La Route du Rock 2016 – Samedi, c’est permis !

Ça y est, vous êtes bien rentrés dans le festival ? Prêts à fourbir vos armes pour la seconde journée de la Route du Rock ? Avant d’y retourner, revue en détail de la programmation de ce qui vous attend ce samedi 13 août.

RDR 2016 visuel carré

Seuls sur le sable, (ou presque) …

Carte blanche à la Souterraine

Si vous êtes plutôt lève-tôt (et oui, 15h, c’est plutôt tôt en langage festivalier), vous pourrez commencer la journée par une petite découverte musicale sur la plage Bon-Secours à St Malo même (renommée Plage Swatch pour l’occasion) avec des dj sets et des concerts.

Cette année, le festival laisse carte-blanche aux essentiels La Souterraine, aka Benjamin Caschera et Laurent Bajon, défricheurs de gemmes souterraines chantées en français (et bien souvent sous-exposées), compilées, exhumées, cartographiées et mises en lumière avec amour (on vous renvoie aux différentes compilations -le volume 9 est sorti en mars dernier-, semi-volumes et autres éditions de covers ou d’artistes, qui naviguent avec un goût certain des irremplaçables Arlt à la minimal wave du Rennais Rouge-Gorge, des pataphysiques Aquaserge à Chevalrex… et bien sûr on en passe des pépites…). Assurant les mises en appétit journalières, le Mostla Soundsystem (émanation de la maison d’édition Mostla qui publie certains des artistes référencés par La Souterraine) lancera les premières ablutions avec des dj sets dès 15h. Tout ça, bien sûr, avant de vous étirer tranquillement sur votre serviette de plage au son de lives plus que prometteurs.

Saint-Malo-Plage-Bon-secours- crédit photo : Remi Jouan

Sur la plage Bon secours à St Malo à partir de 15h.

Requin Chagrin

Ce samedi, c’est avec la chanson-pop ligne claire (un tantinet surf) de Requin Chagrin que vous pourrez piquer une tête et explorer les abysses malouines. Pas d’inquiétude, ce requin ne risque pas d’angoisser vos évolutions aquatiques, tant le groupe mené par Marion Brunetto (qu’on avait également vue avec Alphatra et The Guillotines) aime avant tout les guitares claires et la pop en français fraîche et lumineuse. Repérée par La Souterraine sur la foi d’un seul titre, aussitôt intégré dans leur compilation (le Volume 5 en janvier 2015), les compos s’étoffent en un premier album éponyme (en téléchargement sur la Souterraine puis en vinyle 10″ en édition limitée chez Objet Disque et au printemps en vinyle et numérique sur Almost Musique). Nul doute que le quatuor (en plus de Marion Brunetto, on y retrouve Grégoire Cagnat à la basse, Yohann Dedy aux claviers et Romain Mercier-Balaz à la batterie) devrait sans peine combler les amateurs de chanson pop lumineuse, à partager pourquoi pas en famille, les doigts de pied dans le sable.

Requin Chagrin – Sur la plage Bon secours à St Malo à partir de 16h.

Conférence et bouquin…

Christophe Brault : la conférence

Si vous détestez les grains de sable qui grattent entre les orteils, vous aurez tout de même une belle alternative dans les fauteuils moelleux du Théâtre Chateaubriand ce samedi 13 août dès 14h avec Christophe Brault, qu’on ne présente plus ici (ancien disquaire de l’institution Rennes Musique et chargé de cours à l’université Rennes 2 en musicologie, désormais conférencier bondissant et passionnant et également star de l’émission Music Machine sur nos pages, diffusée sur RCR) qui se chargera de retracer en deux heures (avec la fougue qu’on lui connaît) l’histoire du shoegaze. Et sans jamais regarder ses pieds, s’il vous plaît. On sait que Christophe était particulièrement branché par cette noisy pop des late eighties/ début nineties et qu’il a une affection toute particulière pour certains de ses plus célèbres représentants : My Bloody Valentine, Ride, The Jesus & Mary Chain, Lush, Slowdive, … Guitares distordues, murs de son, voix noyées dans la reverb’ et regard rivé sur leurs pieds et leurs pédales d’effets : les shoegazers n’auront plus de secrets pour vous grâce à Christophe Brault.

Christophe Brault - photo Caro alter1fo

Christophe Brault – Au Théâtre Chateaubriand à St Malo à partir de 14h

Christophe Brault : le livre

Christophe Brault Le rock garageAutre passion de Christophe Brault : le rock garage. Si la programmation (à l’inverse de l’an dernier avec Ty Segall/Fuzz ou Wand par exemple) ne lui laisse pas grand’ place cette année, Christophe saura pourtant le remettre au centre de nos préoccupations avec la sortie de son livre sur le sujet aux éditions Le Mot et le Reste, disponible en avant-première à la Route du Rock. Une présentation d’une centaine de groupes du genre, précédée d’une petite histoire du mouvement décortiquée avec le talent et la précision d’orfèvre qu’on connaît à Christophe (on en a lu quelques extraits, c’est passionnant) devrait sans peine intéresser nombre festivaliers.

Pour vous donner un aperçu, voici la présentation officielle : « Le rock garage se développe à partir de 1964 en réaction à la British Invasion des Animals, Rolling Stones ou Kinks des charts américains. L’inexpérience et la jeunesse des musiciens ainsi que leur manque de moyens les obligeront souvent à répéter et enregistrer dans le garage familial, donnant ainsi à leurs productions un son amateur, brut, sale, punk avant l’heure, que l’on baptisera garage. La démocratisation de cette méthode de production va permettre à des milliers de groupes de se former, certains d’entre eux obtenant même un hit inattendu. Le mouvement psychédélique et surtout le rock progressif mettront un terme à toute cette énergie qui réapparaîtra au début des années 1980 impulsant le courant « revival ». Une nouvelle génération (Crawdaddys, Chesterfield Kings) qui imitera dans un premier temps ses ainés avant de s’en émanciper totalement (Lyres, Miracle Workers, Cramps). Les décennies suivantes confirmeront la vitalité de cette scène qui s’étendra aussi largement en Europe et jusqu’à nos jours, le succès de la nouvelle scène garage française en étant la marque. Des Fleshtones à Ty Segall, des Fuzztones à Jay Reatard, le mouvement est devenu aujourd’hui incontournable pour tous les amateurs et autres défenseurs de guitares fuzz et d’orgues farfisa. »

A noter, donc, le livre sera en avant-première sur le stand du Mot et le Reste à la Route du Rock (la sortie officielle aura lieu le 18 août prochain).

Bastions rock au Fort St Père

Bon, la Route du Rock met peut-être le mot « rock » en avant, mais c’est bien sous toutes ces formes qu’il faut prendre l’acception, du garage au psyché, de la pop au lo-fi, du shoegaze à l’électro-pop et on en passe, comme vous avez pu sans peine le remarquer. Dans la programmation de cette année, une tripotée de groupes revient sur la scène du festival, bien souvent après avoir laissé des souvenirs indélébiles de leur prestation les éditions précédentes. Mais d’autres font leur baptême du feu dans le fort malouin. Présentation.

Route du rock 2012 - les remparts alter1fo.com


Pour ceux qui feraient également leur baptême du feu à la Route du Rock cette année, commençons par cette petite précision nécessaire pour s’y retrouver : à la Route du Rock, il y a deux scènes : une scène principale, dite scène du Fort, et une plus petite où sont bien loin de ne jouer que les outsiders : la scène des Remparts (autrefois scène de la Tour).

Après des années de tâtonnements, d’essais, de déplacements, les organisateurs de la Route du Rock ont enfin trouvé LA formule parfaite. Plus haute, plus grande, au fond du Fort, face à la scène du Fort, la nouvelle disposition de la scène des Remparts est définitivement la bonne ! On y voit les groupes, la fluidité du public dans le Fort est excellente et elle permet au plus grand nombre de profiter des concerts qui s’y déroulent de la meilleure des manières. Et c’est tant mieux puisque cette année encore, pour rythmer non seulement l’arrivée des festivaliers mais aussi les petits coups de mou de la soirée, ce sont 3 groupes qui s’y donneront le tour chaque soir.


Ulrika Spacek

Ce samedi soir ce sont les Britanniques d’Ulrika Spacek qui mettront la soirée au Fort sur orbite. Et on a d’ores et déjà très envie de découvrir ces cinq garçons sur scène tant leur premier album The Album Paranoïa (sorti chez Though Love) nous a énergisé les esgourdes. Guitares, basse, batterie, avec trois six cordes qui tricotent ensemble, un sens de la mélodie qui accroche, un poil de fuzz et de dissonance, plein de reverb sur les voix et des couches de guitares en veux-tu en voilà sont la marque de fabrique de ces minots plein de talent. Si vous aimez en même temps Deerhunter, les boucles lancinantes des Black Angels, la jeunesse sonique, nul doute que vous apprécierez la bande menée par les deux Rhys (Rhys Edwards et Rhys Williams). Nous en tout cas, on a très hâte, d’autant que le groupe révèle un savoureux potentiel pour à la fois digérer ses influences et exceller lorsqu’il sort des chemins balisés. Vivement.

Ulrika Spacek – Sur la scène des remparts à partir de 18h30.

Luh

Une lettre en moins que Lush programmé demain (et pas mal d’années aussi !) pour le duo Luh (autrement dit Lost under Heaven), entendez le projet du chanteur des feus Wu Lyf, Ellery Roberts, avec son amoureuse Ebony Hoorn, qu’il a rejointe à Amsterdam.

LUH_3_RVB_300_©BERBER_THEINISSEN

Leur premier album Spiritual songs for lovers to sing, dont l’ambition est de mettre en exergue la force et la puissance de l’amour (sic) ne se distingue pas par sa subtilité. Voix rocailleuse dans l’excès constant, gros coups de batterie clinquante gonflée de réverb’ (Unites), production plus blockbuster que Lynchienne, dégoulinades de claviers, de bons sentiments, timbre rauque sur violons baveurs, hymnes boudinés pour stade : le duo ne nous épargne rien (Soro combine en 6 minutes tous les poncifs du pire mauvais goût, y compris -oui, il a fallu nous pincer pour y croire- un détour à 180BPM pour se donner un petit côté ravey). Et à l’inverse de l’unanimité (assez hallucinante) des chroniques qu’on a pu lire, on est bien loin d’être convaincu.

Seules respirations, Future Blues et Loyalty, centrées sur la voix d’Ebony Hoorn, sans être le moins du monde originales, apportent un répit bienvenu. On n’est pas gentil mais s’infliger l’écoute entière de cette scie écœurante de bout en bout a été une torture plus qu’éprouvante. On nous avait promis des morceaux déchirants. Nos tympans saignent en effet. On vous laissera donc aller les écouter en live sans nous et on vous laisse juge.

Luh- Sur la scène du Fort à partir de 19h20.

Tindersticks

On continue avec des anciens, déjà passés par deux fois à la Route du Rock (en 2008 et en 2011), avec 25 ans d’existence à leur actif et pas moins de 10 albums. Les Tindersticks font donc forcément figure de légende du spleen contemplatif à l’élégance classieuse. Leur premier album, sorti en 1993 avait, on s’en souvient, suscité un immense engouement avec ses orchestrations délicates, sa classe intemporelle et le timbre de crooner brisé de Stuart A. Staples. L’intérêt des mélomanes et des fans se trouvant ensuite constamment renouvelé au fil de sorties de disques toujours marqués par des ballades rock rêveuses, graves et atmosphériques, à l’instrumentation particulièrement soignée, et ce malgré une pause de quatre ans entre 2003 et 2007.

TINDERSTICKS_1_RVB_300_©RICHARD DUMAS

Tindersticks – Sur la scène du Fort à partir de 20h55. Crédit photo : ©Richard Dumas

C’est donc avec leur dixième album studio que les Tindersticks reviennent à la Route du Rock. Pour accompagner la sortie de ce dernier long format The Waiting Room (janvier 2016 sur City Slang), les musiciens ont accepté un projet de film collaboratif : The Waiting Room Film Project où chaque chanson est accompagnée d’un film, « une interprétation visuelle et personnelle » de l’univers des Britanniques. On y retrouve par exemple Claire Denis (qui avait auparavant choisi Tindersticks pour écrire les b.o. de cinq de ses réalisations) Christoph Girardet, Gregorio Graziosi, David Reeve, ou Rosie Pedlow et Joe King -ci-dessous-… Les amours cinématographiques du groupe se trouvant également mises en exergue dès l’ouverture du disque avec cette reprise du thème de Mutiny on the Bounty sur l’instrumental Follow Me.

Mais il serait réducteur de limiter ce nouvel album aux ambiances cinématographiques en clair obscur qu’il dessine. D’une part parce qu’il ressuscite la voix de Lhasa, décédée en 2010, le temps d’un duo sur Hey Lucinda, retravaillé à partir d’une vieille démo (a priori quitare/voix), pour un moment forcément émouvant. D’autre part parce qu’il frotte, sur un autre duo, la voix sépulcrale de Stuart A. Staples à celle de Jehnny Beth (des Savages dont on vous parlait plus haut) sur un We are Dreamers ! tout en tension. Plus tôt aussi, parce qu’il se permet des cuivres afro-beat sur un Help Yourself particulièrement addictif. Autrement dit, si Tindersticks continue d’avoir un son immédiatement reconnaissable, si le groupe continue de creuser le sillon d’un spleen orchestré avec élégance album après album, il n’en a pas moins encore des choses à dire.

Exploded View

On sera tout autant ravi de retrouver Anika qu’on avait vue sur la scène du Fort accompagnée des musiciens de Beak> en 2011 avec son nouveau projet Exploded View. L’album paraîtra quelques jours après la Route du Rock (le 19 août sur Sacred Bones), mais les premiers titres disponibles sont bigrement alléchants. Alors, forcément, soleil dardant et doigts de pieds en éventail ne cadrent pas des masses avec Exploded View, mais ça tombe bien puisqu’ils joueront à la nuit tombante/tombée.

EXPLODED_VIEW_1_RVB_300

La musique d’Annika Henderson fait en effet plutôt dans la noirceur hypnotique et désolée, avec ce timbre grave et hanté (entre Nico et Sybille Baier) et ce délicieux accent allemand (même si elle vient du Surrey, près de Londres, elle a une mère allemande : ceci doit expliquer cela). A côté d’elle cette fois-ci, on retrouve Hector Quezada, Hector Melgarejo et Martin Thulin (producteur de Crocodiles) délivrant un post-punk/no wave bien hypnotique et tout autant vénéneux. On souhaite en tout cas au groupe le même succès que celui qu’Anika avait remporté en 2010 sur la scène du Fort.

Exploded View – Sur la scène des remparts à partir de 22h10.

La Femme

On ne sait pas trop quoi penser de La Femme. On ne peut pas dire que la musique des Biarrot-parisiens menés par Sacha Got (à la guitare) et Marlon Magnée (aux claviers) soit particulièrement notre came. Ni que leurs attitudes de branleurs (réelles ou pas) leur confèrent une quelconque épaisseur à nos yeux. Mais force est de reconnaître qu’il s’agit désormais de l’un des groupes français les plus adulés de sa génération dont les comptines d’électro surf yéyé un rien destroy sont devenues des hymnes imparables pour pogoter devant la scène, danser nu sur le sable, glander, fumer ou picoler avec les potes. Et cela dès la sortie de leur premier tube surf, Sur la plage, en digital chez les Brestois de Beko (avec aussi La femme ressort et Françoise), suivi par deux singles physiques en 2011, à l’artwork censuré (un hommage à L’Origine du monde de Courbet), tout aussi plébiscités. Idem avec La Femme en 2013.

La femme photo presse

Mais c’est avec leur premier album Psycho tropical Berlin (autrement dit rythmique binaire sèche –Berlin-, nappes psychotropes –Psycho– fun solaire et déconne –Tropical-), dont la sortie est particulièrement saluée par la presse, que La Femme dévoile un peu plus de son épaisseur, certes branchouille, mais réelle si l’on en croit la densité de ces quinze titres qui partent dans tous les sens, mais affichent pourtant une belle cohérence, glissant d’un surf retors (Amour dans le Motu), à un hommage gainsbourgien appuyé (Hypsoline), d’un concert de klaxons sur le bien nommé Antitaxi au yéyé dingo La femme ressort jusqu’au frenchy but chic Si un jour, et on en passe. Le tout chanté en français comme Elli avec Jacno ou la minimal wave décomplexée des eighties (Deux, Ruth, Marie et les garçons…).

Alliant les références synthétiques frenchies des 80’s aux guitares surf sixties, le tout, encore, à une énergie débridée et bien foutraque, La Femme a trouvé son identité. Et un public. Prêt à le suivre les yeux fermés sur un second album, à venir en septembre, mais dont le tubesque et élastique Sphinx sert déjà de point de ralliement. Leur live, si l’on a tout compris, devrait déjà d’ailleurs proposer quelques-uns de leurs nouveaux morceaux.

La Femme – Sur la scène du Fort à partir de 23h00.

Suuns

Dans la famille retour au Fort, on retrouvera également avec un immense plaisir les Montrélais de Suuns, qui après un Zeroes Qc (2010) et trois passages malouins remarqués (le dernier en date en 2013 pour défendre leurs Images du Futur -même année toujours sur Secretly Canadian- devant un public du Fort chauffé à blanc par une prestation incandescente et dérangée), viendront de nouveau asséner à nos oreilles extatiques leurs mélodies à la froideur clinique et à l’urgence habitée.

Ambiances d’apocalypse glacée, tendues de noirceur electro-pop, sombres et tétanisées : les morceaux de Suuns sont des sommets de rock malade et blafard, d’électro vénéneuse et de post-punk obsédant. Après une (excellente) collaboration avec Jérusalem in my heart en 2015, les Canadiens remettent le couvert en quatuor cette année en sortant le très réussi Hold/Still (Secretly Canadian), alternant 11 pépites tour à tour malsaines, vénéneuses et magnétiques. On se souvient qu’en live, les Suuns n’hésitent pas à délivrer des sets exigeants, ne cédant en rien à la facilité, et osent les sonorités dissonantes. Leur groove ralenti, les textures magmatiques qui affleurent sous la lave du chant susurré de Ben Shemie, et cette tension à la limite, toujours, d’avant l’explosion devraient donc une nouvelle fois faire du concert des Canadiens un grand moment de rock distordu, malade. Et essentiel.

Suuns

Suuns – Sur la scène du Fort à partir de 00h45.

La nuit sur le Dance-Fort

Si certains s’étonnent encore (!) qu’un festival indie-rock propose une programmation électro (notamment pour réchauffer les festivaliers lorsque la fraîcheur nocturne tombe sur le Fort), la majorité du public en redemande. On retrouvera ainsi plusieurs groupes ou artistes destinés à propulser tout le monde sur le Dance-Fort.

The Field

Pour nous catapulter jusqu’aux dernières heures de la nuit et jusqu’au dernier groupe de la soirée du samedi, on donne toute notre confiance à Axel Willner aka The Field qu’on suit depuis son premier album, From Here We Go Sublime (2004) sorti chez Kompakt. Mêlant à ses débuts étude académique de la musique et rage punk à la Dead Kennedys, le garçon se tourne peu à peu vers l’ambient à la guitare et le drone influencé par l’idm warpienne du milieu des nineties, avant de progressivement forger le son qu’il défendra sous son nouveau nom, The Field. De la techno ambient, marquée par un rythme robotique très kraut, en rotation constante et à l’hypnotisme vaporeux, particulièrement réussie.

THE_FIELD_1200X1200

Après avoir beaucoup tourné en solo avec son laptop, le Suédois trouve finalement la formule étriquée et choisit d’intégrer d’autres musiciens en live. C’est ainsi avec une vraie batterie et trois acolytes qu’on le retrouvera sur la scène des Transmusicales 2009 pour Yesterday And Today (sur lequel se niche une étonnante reprise d’Everybody’s Got To Learn Sometimes des Korgis). Suivi en 2001 par Looping State Of Mind qui mêle lui aussi influences kraut des seventies, disco glacée (nappes entre Moroder et Carpenter) et minimalisme américain (Reich) puis Cupid’s Head en 2013, qui le voit retrouver la formule solo sans ses comparses Dan Enqvist, John Stanier et Andreas Soderstrom. L’album, moins kraut peut-être, y gagnera en complexité sur les textures. Paru au printemps, son cinquième album en date, The Follower, toujours sur les essentiels Kompakt affirme encore plus avant la volonté de brouiller les lignes entre expérimentation, dance musique et fluidité downtempo. On a en tout cas bien hâte de découvrir ce cinquième long format en live.

The Field – Sur la scène des Remparts  à partir de 01h50.

Battles

On finit avec les habitués, avec le retour de Battles sur la scène du Fort St Père. Devenu trio depuis le départ de Tyondai Braxton avant la parution de leur troisième album Gloss Drop, les Battles gardent un souvenir ému de leur dernier passage à la Route du Rock (en 2011) : « Notre concert à la Route du Rock reste un excellent souvenir. Ça fait longtemps que je ne m’étais pas autant amusé. A vrai dire je pense même qu’il s’agit d’un de mes meilleurs souvenirs depuis notre concert dans un restaurant à Chicago, il y a longtemps » , confiait le bassiste Dave Konopka à New Noise au moment de la sortie du quatrième album du groupe La Di Da Di (toujours chez Warp, en 2015). Il faut dire que la présence scénique du trio, passant pourtant pas mal de temps penché à trifouiller des boutons, était juste fascinante, notamment l’ambidextrie virtuose d’Ian Williams aux claviers/guitare ou l’impériosité d’un John Stanier aux fûts, bien calé sous sa cymbale perchée en haute altitude. Leur math-rock atmosphérique et aventureux, rehaussé à grandes louches de synthés avaient su convaincre un Fort trempé mais extatique et sautillant.

Battles - crédit photo Grant Cornett - photo presse

Crédit photo : ©Grant Cornett

Si leur quatrième album en date (on imagine qu’avant Mirrored -2007, Warp-, EP C/B EP, autrement dit la compilation des deux premiers EP et du single Tras -2006- compte comme un album) a peut-être rencontré moins d’unanimité que les précédents, mais se révèle pourtant écoute après écoute. Pas de tubes ici (l’absence d’invités vocaux faisant de cet album un opus uniquement instrumental y joue peut-être sa part), mais toujours cette science de la construction poussée à son paroxysme, cette richesse des textures et des rythmiques (les parties de batterie de Tricentennial ne sont pas le fait d’un manchot !) travaillées dans les moindres détails. On a donc bien hâte de retrouver les trois garçons sur scène, curieux de voir quelles dimensions ces nouveaux titres prennent en live.

Battles – Sur la scène du Fort à partir de 02h45.

Magnetic Friends

Eux aussi au Fort, les djs des Magnetic Friends auront également une nouvelle fois en charge de réchauffer l’ambiance entre les concerts. Et comme à leur habitude, ils devraient sortir de leurs besaces une tripotée de titres pour danser dans la boue, faire des blindtests avec les copains, voire chanter à tue-tête bras dessus-dessous avec son voisin (parfois inconnu quelques minutes auparavant). Entre madeleines indie-hip-pop-electro-rock et bombinettes-turbines à danser, les facétieux djs pourraient d’ailleurs glisser quelques surprenantes pépites. Oui, ça s’est déjà vu. Comment ? Vous avez dit « chenille » ?

 

Magnetic Friends chapo 640 290


La Route du Rock Collection Eté 2016 a lieu du jeudi 11 août au dimanche 14 août.

Plus d’1fos : http://www.laroutedurock.com/

Laisser un commentaire

* Champs obligatoires