Retour sur le Tremplin des Jeunes Charrues 2013 @ L’Antipode

Superets

Samedi 27 avril à L’Antipode, cinq groupes participaient au Tremplin des Jeunes Charrues Pays de Rennes. Un nouveau succès dans une salle pleine, et un vainqueur : le quatuor Superets. Retour sur une soirée réussie.

Nous suivons l’ensemble du dispositif des Jeunes Charrues depuis deux ans, de la sélection rennaise jusqu’à la victoire finale à Carhaix (Jesus Christ Fashion Barbe en 2011, Mermonte en 2012). Une sélection de plus en plus pointue de groupes émergeant de la scène locale, une organisation bien rodée, et un coup de projecteur salutaire sur ces nouveaux talents : 3 bonnes raisons de suivre à nouveau ce Tremplin, avec en apéritif, la sélection Pays de Rennes. Une programmation de 5 groupes avec, une fois de plus, une grande variété des genres musicaux proposés.

Julia Chesnin

La soirée commence avec Julia Chesnin, qu’on avait découvert avec le quatuor Soulful Singers l’année dernière lors d’un Hors les Murs aux Champs Libres. Elle a aussi fondé un duo piano-voix avec le pianiste Emmanuel Guillard. On le retrouve d’ailleurs au côté de Julia, accompagnés d’un bassiste et d’un batteur. On retrouve la voix puissante et chaude de Julia, qui se promène du jazz à la soul en passant par le blues et la pop. Les compositions sonnent très jazzy en première partie de set, sous l’impulsion d’une imparable rythmique. Puis le concert prend un virage plus inattendu, avec un titre plus reggae, marqué par un dub synthétique joué par Emmanuel. Ce dernier joue avec l’ensemble des textures sonores de ses claviers, du synthé à l’orgue en passant par le piano. Les compos sont intéressantes et riches, agrémentées de quelques intros sonores originales (cris d’enfants, mélanges de conversations…). Et Julia est aussi très à l’aise sur scène et dialogue avec le public avec une remarquable aisance. Un trio de musiciens talentueux, une chanteuse avec un splendide grain de voix : un nouveau projet musical véritablement séduisant.

Piranha

On a pu découvrir Piranha lors des Bars en Trans ou encore la Start’in Block en février dernier, à l’occasion de la sortie de leur premier EP sur le micro label brestois Les Disques Anonymes. Ce quatuor est un projet qui a vu le jour il y a un an et demi seulement mais qui est en permanente évolution. Duo à l’origine, le line-up a évolué : c’est un quatuor que l’on retrouve sur la scène de l’Antipode, avec en tête un guitariste qui est en transe dès le début du set. Petits riffs de guitare épurés, batterie discoïde et nappes de claviers : de l’électro-pop à bases de synthés analogiques aux fortes influences eighties. La première partie du set est exigeante et très atmosphérique. Quelques moments plus dansants, mais on est un peu dérouté par le manque de cohérence entre les titres. Et puis, c’est une question de goût, mais les nappes de claviers noient parfois le trio guitare-basse-batterie. La deuxième partie du concert est beaucoup plus directe et réussie, avec un dernier morceau marqué par une touche post-rock, qui symbolise à lui seul le potentiel de ce groupe. Inégal mais prometteur.

Superets

Les Superets commencent à se faire une place de choix sur la scène rennaise : finalistes du tremplin Label Mozaic, ils ont assuré le dj set à l’Antipode lors de la carte blanche à La Femme il y a quelques jours. Pas une surprise, puisque le quatuor est profondément influencé par la surf-music et les sixties. On avait eu un récent aperçu lors de l’Echo du Oan’s il y a quelques mois, et on retrouve dans la première partie du set leur twist. Un twist modernisé par les claviers, des textes qui rappellent la fraicheur des yéyés, et surtout une bonne dose d’humour, dans les textes et sur scène (chorégraphie décalée et synchronisée du claviériste et du bassiste). Mais pour la première fois, leur surf-music boostée à l’électro laisse place à un set beaucoup plus rock au fur et à mesure du concert. Un potentiel scénique qui nous avait échappé au Oan’s, et qui nous prouve une surprenante capacité d’adaptation : Romain délaisse ses claviers pour une basse, François martèle sa batterie avec plus d’intensité et Léo balance des riffs plus incisifs. Le public ne s’y trompe pas, les têtes et les pieds bougent de plus en plus et l’ovation finale est amplement méritée. Un set particulièrement bien pensé, et une prestation réussie qui les fait passer immédiatement au rang de favoris de ce Tremplin à l’Antipode. Une très belle surprise.

Olympia Fields

Olympia Fields est composé de cinq jeunes rennais venus d’horizons musicaux divers, mais qui se sont retrouvés autour de ce tout nouveau projet en janvier 2012. Et on peut dire que les membres vont vite, très vite : après un premier EP Stolen Kiss enregistré quelques mois après leur formation, un deuxième EP est prévu en mai. Quand on les voit débarquer tous les cinq, on a une petite appréhension quant à leur jeune âge. Ils mettent deux titres avant de se mettre vraiment dedans, mais ça déroule sec derrière ! Deux guitares, une basse, une batterie, et un chanteur remuant, le tout au service d’une pop indé tonique et vivifiante qui a la particularité d’être terriblement dansante. Alors certes, ça ressemble à leurs illustres ainés de Foals. Les petits riffs de guitares sont marqués de l’empreinte Antidotes, c’est une évidence. On craint le pire lorsque le chanteur se saisit de baguettes pour marteler un tom à la manière de Philippakis. Mais si la ressemblance est parfois troublante, on se détache progressivement de cette influence pour se laisser gagner par l’enthousiasme des cinq jeunes gens : ils se sentent de plus en plus à l’aise, et se lancent dans une inversion guitare-basse qui prouve une certaine maîtrise instrumentale. Un groupe en devenir, mais qui fait déjà preuve d’une incontestable aisance scénique. A suivre.

The Way of Life

The Way of Life est un groupe qui réunit la bagatelle de neuf musiciens sur scène. Influencés par la Blaxploitation, le groupe a commencé par être une section rythmique avant d’y ajouter progressivement cuivres, voix et claviers. Un groupe résolument funk, influencé par la période seventies du mouvement, comme le prouvent les premiers instants du concert : les huit musiciens lancent une intro diablement funky, avant l’entrée de la chanteuse. Elle est très à l’aise sur scène, joue beaucoup avec les musiciens, notamment la section de cuivres. Elle est encore un peu « jeune » et le grain de voix manque forcément de maturité. Un manque de nuances vocales, compensé avec une bonne dose d’énergie et en jouant avec le public. Le groupe joue pleinement son rôle ryhtmique, avec une mention particulière pour un bassiste de feu, qui décline toutes les possibilités de jeu sur sa basse groovy à souhait. On a apprécié la petite incursion afro-beat instrumentale mais aussi le final qui accélère, sur lequel la fougue de la chanteuse est raccord avec l’énergie du titre. Un groupe qui a un potentiel scénique certain, si l’on s’en tient à la réaction enthousiaste du public.

Superets

Après une courte délibération, le jury du Tremplin des Jeunes Charrues Pays de Rennes annonce le résultat : et le vainqueur est … Superets !
 Le groupe gagne, entre autres, son ticket pour la finale du Tremplin des Jeunes Charrues, qui aura lieu à Carhaix du 19 au 21 juillet lors du festival des Vieilles Charrues. Les 10 groupes vainqueurs des différents Tremplins locaux se produiront sur une scène spécialement dédiée aux Jeunes Charrues. Et après avoir écouté quelques titres des autres groupes sélectionnés (Jodie Banks, Goldwave, …), on se dit que le niveau est à nouveau très élevé ! Alter1fo sera à nouveau présent à Carhaix cet été pour suivre l’ensemble du Tremplin des Jeunes Charrues, afin de connaître le successeur des excellents Mermonte, qui se produiront cette année sur la Grande Scène en ouverture de la journée du dimanche 21 juillet.

Photos : Solène

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