Retour sur le concert de Lewis Floyd Henry, Mama Rosin et The Urban Voodoo Machine @L’Ubu

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A 20h30 à l’UBU ce mardi 21 février 2012, Lewis Floyd Henry, Mama Rosin et The Urban Voodoo Machine nous ont fait voyager au fin fond des bayous des anciens états sudistes, en y ajoutant quelques touches personnelles et actuelles.
Flanqué de sa mini-batterie « home made », de sa fender Stratocaster et d’une poussette, Lewis Floyd Henry balance en quelques secondes à la face du public un son énergique et volontairement crasseux. Le ton est donné ! Ce set sera fort, saturé et brut de décoffrage. À peines jouées (et entendues), les mélodies se déstructurent, Lewis Floyd Henry aimant nous prendre à contretemps, variant les rythmes et les tempos, haussant le ton, faisant crisser sa guitare sous ses dents !

Son allure, accentuée par l’entretien de sa ressemblance avec un certain guitariste virtuose des années soixante, vient renforcer le charisme qu’il diffuse allègrement sur la majorité de la fosse. J’entends dire près de moi qu’il a bien fait de « lâcher les bombes »… En effet, avant de s’y illustrer en tant que musicien, Lewis Floyd Henry a sévi dans les rues londoniennes, en tant que graffeur.

Le public semble digérer agréablement cette vague bluesy psychédélico-hardcore ! La voix du Londonien jouant de tonalité tantôt grave tantôt aigue y contribue certainement, même si elle reste un peu trop masquée par le son des instruments. Le concert se termine sur l’enchaînement de morceaux hip hop teintés de blues, aussi revêches que sonores. Lewis Floyd Henry nous a fait comprendre qu’il n’avait pas besoin d’une pléiade de musiciens derrière lui pour se faire entendre ! C’est dit.

La soirée se poursuit avec le trio suisse Mama Rosin.

Dès les premières notes, nous voilà projetés au fin fond de la Louisiane. Le trio helvète nous plonge joyeusement et frénétiquement dans les racines du cajun et du zydeco (deux styles musicaux similaires en vogue au début du XXème siècle, développé pour le premier par des blancs avec des accents country et le second par des noirs avec des influences rythme&blues).

Mais sous les accents sudistes qu’arbore leur musique via le petit cousin de l’accordéon, le mélodéon, se sont glissées des sonorités rock, garage et tropicales. De ce mélange nait un set étonnant et… dansant ! Le public plie timidement mais jovialement sous l’énergie musicale du trio. Doit-on valser, doit-on « rockandroller » ? On ne sait pas mais leur musique appelle sans aucun doute à se déhancher.

Leurs textes chantés tantôt en anglais tantôt en français, se veulent approximatifs dans leur élocution, les Mama Rosin s’inspirant sans nul doute des langues créoles et de leurs mots mâchés et raccourcis.

Un petit tour des chanteurs, dotés d’une masse capillaire impressionnante, dans la salle et une invitation de quelques personnes du public à venir battre le rythme sur scène annonce la fin du concert qui se finit dans une joyeuse cacophonie. Un Bon Temps passé en compagnie des Mama Rosin.

La soirée n’est toutefois pas terminée car le plateau de The Urban Voodoo Machine se met en place. Des crânes de tailles diverses et un collier d’ail viennent décorer la batterie.

La troupe se déploie enfin sur scène… Se déployer est un grand mot car étant neuf à se partager la scène (une saxophoniste aux cheveux roses et crêpés à faire pâlir de jalousie le guitariste des Mama Rosin, un prêtre contrebassiste, un trompettiste, une Dita Von Tubiste, une batterie désarticulée pour deux batteurs, dont un couleur moisi, un pianiste/accordéoniste amateur de vin blanc en verre de 75 cl, un guitariste/bassiste et un guitariste chanteur) l’espace devient tout de suite plus étriqué… Ils n’ont que faire de ce détail, lignes de khôl sur les yeux, vêtus de rouge et de noir (en relation avec le nom de leur second opus : In Black’n Red paru en 2011) et largement inspirés par le burlesque.

La messe débute, façon chevauchée morriconnienne, pour s’apaiser avec quelques morceaux blues plutôt calmes mais lascifs. La cavalcade enchaîne des titres mariant rock’n roll et musique balkanique, punk et blues, parmi lesquelles s’illustrent les enivrantes love#666 et Rather Shot Me Down. Et que dire de la voix rauque du chanteur mis à part qu’elle vient sublimer le tout. Un tour de force des plus réjouissants pour les oreilles !

La tension s’installe lentement mais sûrement. On n’attend plus qu’une chose, qu’elle se libère ! Un happy birthday/joyeux anniversaire plus tard (le second guitariste, subtil sosie de Bono et de Dick Rivers souffle ses bougies sur une tartine de chocolat) le tensiomètre explose enfin !!!

On se croirait dans un saloon et/ou un joyeux bordel et le public suit, ravi ! Le rappel se veut encore plus fort : les Mama Rosin en guest, les percussions effectuées à cul de bouteille de rhum ou de whisky entre deux gorgées goulûment biberonnées, les uns sur les autres reprenant tous en choeur des classiques du blues ! Un final rock’n roll savamment orchestré !

Rédaction : Lulla

1 commentaire sur “Retour sur le concert de Lewis Floyd Henry, Mama Rosin et The Urban Voodoo Machine @L’Ubu

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    Bel article !

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