The Missing Season : et si on avait besoin d’une cinquième saison ?

2011-02-15-The_Missing_Season-alter1foLe Jardin Moderne poursuit sa collaboration avec les Champs Libres pour mettre en avant la scène locale. Ce mardi, c’est The Missing Season et sa folk aux voix entremêlées qui était invité à se produire aux Champs Libres. Le public s’est déplacé plutôt en nombre étant donné l’espace relatif de la scène au 2ème étage de la Bibliothèque. On y retrouve aussi bien les amateurs de ces chansons folk venues des « forêts du midwest breton », que des curieux qui ne connaissent pas le groupe et qui repartiront, pour une bonne partie, en achetant le premier album du combo.

Car The Missing Season existe déjà depuis 2004. Les deux membres fondateurs, Nicolas ‘Naughty’ Gautier et Marin Perot expliquent que tout est né d’un road trip en Australie en 2004. Ils en sont revenus avec des chansons et des guitares achetées 20 dollars sur place, du moins c’est ce que raconte la légende. Ils enregistrent donc un premier album The Secret Map, en 2007, entre Ploërmel, la Pointe du Grouin, Carhaix et Melbourne. Pourtant ce premier album fleure plutôt les terres du midwest américain. Sûrement qu’une carte secrète relie en réalité les terres des deux côtés de l’Atlantique…. 13 morceaux d’indie folk qui naviguent entre Neil Young, et la néo-folk américaine.

2011-02-15-The_Missing_Season-alter1fo-14Depuis, le duo originel s’est adjoint les services d’un batteur et d’un bassiste et c’est en quatuor que le groupe entame le concert.

On apprécie cette formule plus étoffée qui renforce la puissance et la complexité des compositions. Le batteur joue tout autant sur les rythmiques que sur le timbre des différentes percussions de sa batterie et la basse apporte encore davantage de relief en permettant aux sons des guitares de se détacher différemment.

Le groupe joue en effet avec deux guitares, le plus souvent, une acoustique, une électrique, l’une en arpège, l’autre en appui rythmique. Mais pas seulement. Les deux guitaristes ont plus d’un bottleneck dans leur sac, même s’il leur manque une sangle ! Parfois aussi, les arpèges se répondent. D’autres fois, les sonorités changent, comme sur ce dernier titre justement joué avec un bottleneck.

2011-02-15-The_Missing_Season-alter1fo-12Et puis surtout, il y a les voix. Deux voix,  essentiellement, celles des deux guitaristes, qui chantent en harmonie deux mélodies différentes, souvent dans une tonalité mineure. Les structures changent parfois et les deux voix quittent l’unisson harmonique pour se répondre. L’une après l’autre. Ou les unes après les autres car le batteur comme le bassiste assurent aussi les chœurs.

On est plutôt impressionné par la maîtrise technique que cela demande et par la réussite que le combo a dans ce domaine. Très vite, une bonne majorité du public adhère. D’autant que malgré l’étroitesse du lieu, et bien qu’on soit parfois coincé entre les étagères de disques, l’ambiance feutrée du lieu et les lumières douces des projecteurs renforcent le charme du moment.

Quand le groupe joue « The Secret Map » , on apprécie cette nouvelle formule à la batterie. Non qu’on ait quoi que ce soit contre les boîtes à rythmes (sur l’album, le morceau est rythmé avec une boîte à rythmes), mais la batterie offre davantage de subtilité et de brillance à la chanson. On remarque aussi que les deux nouveaux musiciens apportent davantage d’énergie et de relief au set proposé par The Missing Season. Les ambiances alternent plus nettement entre une folk ensoleillée aux faux airs de San Francisco et une folk plus introspective à la Iron & Wine.

2011-02-15-The_Missing_Season-alter1fo-13

Le groupe a d’ailleurs la bonne idée de proposer au milieu de son set une formule à deux, avec uniquement deux guitares. Et leurs deux voix. Le moment est aérien. On imagine que les derniers réticents se laissent emporter par cet instant suspendu. On pourrait voir les anges passer. Et sûrement s’arrêter pour écouter (d’autant qu’on sait depuis Les Ailes du Désir, qu’ils fréquentent les bibliothèques). Les arpèges résonnent et les deux voix envoûtent. On retrouve encore plus précisément la fragilité d‘Iron & Wine à ce moment précis.

Puis le bassiste et le batteur reviennent. On laisse les chansons nous transporter d’un rivage à l’autre de l’Atlantique, des Rocheuses aux plaines poussiéreuses du Midwest. On voyage immobile, en suivant cette secret map que tisse le groupe au fil de ses compositions. On ne s’étonne pas d’ailleurs que Bruno Green de Santa Cruz (voir l’interview de Santa Cruz ici) ait mastérisé le nouvel ep du groupe (disponible en téléchargement gratuit ici : http://themissingseason.bandcamp.com/album/the-missing-season-e-p) tant ces morceaux n’ont rien à envier à leurs cousins américains. Lorsque le set s’achève, une bonne partie du public s’empresse d’aller acheter le premier album du groupe. On n’hésite plus, on sait dès lors que la formation a conquis de nouvelles oreilles, à défaut de nouveaux territoires.

Les Québécois d’Harmonium se demandaient jadis si on avait besoin d’une cinquième saison (La Cinquième Saison, 1975). Peut-être qu’on l’a trouvée, cette saison manquante, avec The Missing Season, qui, on en est sûr s’écoute aussi bien devant un feu de cheminée qu’un feu de camp, dans les forêts tapissées de feuilles mortes ou de muguet carillonnant. Une chose est certaine, en effet, c’est que les nouvelles chansons de The Missing Season risquent de nous accompagner ce printemps avec la sortie de leur nouvel album…

Photos : Caro

__________________________

Myspace de The Missing Season : http://www.myspace.com/missingseason

Laisser un commentaire

* Champs obligatoires