettent pas les règles comme étant établies ? Dans quelles conditions doit-on laisser des êtres humains trouver une rédemption ?

Après De battre mon coeur s’est arrêté le réalisateur confirme qu’il est le cinéaste de la violence en France et que les codes de l’écriture cinématographique de la dureté de l’image il les a bien assimilées et qu’il sait également créer l’enjeu scénaristique, les problématiques qui permettent de justifier la violence à l’écran. Un regret, les polémiques faites autour du film ne portent que rarement sur l’état actuel des prisons en France, on préfère adouber le jeune comédien Tahar Rahim, ou encore admirer la qualité de jeu de Niels Arestrup, que de critiquer un gouvernement qui laisse aujourd’hui ses prisonniers dans les pires prisons d’Europe pour information : 64 250 détenus en juillet 2008, pour 51000 places, du jamais vu.

1 commentaire sur “Un prophète de Jacques Audiard

  1. Julian

    La trilogie Infernal Affairs n’est pas de Johnnie To, mais d’Andrew Lau et Alan Mak.

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