Travelling: Entretien avec Gwenael Breës, membre du collectif Cinéma Nova

gwenCe lundi, c’est journée carte blanche au cinéma Nova, pour Travelling Bruxelles. Cinéma bruxellois géré par un collectif de bénévoles, Nova propose une approche différente de la programmation traditionnelle d’une salle de cinéma. Parmi les thématiques que sa programmation aborde, une place importante concerne le rapport entre habitants et évolution de la ville, dans une démarche militante. Pour le festival, Gwenael Breës, l’un de ses membres, vient présenter une sélection de documentaires ayant trait à ce qu’on appelle aujourd’hui la « bruxellisation » et aux résistances qu’elle engendre. Nous l’avons rencontré alors qu’il présentait la projection du Chantier des gosses, film retrouvé par le collectif.

Alter1fo: Vous pouvez nous présenter cinéma Nova en quelques mots?
Gwenael Breës: Nova, c’est un cinéma qui existe depuis tout juste quinze ans, qui n’est géré que par des bénévoles, qui font ça de manière collective. Ils m’ont appelé « responsable » dans le programme, mais ce n’est pas le cas, il n’y a pas de responsable, c’est vraiment un collectif. Il n’y a pas de directeur artistique, c’est un collectif en permanent renouvellement.

On ne fonctionne pas comme une salle de cinéma normale, on n’a pas de films en sortie, on n’est pas ouverts tous les jours, toute l’année, non plus. On fait des programmation de… en France, on appellerait ça une programmation de recherche, je pense. On ne prend pas de films qui sont en distribution dans le pays. On travaille par thématique, c’est à dire qu’on élabore autour d’un thème une programmation de films qui est, elle-même, mélangée avec autre chose: des concerts, des expositions, des rencontres, des débats. C’est une programmation très éclectique : ça peut être du cinéma de science-fiction, documentaire, expérimental… Plutôt du cinéma indépendant, contemporain, mais c’est très ouvert. On cherche à montrer des films qui ne sont pas projetés ailleurs en Belgique. Voilà, ça, c’est le cinéma Nova en deux mots.nova

Vous êtes vous-même réalisateur?
Je suis l’un des fondateurs de cinéma Nova, je suis là depuis le début, mais par ailleurs je fais aussi des films, j’en ai fait deux, et je fais aussi des ateliers vidéo, deux aussi, qui sont montrés pendant le festival, qui sont liés à des questions urbaines. Tous, d’ailleurs, sont liés à des questions urbaines. J’en ai fait un sur le quartier du parlement européen, un autre sur la démolition du quartier de la gare du Midi (c’est celui-là qui sera montré mardi), et les films d’atelier que j’ai menés, c’est des travaux avec les habitants, qui sont des novices en matière de cinéma ou de vidéo, et on travaille pendant un an ensemble avec dix-douze personnes qui habitent le quartier, on fait un film sur leur quartier.

Demain, c’est la thématique de la « bruxellisation » qui va être au centre de la programmation que vous proposez?
Oui, c’est la carte blanche à Nova. Disons qu’à Nova, ça nous a toujours intéressé de travailler ces questions-là. Déja, il faut savoir que le Nova c’est une salle qu’on a rouvert dans une salle de cinéma du centre-ville qui avait été à moitié démolie et laissée à l’abandon pendant dix ans. Donc on était déja au coeur de cette thématique. Chaque été, on organise un festival de cinéma de plein-air qui s’appelle pleinOPENair, relatif à ces questions urbaines. C’est itinérant, on va à chaque fois sur des lieux où il y a des enjeux urbanistiques, des expulsions, des démolitions ou des projets que nous, on trouve néfastes pour la ville et ses habitants. Et donc, on a souvent été amenés à traiter ces questions-là, parfois avec d’autres associations, l’été, et à l’intérieur de la salle, le reste de l’année, aussi.marolles

Celui que vous venez de présenter, le Chantier des Gosses, c’est quoi?
Là, on est moins sur la question de la bruxellisation, mais c’est un film sur le quartier des Marolles, dont un autre film parle, d’ailleurs, la Bataille des Marolles, qui est un quartier qui a subi beaucoup de démolitions, notamment pour l’énorme palais de Justice, qui a suscité la démolition d’une grande partie du quartier, il y a déja longtemps. Il y a eu plusieurs fois dans l’histoire des démolitions de parties de ce quartier. C’est très central, très populaire, l’un des rares endroits où l’on parle encore le dialecte bruxellois.

Le Chantier des Gosses, c’est un film qu’on a retrouvé, tourné en 56, sonorisé dans les années 70, il y a eu une projection en 77 et puis c’était fini ! Il montre ce quartier autour de la question d’un terrain vague qui a été approprié par les gamins du quartier pour en faire un espace de jeu, au moment où les architectes et les bulldozers arrivent pour construire un bâtiment. C’est plus un film néo-réaliste très très beau, ce n’est pas un documentaire.

Et demain, il y aura également d’autres invités pour aborder cette thématique?
Oui, il y aussi Victor Brunfaut, qui est architecte et prof d’architecture dans une école à Bruxelles, et puis il y a Pierre Meynaert, qui lui est l’un des travailleurs d’une association qui s’appelle Inter Environnement Bruxelles, qui est une fédération de comités d’habitants. Il y a à Bruxelles une centaine de comités d’habitants, de comités de quartier. des gens qui s’organisent sur un quartier pour combattre un projet, défendre la qualité de vie, quelquefois lutter contre les expropriations.

Carte blanche au cinéma Nova, lundi 13 février, au Liberté et au Cinéma Arvor
3 programmes de documentaires suivis d’une rencontre avec Gwenael Breës, Victor Brunfaut et Pierre Meynaert
Programme 1 à 14h au Liberté (étage)
Programme 2 à 16h au Liberté (étage)
Programme 3 à 18h au Liberté (étage)
Le Chantier des Gosses projeté au Cinéma Arvor à 20h30.

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