Route du Rock 2018 – Les contrastes de la Vague

Depuis déjà 2015, les éditions été de la Route du Rock s’ouvrent par une soirée à la Nouvelle Vague en amont des ébats du Fort. La session 2018 reste fidèle à cette tradition et vous invite donc jeudi 16 août dans la salle malouine pour une triplette de concerts plutôt variés. Entre la folk mélancolique du crooner maori Marion Williams, la pop écorchée d’Ezra Furman et la coldwave synthétique du duo The KVB, il devrait y avoir de quoi ravir les oreilles sans frontière.

Après l’impériale Colonie de Vacances l’an dernier et le redoutable doublé The Notwist/Sun Kill Moon d’il y a deux ans, il faut bien avouer que la soirée liminaire de 2018 semble de prime abord manquer sérieusement de piment. Pourtant, en la regardant de plus près, elle ne manque pas totalement d’atouts. Petite tentative de vous aguicher les tympans.

Marlon Williams

Nous avons découvert Marlon Williams à l’occasion de la sortie de son premier album sans nom en 2015. Nous étions instantanément tombés sous le charme de l’incroyable voix de velours de ce néo-zélandais exilé à Melbourne mais aussi de sa façon assez brute et épurée de se réapproprier la country music.

Fin 2016, notre beau crooner se sépare de son amie de longue date, la chanteuse Haldous Harding. Aussi douloureuse que semble avoir été cette rupture, elle a pourtant ouvert en grand les vannes de l’inspiration puisque notre chanteur va composer dans la foulée une quinzaine de morceaux. Il parcourt ensuite pas moins de 7000 kilomètres, pour aller les enregistrer en Californie aux Panoramic Studios avec Noah Georgeson (le maître d’œuvre derrière les perles baroques de Joanna Newsom, Adam Green ou Devendra Banhart). Pourtant, ce qui a décidé notre néo-zélandais ce sont les deux disques de Cate Lebon [Mug Museum, Crab Day), enregistrés au même endroit et dont il est un grand adorateur. En douze jours d’enregistrement avec son groupe The Yarra Benders, il va condenser ses compositions pour obtenir Make Way For Love, un splendide disque de pop délicatement arrangée, en équilibre permanent entre intimité et grandiloquence.
Ce n’est sûrement ni la première, ni la dernière fois qu’une séparation nous vaut un grand disque de pop mélancolique. On repense bien sûr à Emma Forever de Bon Iver ou au Sea Change de BeckMarlon Williams n’a pourtant pas à rougir face à ses illustres prédécesseurs et trouve son propre chemin pour parler directement au cœur des amours présents ou passés. Vu la réputation scénique du monsieur, on gage que les risques de grands frissons seront à leur maximum pour cette ouverture de soirée.

Marlon Williams – Jeudi 16 août – La Nouvelle vague, rue des Acadiens, Saint Malo – 20h30

Ezra Furman

Changement radical pour la suite avec Ezra Furman. Le Chicagoan n’est pas un lapin de six semaines puisqu’il tourne, seul ou avec The Harpoons, depuis déjà le début des années 2000 et a déjà sorti cinq albums.

Sur Transangelic Exodus, son dernier disque sorti en février 2018 chez Bella Union, il nous raconte une histoire fortement inspirée de ses propres expériences dans laquelle un garçon en jupe et son compagnon avec des ailes dans le dos fuient le gouvernement qui les poursuit à Los Angeles. Revendiquant haut et fort son identité multiple (juif, gay et queer), le jeune homme brasse avec une belle verve punk la paranoïa et les contradictions d’une société américaine en pleine schizophrénie dans son attitude vis-a-vis des minorités. Si on apprécie l’énergie rageuse, l’imprévisibilité et les envolées abrasives du disque, on trouve quand même qu’il manque un peu d’homogénéité et qu’il n’évite pas certaines facilités. Pourtant, les vidéos des prestations live du bonhomme sont assez épatantes et les compos semblent prendre une tout autre allure sur scène. Comme Ezra Furman a la réputation d’y avoir un tempérament assez explosif, on parie que ça vaudra la peine d’aller vérifier tout cela de visu.

Ezra Furman – Jeudi 16 août – La Nouvelle vague, rue des Acadiens, Saint Malo – 21h45

The KVB

Cette mise en bouche se conclura de nouveau sur un contraste avec The KVB. Le duo composé de Nicholas Wood AKA Klaus Von Barrel (Die Jungen) et de Kat Day fait en effet partie des rares qui, parmi les groupes actuels, se réapproprient un rock froid et ténébreux avec suffisamment de talent pour sortir du lot. A l’instar du californien Luis Vasquèz avec The Soft Moon, ces deux londoniens n’hésitent pas à faire jouer la dramaturgie et la tension à leur maximum dans d’infernales ritournelles, minimalistes, mais saisissantes comme un bain glacé. Reprendre le noir flambeau de groupes comme Suicide ou Bauhaus, sans tomber dans le pastiche ou le ridicule n’est pas chose aisée mais ils ont déjà à leur actif un bon paquet de disques (dont un enregistré avec Anton Newcombe de Brian Jonestown Massacre et d’autres sortis chez Invada, le label de Geoff Barrow de Portishead et Beak>) et ils ont montré à maintes reprises qu’ils en étaient amplement capables. Au fil de leur discographie, ils ont teinté leur musique de touches plus electro ou expérimentales tout en arrivant à garder leur forte personnalité. Le concert sera en plus l’occasion de découvrir sur scène Above Us, leur nouvel opus à sortir prochainement (toujours chez Invada) et qui semble confirmer l’orientation du duo vers une electro-pop toujours sombre mais plus dansante.

The KVB – Jeudi 16 août – La Nouvelle vague, rue des Acadiens, Saint Malo – 23h15

Tarifs : 15€ en prévente et 18 € sur place


La Route du Rock aura lieu du 16 au 19 août 2018.

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