Ce qu’il faut retenir du point presse du Collectif Culture Bar-Bars

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Le point presse du  Collectif Culture Bar-Bars s’est donc tenu au bistrot de la quincaillerie générale, mercredi 17 septembre, à Rennes.  Une trentaine de personnes (patrons de bars, acteurs sociaux et culturels, citoyens, riverains et curieux) était présente pour écouter les conclusions de cette journée de travail autour des caractéristiques de la nuit rennaise, de sa métropole et des cafés-cultures.

En effet, depuis quelques mois déjà, ce  collectifné en 1999 d’une volonté de fédérer les petits lieux pour répondre ensemble et d’une seule voix aux problématiques inhérentes aux cafés-cultures et plus généralement à la vie nocturnedéveloppe activement son antenne rennaise.

Autour de la table : David Milbéo, coordinateur de la fédération des cafés-culture et salarié de ladite structure, Gweno patron du Bar hic & du Ty anna Tavern, Sylvain, Meryl, Matthieu, respectivement programmateur, chargée de comm’ et chargé de prod’ au 1988 live club, nouvellement adhèrent depuis 2013, Rodrig, patron de la Quincaillerie Générale, Jean-Marie du Papier Timbré , Karl, patron du Chantier et Philippe, patron du Bistro de la Cité.

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Voici ce que nous avons retenu :***

1- Le  Bistrot, une espèce en voie de disparition.

En 1998, on comptait 55000 licences IV dans toute la France. Aujourd’hui, il y en a moins de 33000 et il y a urgence : chaque jour, 5 bars ferment en France. Rennes ne déroge pas à la règle malgré sa légendaire étiquette d’il-y-a-trente-ans de «ville rock». A chaque disparition, ce sont des emplois supprimés, du lien social en moins et une baisse de l’offre culturelle. Puisqu’il est souvent facile d’accuser les bistrots de pousser à la consommation, rappelons que 88% de la vente totale d’alcool vendu en France se fait à l’intérieur des grandes surfaces et seulement 8% dans les cafés restaurants.***

2 – Création d’une plateforme Nationale

2008 fut l’année de la première rencontre nationale des cafés-cultures. Une plateforme nationale se crée alors autour du Collectif et de nombreux autres partenaires comme la CPIH (la Confédération des Professionnels Indépendants de l’Hôtellerie)  mais aussi la SNAM-CGT  qui représente les artistes professionnels. Le but de cette plateforme reste toujours le même : réfléchir et trouver des solutions sur les pratiques culturelles dans ces petits lieux et favoriser l’emploi artistique. Un axe majeur de travail : imposer une médiation obligatoire avant toute sanction, administrative ou pénale, prise contre un cafetier.***

3 – Les avancées du Collectif.

David Milbéo a rappelé 3 grandes avancées depuis la création de la Fédération en 1999 :

1 – Parution de la circulaire de la licence 1 d’entrepreneur de spectacles. Depuis 2012, les cafés culturels de petites jauges (moins de 200 places) ne sont plus qualifiés comme des « salles de spectacles », leur activité principale étant reconnue comme débit de boissons (Type N). Cela leur permet ainsi  d’éviter  de devoir se conformer aux normes législatives et sécuritaires comme  une S.M.A.C ou un Zénith, par exemple.

2 – L’instauration d’un protocole de bonnes pratiques sur la programmation des artistes amateurs dans les cafés de petites jauges (moins de 200 places)

3 – La création d’un « fond d’aide à l’emploi artistique« . Concrètement, ce dispositif a pour objet de soutenir la diffusion de spectacles professionnels dans les cafés-cultures inscrits au GUSO (Guichet unique du spectacle occasionnel)  en prenant en charge financièrement une partie des coûts salariaux associés aux emplois artistiques. Les aides sont calculées en fonction du nombre d’artistes salariés : plus il y a d’emplois et plus l’aide est conséquente (cercle vertueux).

Un exemple est alors donné : pour 4 artistes rémunérés à 600 euros de cachets, 300 euros sont  pris en charge par la région. Ce dispositif est disponible pour l’ensemble des cafés, adhérents ou non au collectif Culture Bar-Bars.***

4 – Sinon Rennes, comment tu bars ?

Gweno (Ty Anna, Bar Hic) au nom du collectif affiche le souhait de véritablement relancer une dynamique de la fédération des cafés-culture à Rennes, de manière plus collective. Actuellement, 11 cafés sont adhérents à Rennes, 35 en Bretagne. Le problème prioritaire sur Rennes : la sauvegarde des cafés et l’organisation des concerts électrifiés dans les bars qui pour la plupart font énormément d’efforts (exemple : le Papier timbré est en plein travaux d’insonorisation, le Bar’ Hic a mis en place un limiteur…)

Sylvain (1988 Club Live) rappelle qu’il est important de fédérer les petits lieux afin de tenir un même discours et mieux appréhender des sujets parfois complexes (politique de transport, principe de prévention, alcoolisation excessive sur la voie publique…).

Jean-Marie (Papier Timbré) évoque la notion de cohabitation des usages comme axe de travail afin de garantir le maintien des bistrots. Il rappelle qu’en 10 ans, Rennes a vu disparaître la moitié de ses petits lieux et aujourd’hui, une épée de Damoclès plane sur les cafetiers puisqu’une fermeture administrative peut tomber suite à une plainte de riverains. (ndlr : Certains voisins ont même réussi l’exploit de faire cesser tout concert en soirée à la salle de la CitéOuest France). La question est clairement posée par Jean-Marie  « Faut-il encore des bistrots dans les villes ? » : un dialogue doit donc se réinventer entre tous les acteurs. ***

5 – Rennes et sa mairie, elle en dit quoi ?

Benoît Careil, le nouvel adjoint à la Culture de la Ville de Rennes se félicite de l’adhésion de Rennes au Groupement d’intérêt public Cafés cultures. Rennes rejoint donc les 3 collectivités fondatrices du système, sa mise en place est prévue en 2015.

Benoit revient rapidement sur les 15 dernières années qu’il qualifie d’années noires pour les cafés-concerts et souhaite qu’avec l’opportunité du Collectif Culture Bar-Bars, une  page nouvelle se tourne. Il souligne la volonté de la ville de relancer un dialogue, de mettre en place une instance de médiation  des conflits et d’intégrer les bars à la vie culturelle et à la régulation de la vie nocturne.

Selon lui, face à un problème récurrent de respect du droit de certains, et à l’impossible compatibilité des libertés des personnes, la recherche d’une solution alternative durable est souhaitable. Il n’y a pas d’autres solutions que le dialogue et la recherche de compromis entre les intérêts des plaignants, qui défendent leur droit à la tranquillité et les intérêts de ceux qui organisent l’activité culturelle, qui défendent leur droit à exprimer leur culture et à la partager avec d’autres personnes. Benoit affirmera pour conclure que les bars sont des acteurs incontournables et tiennent un rôle important dans la vie rennaise.

NDLR : Malgré ces propos rassurants, il est à noter que si des particuliers utilisent l’action judiciaire contre un établissement, la loi étant la même pour tous, la marge de manœuvre de la municipalité est restreinte.

Benoit Careil (mail 26/09/2014) : «Les pouvoirs du Maire, représentant légal de la Mairie, ne permettent pas, et heureusement pour les habitants d’Hénin Beaumont ou de Béziers, de passer outre les lois de la République, notamment sur des droits fondamentaux liés au respect des personnes[…]. Pour la Cité ou la Place du Parlement, des mesures de bruit émergents ont été effectuées, et ils étaient sans appel. Les riverains s’appuient aujourd’hui sur des cabinets d’avocats bien au fait de tout cela.»  

Sur un marché immobilier assez morose, les acquéreurs tiennent de plus en plus compte de l’environnement proche du bien mis en vente. Les «professionnels de l’immobilier» estiment une décote pouvant atteindre entre 20% à 30% du prix de vente due à la présence d’un bar à proximité. On comprend mieux alors que la fermeture de certains lieux peuvent arranger surtout des intérêts, disons plus financiers.

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6 – Yes Futur !

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Les échéances à venir :

► Une rencontre entre Benoît Careil, les services de la ville, de Rennes Métropole et le Collectif est prévue le 28 octobre.
Le 03 novembre : projection du documentaire « Aux bars etc… » au bar Le Chantier organisé en lien avec le Jardin Moderne.
Les  27, 28 et 29 novembre se tiendra le festival du Collectif Culture bar-bars dans 6 lieux adhérents à Rennes. Festival national.
► En 2015, le  17 et 18 mars se tiendront les assises nationales de la nuit.
► En 2015 : le dispositif de l’Aide à l’Emploi  va passer d’un opérateur régional Pays de la Loire à un opérateur national : toute collectivité de l’ensemble du territoire pourra abonder dans le dispositif d’Aide à l’Emploi des cafés-cultures.

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Photo ©christophe Le Dévéhat

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►► Site du collectif : http://bar-bars.com ►►Fb : facebook.com/collectifculturebarbars

►► BILAN 2012 – 2013 Dispositif Cafés Cultures en Pays de la Loire

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PS : N’oubliez pas le festival « I’M From Rennes » qui a débuté depuis le 18 septembre et qui investit  de nombreux bistrots rennais comme le Melody maker, le Bateau ivre, le Oan’s pub

PS2 : Une pétition circule en ce moment sur cette même thématique du côté du Finistère adressée aux municipalités de Douarnenez, Quimper, Brest, Ile de Sein : Ne laissons pas mourir nos rues, nos bistrots, nos artistes ! 

 

 

 

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