The Patriotic Sunday et Julien Gasc @ 1988 Live Club : Baroque Pop

Cette semaine de janvier est décidément d’une bonté sans bornes pour nos oreilles. Nouvelle preuve vendredi 29 au 1988 Live Club avec le retour tant espéré de The Patriotic Sunday qui viendra dans notre belle ville à nouveau sublimer sur scène  son merveilleux dernier album : All I Can’t Forget. Ils seront en plus accompagnés du vaporeux et délicat Julien Gasc en échappée solo d’Aquaserge. Assaisonnez le tout d’un prix ridicule et vous obtenez la recette parfaite pour une soirée immanquable.

ThePatrioticSunday@JardinModerne

Il y a certains groupes qu’on ne se lasse pas de voir et de revoir. Avec Papier Tigre et The Patriotic Sunday, ce diable d’Eric Pasquereau peut se vanter d’en avoir deux à son actif, bien placés dans notre liste. Même si nous avions déjà vu les seconds en septembre 2015 lors de la très belle soirée du Marché Noir concoctée par le camarade Jean-Louis de Musiq’Albambic, c’est donc avec beaucoup de joie que nous avons appris le retour de la bande dans nos contrées.

Première belle raison donc de se déplacer, The Patriotic Sunday revient avec toujours sous le bras  All I can’t Forget, un quatrième album tout à fait remarquable. Nous avions découvert ce projet par le biais de Papier Tigre, l’excellent groupe nantais d’obédience math-rock à l’énergie Fugazienne. Eric Pasquereau, le chanteur-guitariste de Papier Tigre, est en effet à l’origine de ce side-project créé dès 2005 pour satisfaire ses aspirations plus mélancoliques, personnelles et pop. Un premier album aux influences mêlées d’indie rock, d’accords jazz et de rythmiques inspirées de la bossa nova voit ainsi le jour en 2005, Lay Your Soul Bare.

21732631116_d7729006f8_oMais c’est surtout son second opus, paru quatre ans plus tard, qui fera beaucoup parler du second projet d’Eric Pasquereau. Avec Characters (2009), le Nantais surprend tout le monde et fait un second disque qui n’a pas grand chose à voir avec le premier, si ce n’est peut-être, ces changements de rythmes à l’intérieur d’un même morceau, ces suspensions qui donnent à ses chansons un deuxième, voire un troisième souffle. Car si la musique d’Eric Pasquereau est facile d’accès au premier abord, elle se déguste comme un millefeuilles, en savourant progressivement chacune de ses strates, souvent inédites lors des premières écoutes.

Pour son troisième ouvrage, le musicien s’est adjoint les services d’un de nos trios préférés, entendez La Terre Tremble !!! (retrouvez l’interview de La Terre Tremble !!! ici ), autres experts des suspensions et des chansons aux mille directions. Le groupe est lui aussi spécialiste de ces carrefours inattendus qui font bifurquer les morceaux, parfois en épingle à cheveux, parfois sur une courbe toute en douceur. Le trio tricote (mais aussi détricote) des mélodies qui vous agrippent l’oreille en quelques répétitions pour vous emmener après quelques mesures sur des rivages insoupçonnés et inouïs. On n’est donc qu’à moitié étonné de retrouver ces trois-là avec Eric Pasquereau (leur compagnon sur Effervescence), tant les quatre musiciens semblent avoir des accointances avec une musique exigeante et bourrée de nuances.

C’est toujours avec ses beaux complices (et Léo Prud’homme de Fat Supper en guest de luxe) qu’Eric Pasquereau a enregistré All I Can Forget, son quatrième disque sous le patronyme de The Patriotic Sunday. Le disque explore cette fois une pop intimiste et doucement retorse où les harmonies vocales ont une place prépondérante. A la première écoute, on est soufflé par la beauté de perles solaires comme A Life Pursuit ou Full moon, mais petit à petit on comprend que le monsieur n’a rien perdu de son art de subtilement poser des pièges, électrifier les ambiances ou poser de délicats décalages dans ses compos pour leur éviter de se perdre dans les sentiers rebattus. Le plaisir n’en est que redoublé. Un des grands disques de 2015 assurément et il ne faudrait donc pas louper la chance d’entendre ces merveilles sur scène. D’autant plus que leur prestation au Jardin Moderne lors du Marché noir fut rien de moins que magnifique. Nous y étions et nous n’avions qu’une hâte c’était de les retrouver très vite, donc ne les loupez sous aucun prétexte si vous avez manqué cette première occasion.

Il est hautement conseillé de relire à l’occasion le bel entretien accordé par Eric Pasquereau à la camarade Isa en attendant la très prochaine nouvelle interview.

Et quitte à se concocter une soirée « idéale » (dixit Eric Pasquereau aux copains de l’Imprimerie Nocturne) pourquoi ne pas ajouter Julien Gasc dans le line up de la programmation. Dans le genre tête chercheuse qui aime tout autant vous perdre dans des dédales inattendus, le garçon se pose également là. On ne s’étonnera d’ailleurs pas que le jeune homme ait désormais rejoint les éclaireurs de Murailles Music.

Membre d’Aquaserge (héritier direct de la scène prog-rock de Canterbury et d’autres dérangés magnifiques -l’Art Ensemble de Chicago en tête, mais aussi Serge Gainsbourg ou Zappa bien sûr et on en passe-), mais également décelable autour d’autres entités (il a joué avec et pour Stereolab, Laetitia Sadier, Philippe Katerine, April March, Bertrand Burgalat, Hyperclean, Holden, Momotte), Julien Gasc est de ces magiciens à l’érudition et à la maîtrise stupéfiantes, qui vous pétrit à l’aise blaise de parfaites vignettes pop. Des chansons à la fluidité et à l’évidence bluffantes mais qui restent particulièrement secouées du cocotier, comme le prouve son premier album solo, Cerf, Biche et Faon d’abord sorti en version limitée chez les Toulousains de 2000 records en 2013, puis chez les éclairés de Born Bad Records (avril 2014).

En 12 titres arrangés avec une attention d’orfèvre (mais d’un joailler qui préfèrerait les cascades de rivières de diamants à l’immobilité de gemmes sertis) mêlant luxuriances pop, baroque, prog ou psyché, Julien Gasc vous guide moins qu’il ne vous perd, davantage Lapin Blanc Carrollien que glissière d’autoroute (pardonnez-nous l’image). Douces amères, délicatement zinzins, flanquant un coup de pied dans la fourmilière pour un fuck bien senti, s’autorisant la dérision, les césures improbables (inadapta-tion), le français décomplexé ou une fraicheur gagnée (peut-être ?) dans la spontanéité d’un enregistrement (sur un 4 pistes Tascam, en une seule prise), les chansons de Julien Gasc se permettent de faire mouche à chaque écoute. On gage qu’il en sera de même pour les auditeurs alertes, curieux et comblés de ce vendredi au 1988 Live Club.


Vendredi 29 janvier 2016 – 1988 Live Club, 27 place du Colombier, Rennes – 20h30 – 5€

Plus d’1fos sur :

le site du 1988 Live Club

la page Facebook de l’événement


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