Toko Lören, le tatouage à fleur de peau…

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Pour la petite histoire, c’est en parcourant la très longue liste des invités de la Rennes Tatoo Convention qui s’est tenue mi-mai au stade de la route de Lorient (relire l’interview de Miss Atomik, co-organisatrice de l’événement ici ) que nous sommes tombés sous le charme du travail réalisé par Toko Lören (vous pouvez prononcer d’ailleurs son pseudo comme vous le voulez : Lören comme Laurent, son prénom ou Lören comme le nom de Sofia, l’actrice, atout charme à l’italienne).

Toko Lören est un  artiste-tatoueur au style reconnaissable entre mille même si, modestement, il n’aime pas forcement l’emploi du terme artiste à son égard. Comme un guitar-hero dont on reconnaîtrait le son dès les premières notes, la « marque de fabrique » de Toko Lören nous happe littéralement  les yeux : originale, déstructurée, avec un aspect souvent vintage et des motifs en 3D, difficile d’y rester insensible. Toko Lören aime à redéfinir la vision classique du tatouage, à en repousser ses limites et à jouer avec la forme du corps humain qui devient alors, le temps d’un instant, tableau ou toile.

Nous, on aime, on adore… On se demande même si on ne va pas franchir le pas et prendre un billet aller-retour vers Thonon-les-Bains, lieu de son fief.

Bref, il nous fallait en savoir plus…

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Toko Lören(1)  a un parcours assez atypique.  En effet, même s’il avoue une fascination pour le tatouage depuis son tout plus jeune âge, il aura eu de nombreuses expériences professionnelles avant de se jeter dans le grand bain…des encres indélébiles.

 Toko Lören : « Quand je voyais un tatouage sur la peau des gens, tout petit, cela me fascinait. J’étais obnubilé et je ne pouvais pas détourner le regard du tatouage… Mais quand on vénère tellement quelque chose, on pense souvent que cela est inaccessible et  pendant des années, je ne m’en sentais pas capable. » 

Toko Lören a longtemps traîné sa bosse dans le domaine de la publicité. Sans doute un peu déçu par un monde trop superficiel, brassant des milles et des cents et se sentant frustré par des demandes trop formatées, Toko Lören  s’en est rapidement éloigné pour finir par tout plaquer.

Tout en continuant son activité de graphiste en freelance, il va alors découvrir le monde du piercing un peu par hasard en répondant à une annonce de pôle emploi. Comme un signe du destin… Il se forme alors dans ce milieu du body-art au fur et à mesure de ses rencontres, mais d’un caractère volontaire, il apprend aussi à travers différentes formations notamment dans le domaine de l’hygiène, assez rare pour le souligner à l’époque. Les encouragements de ses amis proches feront le reste. Ses designs et son style décalé sous le coude, il succombe (enfin!) à l’appel de l’aiguille et du tatouage. Il se donne alors 9 mois pour réussir dans ce milieu. 9 mois bien plus qu’un symbole : sa vie personnelle et sa vie professionnelle se croisent alors à ce moment-là.

Toko Lören : « Avec le piercing, je me suis assez vite rendu compte des limites du corps. Je ne pouvais pas créer autant  de nouvelles choses que j’aurais voulu et c’est à ce moment-là que des amis m’ont fait réaliser que cela serait une bonne idée que de me lancer le tatouage et cela a été plus ou moins le déclic. La grossesse de mon fils s’est déclarée à ce moment-là, c’est pourquoi je me suis dit que j’avais exactement neuf mois pour y arriver  ou arrêter dans ce milieu. Tout simplement. »

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L’ascension fut somme toute rapide mais cache un énorme travail et une persévérance sans faille. Toko Lören l’avoue d’ailleurs, sa vie professionnelle, à cet instant, a pris le pas sur sa vie personnelle et familiale. Il n’hésite pas non plus à remercier fraternellement l’investissement de Xoil, autre immense tatoueur de Needle’s Side (Thonon les Bains) qui l’a, en quelque sorte, accompagné pour prendre son envol. Aujourd’hui, on vient de loin pour se faire tatouer, des heures d’avions pour certains, des heures de train pour d’autres.

Toko Lören :  « Je suis assez sélectif par rapport à mes clients car ma façon de travailler l’exige afin d’éviter toute mauvaise surprise. Tout le travail en amont se passe entre  la personne et mon manager, uniquement. La découverte du résultat final n’arrive que le jour même du rendez-vous. Par contre, je reste disponible pour orienter des demandes où je ne me sens pas le plus apte et à les diriger vers quelqu’un dont ce sera la spécialité. »

Son style devient de plus en plus connu, reconnu, admiré et recherché. Nombreuses sont les invitations aux conventions nationales et surtout en dehors de France, signe d’un grand respect de ses pères et du monde du tatouage. Une des clés pouvant expliquer son succès est que Toko Lören aborde le tatouage avec ses yeux de graphiste de ses débuts : toujours très figuratif et déstructuré, sans code, ni repère et une utilisation de photoshop le plus souvent à partir de photos qu’il aime retravailler et retoucher au gré de son imaginaire fertile.

Toko Lören : « Je pense avoir pas mal de cordes à mon arc, il m’arrive même de dessiner le tatouage en entier, à la main. Cela dépend aussi de la demande et puis de l’humeur du jour. Mais une chose est sûre, le fait de côtoyer beaucoup d’autres artistes tatoueurs, d’ avoir plusieurs visions du tatouage depuis que je suis chez Needles Side Tattoo m’a fait évoluer encore plus vite »

Cette évolution est perceptible d’ailleurs : finis les lettrages et l’aspect aux couleurs pastels de ces dernières années. Toko Lören aime le mouvement. D’autant que se lassant assez vite nous avoue-t-il, cela l’oblige à ne jamais se reposer sur ses lauriers. De plus, il se nourrit de ses passions annexes comme la peinture ou le dessin. Il a d’ailleurs plusieurs expositions à son actif.

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Bref, si vous aussi vous aimez le style et si , pour « les yeux d’une étrangère, vous voulez gardez votre pull ouvert(2) » pour afficher votre joli tatouage, tentez votre chance, n’hésitez pas : les délais entre une première demande et sa réalisation varient énormément selon les périodes.

Toko Lören« Pour être sincère, cela dépend vraiment des périodes, puisque je n’accepte pas tout… Mais cette petite notoriété me dessert un peu finalement car beaucoup de gens pensent que j’ai 2, 3 mois d’attente et n’osent pas me contacter mais, si le projet me plait, je peux très bien le faire dès la semaine suivante. Sélectif mais disponible… (rires » 

Toko Lören prend également soin de ce que la personne se faisant tatouer passe une excellente journée. En plus de boire un verre, peut-être de partager un repas, Toko Lören aime l’échange. Et pour cause, certains se mettent à nu pour décrire leurs propositions de dessins, instants de vie parfois compliqués, souvenirs ou cicatrices indélébiles quand d’autres se mettent à nu, au sens littéral du terme, selon l’emplacement.

Toko Lören : « Je mets un point d’honneur à ce que le jour du tatouage reste un joli moment de vie.  C’est vraiment important pour moi ce côté humain, même primordial car  finalement, je raconte une partie de leur vie sur leur peau… La personne se confie, je dessine et le tatouage n’est souvent compréhensible que par nous deux… C’est un véritable échange. »

Toko Lören sera prochainement invité dans plusieurs conventions internationales, excusez du peu… sa «French Touch» s’exporte plutôt bien : il sera donc en Août à la Cagliari Tattoo Convention en Sardaigne, en septembre en Belgique à la convention  toxcitink de Liège et un guest en Belgique et finira par traverser l’Atlantique pour les States, direction New York.

A bon entendeur !

Un grand merci à Toko Lören aka Laurent pour sa gentillesse et disponibilité !

 

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(1) Toko signifie pilier en polynésien ou de manière plus imagée  «personne sur qui l’on peut compter». Surnom donné par son ami polynésien qui a écrit un dictionnaire des symboles polynésiens. Lören vient du mélange entre Laurent, son prénom et Sören, prénom de son fils.

(2) Intrépide malgré la fièvre, Bashung (album Novice)

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