Pour la SNCF : le temps, c’est de l’argent…

Capture écran twitter

Impossible d’y échapper tant Rennes Métropole, la SPL « Destination Rennes » et la Région ne cessent de communiquer dessus. L’arrivée de la future ligne LGV Bretagne en juillet prochain permettra de rapprocher Rennes à moins d’une heure trente de Paris sur certains trajets (pas tous, einh…).

En contrepartie, il faudra mettre la main à la poche pour rejoindre la capitale puisque le billet augmentera de 6 euros en moyenne. La directrice générale de Voyages-SNCF, Rachel Picard, n’y trouve rien à redire et explique même que « l’évolution des prix sera toujours inférieure au gain de temps ». Payer plus pour gagner plus… de temps ? Argument non recevable pour Dominique Serouin, vice-président de l’association des usagers des transports en Ille-et-Vilaine (AUTIV) dans l’édition du Télégramme  de dimanche dernier : « Nous ne sommes pas contre le principe de gagner du temps mais les tarifs actuels sont déjà excessifs et inabordables pour les voyageurs aux revenus modestes et les familles ».

Mais « qui se soucie de gagner au maximum 40 minutes sur un trajet reliant notre ville à la capitale ? » se demandaient déjà les élu⋅e⋅s du parti de gauche rennais, il y a plus d’un an. A y regarder de près, il faut craindre que ce nouveau dispositif ne soit destiné finalement qu’à quelques intérêts particuliers : cadres dynamiques, clientèle d’affaire, personnes aux revenus confortables. La SNCF ne s’en cache même pas puisqu’elle souhaite mettre en place de nouveaux services comme le wifi à bord, des files d’embarquement dédiées ou encore des salons grand voyageur rénovés afin de capter la clientèle professionnelle habituée des trajets aériens.

Alors que le coût total de la ligne s’élève autour des 3,4 milliards d’euros, alors que le PDG de la SNCF(1) juge déjà déficitaire les deux nouvelles lignes LGV (avec celle de Paris-Bordeaux), alors que le modèle économique du LGV/TGV est à bout de souffle (faute de rentabilité, son développement absorbe une grande part des contributions publiques dédiées au ferroviaire), cette manne financière n’aurait-elle pas pu être mieux utilisée pour un projet ou une ambition utile au plus grand nombre ?

En même temps, si le « #Rennes2030 » s’adressait aux plus modestes d’entre nous, cela se saurait, non ? Le centre des congrès, le quartier d’affaire Eurorennes, les hôtels de luxe, la disparition de petits lieux conviviaux (comme récemment le bistrot du Chat Bavard) sont des exemples rayonnants d’une gentrification déjà bien entamée.

capture

 PLUS D’1FOS :

Sainte-Anne : future place pour CSP+ et attachés-case ? – Alter1fo

[Rencontre/Débat] – Enjeux des projets urbains et moyens de résistance

« Les élus locaux ont pris le train de la gentrification en marche »

 

 

(1) Guillaume Pepy : « Nous avons budgété 90 millions de pertes en 2017 sur le seul second semestre 2017 »

3 commentaires sur “Pour la SNCF : le temps, c’est de l’argent…

  1. Gilles

    Embellissement du centre-ville, hôtel 4 étoiles…la gentrification, tout le monde a ce mot là à la bouche ! Vive la gentrification dans ce cas ! Je gagne 1100€ net par mois je ne suis ni un cadre ni un homme d’affaire et je suis très content de gagner 40 min sur mes trajets vers Paris.

    Chacun voit midi à sa porte. Si gagner du temps vous emm****, prenez les ouibus ou le covoit, que je trouve aussi très pratique quand mes fin de mois sont galères…

    Je n’ai jamais compris le délire de critiquer dès qu’une offre s’étoffe. N’avoir que des hôtels miteux n’est pas l’idéal non plus. Il faut de tout pour faire un monde !

  2. Franck

    Vive la gentrification ??!! comme vous dites : « Il faut de tout pour faire un monde ! ». Le secteur sud gare devient de plus en plus prisé par les investisseurs : avec l’arrivée programmée de la Ligne à grande vitesse et la construction d’EuroRennes. La hausse des prix de l’immobilier atteindrait 14,2 % soit 2 220 €/m2 en 2015 dans ce quartier… Après si vous ne voyez rien à redire sur le fait que les classes moyennes ou les moins fortunées soient repoussées à la deuxième couronne de Rennes… . Les politiques menées par les métropoles aujourd’hui s’occupent plus de l’attractivité que de l’habitabilité des quartiers centraux de la ville pour ses habitants…

  3. Hervé

    Des milliards pour 40mn, de nombreuses terres agricoles détruites, un écosystème encore plus perturbé où est l’intérêt général…quand à la fin, faut préférer le covoiturage ou le bus plutôt que le tgv – faute de moyens financiers ?

Laisser un commentaire

* Champs obligatoires