Un pratique en août

© Isabel Sánchez / MAO MAO Publications 2011

 

Pour qui se promène (longtemps) avec plaisir sur la toile où s’activent de sympathiques araignées aux travaux d’aiguille variés, sautant de blog en lien ami… Pour qui bave un peu (si, si, avouons) devant les quelques reportages sur les défilés de haute-couture… ce livre est une invitation à rêver

 

Pour qui ne rentre pas (trop souvent) dans les magasins de tissus sous peine d’en ressortir chargé(e) – d’étoffes – et allégé(e) – de quelques dizaines d’euros… Pour qui se sert effectivement des blogs sus-mentionnés, pour créer ou recréer à son tour… Pour qui a enfin décidé de ne plus laisser sa MAC (comprenez machine à coudre) prendre la poussière… ce livre est (presque) parfait !

 

Après une (trop) courte introduction historico-didactique, Isabel Sánchez nous offre un florilège de petites robes noires, presque toutes de sa création, dont elle nous donne quelques clefs de réalisation. Au fil des ouvrages présentés, on retrouve de légères informations supplémentaires, sur la dentelle, par exemple. Attention, ceci n’est pas un livre de couture et en est un malgré tout. Si les schémas y sont nombreux, ils ne suffisent pas, seuls, à reproduire les modèles présentés. L’auteure s’adresse, hors les rêveurs, à un public averti, pour qui les mots « droit-fil » ou « parementure » ne sont pas du charabia. Ses créations sont présentées dans une sorte de grand-pas-à-grand-pas qui permet de se faire une idée des multiples étapes de la réalisation. D’ailleurs, Isabel Sánchez le précise au lectorat à la bouche pleine d’épingles qui ne proférera, de fait, aucun gros mot pour les indications semblant faire défaut : pour ce qui concerne les détails de couture, libre à chacun se référer à d’autres ressources selon ses besoins ; pour le reste, lire et relire, observer, compter et mesurer, ne pas hésiter à rater et recommencer, seront les meilleurs atouts.
Le livre est esthétique, les photos des modèles sur mannequin de couture jolies et détaillées, les étapes montrées en toile à patron permettent de suivre le montage des différentes parties des robes. Les notes explicitent en partie sans toutefois nous prendre vraiment par la main.

 

Les 19 modèles partent de patrons géométriques, conventionnels, et combinant les deux, donnés à l’échelle en fin de livre, qui donnent une justification satisfaisante aux cours de géométrie de notre scolarité. Il faudra oser se lancer sur les quelques traces que la créatrice nous propose de suivre, peut-être en tâtonnant, en rectifiant (les cotes ne sont données que pour une taille 40), en se faisant pourquoi pas une vraie toile. Toile qui, d’ailleurs, n’est pas du cinéma et donne un cachet presque sculptural aux robes. De plus, sa sobriété ouvre l’éventail des possibles sur l’interprétation personnelle que l’on pourra faire des modèles, de la plus sobre à la plus extravagante, en fonction des réserves textiles disponibles et de souhaits plus colorés que l’ « éternelle, basique et intemporelle »  petite robe noire.

 

On regrette que certaines astuces ne soient délivrées que partiellement, comme les bandes de tulle cachées dans les ourlets. Et on n’oubliera pas de lire le glossaire in extenso pour sourire de certaines définitions un peu pompeuses, mais surtout pour les précisions apportées à la compréhension des photos, patrons et schémas. Enfin notre curiosité historique attisée mais insatisfaite visitera certainement avec profit d’autres rayons de la librairie… à moins que l’on ne cède d’abord à l’irrésistible envie de s’offrir un vrai mannequin de couture et de passer des heures à reproduire et inventer, des toiles pleins les yeux !

 

La petite robe noire, éternelle, basique et intemporelle, Isabel Sánchez, MAO MAO publications, 2011, 25€.

 

(chronique dédiée avec admiration à Sophie, Gina, Valérie et autres araignées douées)

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