Start’in Block #18 – Un éclectisme prometteur

2013-02-01-Startin_Block-TheWayOfLife-alter1fo 13Avec cette 18ème édition de la Start’in block, l’Antipode mettait en avant quatre groupes prometteurs de la scène locale, pour une soirée éclectique et bigarrée allant du trip hop au funk, en passant par un vocal band, ou de l’électro-pop, dans une belle ambiance. Compte-rendu.

Start’in Block, le principe :

L’Antipode MJC a entre autres pour vocation de mettre en avant la scène locale et de favoriser l’émergence des groupes en devenir. La salle rennaise a donc mis en place la Start’in block il y a déjà pas mal d’années. Le concept est simple : offrir un temps de résidence aux groupes émergents de la scène locale à l’Antipode et leur proposer d’investir la scène le temps d’un concert dans des conditions professionnelles.

2013-02-01-Startin_Block-Tiny_Feet-alter1fo 8 5Depuis lundi 28 janvier, ce sont donc quatre groupes qui ont arpenté la salle rennaise, à raison d’un jour par groupe, pour un travail en amont avec l’équipe de l’Antipode : Bukatribe, The Way of Life, Tiny Feet et Piranha.  Les musiciens ont été accueillis par l’équipe technique de la salle afin d’effectuer des répétitions plateau, filages ou d’élaborer leur fiche technique dans des conditions professionnelles… Avec bien sûr, en point de mire, le concert de ce vendredi réunissant les quatre groupes sur la même affiche.

Premier chouette constat ce vendredi soir : le public a répondu présent. Certes, l’Antipode n’est pas plein, mais l’affluence est tout de même plus que respectable pour une soirée sans tête d’affiche « connue » et mettant en avant la scène locale. Le prix d’entrée quasi dérisoire (3 euros ou gratuit pour les membres) n’y est certainement pas étranger et donne réellement la possibilité au plus grand nombre de découvrir ces groupes prometteurs. On saluera également la chouette ambiance dans laquelle toute la soirée se déroulera. On apprécie pour notre part, un tremplin sans gagnant et donc sans perdant, où chaque groupe est encouragé et salué par le public.

Autre véritable point fort de la soirée : ne pas se cantonner à un genre musical et proposer une affiche variée. Les groupes retenus pouvaient donc tout autant proposer du trip hop mélancolique et théâtral avec Tiny Feet [interview là], qu’une chorale entre chant et beatboxing avec Bukatribe, de  l’électro-pop avec Piranha [interview ici] que du funk avec The Way of Life [interview là].

2013-02-01-Startin_Block-Bukatribe-alter1fo 7Bukatribe

Ce sont les Bukatribe qui commencent. Ses quatre membres viennent tous d’horizons différents (Users, Zaïba, Dieemav & Homecooking) et ont choisi de monter ensemble un vocal band. Mais différence notable avec les autres groupes vocaux, les quatre joyeux drilles ne se cantonnent pas à l’exercice de la reprise mais composent eux-mêmes tous leurs morceaux. Autre originalité, les Bukatribe ne se contentent pas de chanter à quatre voix, mais développent leurs chants sur un tapis rythmique assuré par l’un d’eux (ou plusieurs d’entre eux) au beatboxing.

Ensemble, les Bukatribe ont déjà défendu leurs morceaux lors de la dernière édition de Quartiers d’été en juillet, plus récemment à l’Echonova, pour les Inouïs du Printemps de Bourges notamment. Ils ont donc déjà une expérience commune de la scène et s’y amusent. Ils plaisantent avec le public, ponctuent leurs morceaux avec leurs différentes chorégraphies, et tout ça sans jamais se prendre au sérieux. Le  public apprécie,  rigole, chante et applaudit. Les Bukatribe mettent l’ambiance et font démarrer la soirée dans une atmosphère joyeuse et bon enfant.

2013-02-01-Startin_Block-Bukatribe-alter1fo 2Si Bukatribe ne se prend pas au sérieux, cela ne les empêche pas de nous bluffer avec leur maîtrise technique. C’est carré et mené avec une fluidité déconcertante quand on sait que tout est fait à la voix. La maîtrise des quatre gaillards est impressionnante et on saluera également la sonorisation des voix, tout bonnement parfaite, qui rend parfaitement justice aux qualités vocales du quatuor. On découvre donc un set varié, qui ne manque pas d’éclectisme, mélangeant les styles : de la soul, du ragga, du hip hop, de l’électro (à la bouche)… Ce sera peut-être notre limite personnelle, ce grand écart entre les genres, aisément compréhensible du fait des qualités intrinsèques de ses membres qui peuvent aussi bien rapper, que s’enflammer sur un flow ragga ou jouer de vibes soul, mais qui peut-être, perd un peu l’auditeur. Au final, néanmoins, une chouette prestation qui a lancé de fort belle manière cette 18ème édition de la Start’in Block.

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Piranha

Changement de style et d’ambiance totale avec l’électro-pop des Piranha qui enchaîne. En quelques mois, à peine plus d’un an et demi pour être précis, les Piranha et leur synth-pop ont déjà un beau chemin parcouru derrière eux. Du duo découvert pour les Nuits Blanches de Metz (septembre 2011) au quatuor d’aujourd’hui, programmé cet hiver aux Bars en Trans, Piranha a fait du chemin.

Mais surtout, sous ses airs d’apparence faciles , son electro pop cache bien plus de relief que ses abords évidents ne le laisseraient croire.

Le groupe de facture plus classique que le précédent est aussi à quatre sur scène. Mais joue des instruments ! Synthés analogiques à gauche, batteur au fond de la scène, bassiste au centre, et guitariste-chanteur gaucher qui joue le premier morceau avec une fender à l’envers (?) sur la droite. Au centre, on remarque très vite le bassiste, qui n’est pas là pour faire de la figuration, et qui fait galoper sa basse avec une belle classe. On apprécie ses relances qui apportent un côté encore plus dansant au propos des Piranha.

2013-02-01-Startin_Block-Piranha-alter1fo 9On salue d’ailleurs d’ores et déjà la maîtrise des breaks par le quatuor, qu’il s’agisse de la section rythmique, bien souvent impeccable que de son chanteur-guitariste qui fait aussi montre d’un réel talent pour tricoter des riffs aux notes incisives et dansantes.

Derrière, les nappes de synthé apportent cette touche de mélancolie qui donne encore davantage de relief aux compositions. La voix grave et chaude du chanteur produit aussi son petit effet. Là encore, autant de maîtrise chez un tout jeune groupe impressionne.

On n’est certes pas toujours aussi emballé par tous les morceaux, mais certains se montrent réellement addictifs. Le groupe est vraiment bien en place, et semble en avoir encore  davantage, sous le capot. On est d’autant plus touché, qu’au fil du set, le groupe se détend progressivement et prend de plus en plus de plaisir à jouer. Son chanteur-guitariste, moins crispé, parvient progressivement à se laisser aller et sur les morceaux où il s’emballe carrément, entre cris et riffs menés en dansant penché sur sa guitare, il emporte réellement le public avec lui.

Un concert prometteur, qui laisse augurer d’une belle progression pour l’avenir. D’autant que le groupe semble, comme on a cru le comprendre en interview, véritablement en recherche, souhaitant notamment évoluer vers un son plus âpre et de pervertir davantage les structures. On a donc hâte d’entendre la suite.

2013-02-01-Startin_Block-Tiny_Feet-alter1fo 8 3Tiny Feet

C’est désormais au tour de Tiny Feet de monter sur scène. On a déjà dit que l’une des choses qu’on appréciait particulièrement avec le fait de suivre la scène locale, c’était de pouvoir suivre l’évolution de ses acteurs et de leurs projets. De voir des projets progressivement prendre de l’épaisseur, changer de direction(s), en suivre certaines un moment, parfois les laisser de côté. On aime voir mûrir les projets et leurs initiateurs.

On avait vu Tiny Feet pour la première fois sur la scène de l’Antipode, justement. La jeune femme, one woman band s’accompagnant à la fois d’une guitare et d’une basse, et triturant l’ensemble à l’aide de ses pédales de loop, y défendait son trip hop quelque peu mutant, pour le tremplin des Jeunes Charrues du Pays de Rennes. Elle nous y avait retourné les sangs avec un cri primal qui nous avait renvoyé dans nos longueurs. Depuis, la jeune femme a fait du chemin, puisqu’on l’a entre autre retrouvée programmée aux Bars en Trans cet hiver ainsi qu’aux côtés de Thavius Beck sur un titre du dernier disque de l’américain, excusez du peu. Mais on ne se doutait pas à quel point le projet de la jeune femme avait mûri.

C’est comme si la jeune femme avait ramassé toutes les directions qu’elle avait pu prendre et les avait rassemblées en un même tissu aux mailles serrées. Ses différentes facettes et influences, autrefois juxtaposées, semblent désormais à la fois totalement digérées, condensées et intégrées. En quelques notes répétitives et minimales passées par le filtre de ses pédales, la jeune femme réussit à nous faire changer de monde en un seul morceau. On est assez épaté par la tenue de son set qui monte progressivement en intensité et dont on salue la progression parfaitement pensée.

2013-02-01-Startin_Block-Tiny_Feet-alter1fo 8 7Il nous semble qu’encore plus qu’avant, la jeune femme travaille sur les textures des sons, et qu’en épurant sa musique et ses effets de scène, elle gagne curieusement en épaisseur. Plus minimaliste, moins échevelée, sa musique se fait plus pesante, et plus grave aussi peut-être. Bon, autant le dire, Tiny Feet ne semble pas chanter la douceur de vivre et la joie d’aimer. Ça semble un brin plus torturé…

On salue bien sûr également le numéro de voltige, sur les pédales de boucles, pour lequel chaque silence ou petit décalage rythmique, peut entraîner une cacophonie fatale et qu’elle réussit brillamment. Bien sûr, on peut aimer ou pas les compositions de Tiny Feet. Être ému ou non par ses morceaux. Il faut néanmoins reconnaître que la jeune femme livre un set qui a fortement gagné en maturité. On gage que sa résidence à l’Antipode MJC tout au long de l’année devrait encore l’aider à affiner son projet.

2013-02-01-Startin_Block-TheWayOfLife-alter1fo 7The Way of Life

La soirée se termine avec The Way Of Life. On doit le dire, des groupes de funk, à Rennes, ça se compte plutôt sur les doigts d’une main. Alors en voir un programmé pour cette 18ème Start’in Block est plutôt chouette. D’autant qu’avec The Way of Life, c’est plutôt l’artillerie complète qui monte sur la scène de l’Antipode. Jugez plutôt : deux guitaristes, un bassiste, un clavier, un batteur, trois cuivres et une chanteuse se partagent la scène.

Après les ambiances lourdes de Tiny Feet, le contraste est une nouvelle fois saisissant : les musiciens portent tous une chemise aux motifs seventies aux tons orangés tandis que la chanteuse, en robe noire légère, chauffe et harangue le public, n’hésitant pas à lui donner la becquée avec une bombe de chantilly/milkshake.

Le groupe, lui aussi bien en place, déroule son funk groovy, dans une ambiance qui a pris d’un coup plusieurs degrés à l’avant de la scène. Ça danse, crie, transpire et les premiers rangs chaloupent avec plaisir. Les soli se succèdent, dans la plus pure tradition, au fil des morceaux. Rien de très original, mais le groupe sait chauffer le public.

Sur le tapis des autres instruments, un solo de saxo précède un autre au clavier et ainsi de suite. On apprécie particulièrement un morceau, essentiellement instrumental, qui prend le temps de développer son propos avec un groove imparable, avec des airs cachés d’afro-beat.

Le groupe ne faiblit pas un instant et le public resté dans la salle lui rend son énergie. The Way of Life aura même le droit de finir la soirée sur un rappel, comblant ses fans, nombreux, encore dans la salle.

Photos : Caro

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