Retour sur les Embellies : The Last Morning Soundtrack, Casacadeur et An Pierlé & White Velvet

Jeudi 17 mars, vous aviez le choix entre faire honneur à la Saint Patrick ou bien célébrer l’arrivée du printemps. Pour la deuxième option, le festival des Embellies se proposait de passer une soirée en la compagnie de The Last Morning Soundtrack, Cascadeur et An Pierlé & White Velvet. Avec une affiche comme celle-ci, on s’attendait à une soirée calme et reposante à se consoler sur des mélodies délicates…Erreur. Le public, plutôt hétérogène, n’a pas été déçu de la soirée avec un combo gagnant pour l’Antipode, qui a su faire grimper doucement la température.

The Last Morning Soundtrack a ouvert le bal avec une folk mélodieuse à souhait. Si l’ensemble du concert manquait parfois de relief, les arrangements à sept musiciens ont parfaitement servi les compositions lyriques. Le jeune compositeur avait avoué que The Last Morning Soundtrack pouvait être la bande originale de sa vie. C’est peut être la sincérité de sa musique qui créé une ambiance intimiste avec les spectateurs, receptifs à la sensibilité des textes et des mélodies. Le public s’est laissé transporté dans un univers cotonneux, bercé par une pléïade d’instruments. On pouvait craindre que le nombre important de musiciens sur scène ne surcharge trop la musique, mais ceux-ci nous ont au contraire offert une prestation épurée et harmonieuse. Si il est difficile aujourd’hui de jouer de la musique Folk, il semble que le groupe soit parvenu à un équilibre entre une mélancolie et une tristesse assumées, et une certaine luminosité qui apporte de la légèreté dans les morceaux. Les projecteurs braquées sur lui, le chanteur Sylvain Texier a su rester humble, voir embarrassé d’être ainsi mis en avant, une timidité qui rend le personnage d’autant plus attachant. Beaucoup plus dynamique que les précédents, le dernier morceau a donné un petit coup de fouet à une foule encore rêveuse. The Last Morning Soundtrack a finalement décidé d’arracher le public à sa mélancolie avec l’aide d’un deuxième violoncelliste invité par le compositeur, dévoilant ainsi une autre facette de sa musique, plus audacieuse.

Vient ensuite le tour de l’ovni Cascadeur, qui pose le décor dès son entrée sur scène. Plongé dans l’obscurité, la silhouette mythique du cascadeur se profilant au loin, le public emerveillé par la superbe mise en scène a joué le jeu et s’est téléporté avec lui sur la lune. On aura beau essayé de qualifier son oeuvre et de la faire entrer dans des cases, elle reste toujours inclassable : cet artiste semble venir d’une autre planète, aussi parce qu’il est inhumain de porter la combinaison avec autant de classe. A défaut de pouvoir mettre des mots sur sa musique venue d’ailleurs, on peut au moins être sûrs qu’elle est expérimentale, et surtout imprégnée de sensibilité et d’émotion. La présence de l’artiste a largement suffi à remplir une scène seulement occupée par un clavier et quelques jouets. Le cascadeur taquine souvent le public et aime éveiller l’enfant qui sommeille en lui, en détournant les joujoux de notre tendre jeunesse. Ses compositions ne sont pourtant pas aussi légères que la mélodie d’une boîte à musique, mais au contraire prenantes et profondes. La subtilité de la musique repose surtout sur la manière dont le virtuose joue avec sa voix presque androgyne, en la maintenant comme en équilibre sur un fil. Le concert sera passé très rapidement, comme si le temps avait été suspendu le temps de sa prestation. Le cascadeur aura gardé le secret sur son identité mystérieuse et pourtant, on arriverait presque à croire en l’existence réelle de son personnage, comme si porter un casque de pilote ou un masque de lutteur était parfaitement normal.

Pour clore cette soirée printanière, les Embellies ont fait appel à une artiste belge et à ses acolytes, An Pierlé & White Velvet. Ceux-là ont des dégaines de rockstars (des vraies) et on peut dire qu’ils auront créé la surprise, surtout pour ceux qui ne les connaissent qu’en version studio. La complicité qui lie les membres du groupe et le plaisir qu’ils éprouvent à jouer ensemble se sont ressentis dans toute la salle. Très expressive et communicative, la chanteuse n’a pas tardé à charmer son public aussi bien avec des mélodies accrocheuses qu’avec un sens aigu de la théâtralité et une voix envoûtante. Assise sur un ballon gonflant derrière son piano, on ne sait pas très bien si l’artiste est plutôt femme fatale ou femme-enfant, peut-être un peu des deux. La joyeuse équipe s’amuse et le public avec, An Pierlé est une sorte de diamant brut, un concentré de talent et d’énergie qui cache sous des airs fantaisistes une certaine gravité. Les chansons sont glamour, mais aussi très dramatiques. La chanteuse et ses musiciens ont livré une interprétation passionnée, comme habités par leur musique, alors que le public s’est lui-même laissé surprendre entrain d’onduler sur les rythmes du piano ou de la guitare. L’ambiance chaleureuse du dernier concert a réellement donné la touche finale à cette soirée riche en émotions, qu’An Pierlé a conclu sur les notes de Paris s’éveille à l’accordéon.

Quitte à sauver l’industrie du disque, autant faire le bon choix : les trois artistes sont venus présenter leur album, A distance, a lack pour The Last Morning Soundtrack, The Human Octopus pour Cascadeur, et enfin Hinterland pour An Pierlé & White Velvet.

Les concerts en images : Photos Bomber

Laisser un commentaire

* Champs obligatoires