retour sur la soirée Post Catastrophe Collaboration, autour de Lydia Lunch

Retour sur la soirée Post-Catastrophe Collaboration, restitution du workshop mené par Lydia Lunch aux Ateliers du Vent, du 2 au 5 octobre derniers. (nous vous en avions parlé ici : clic !)

La spécificité d’emblée affirmée – le workshop n’était ouvert qu’aux femmes – n’avait certainement pas, pensons-nous, vocation à extirper une éventuelle essence de genres. Cependant certains thèmes sont de fait au premier plan : revendication sexualisée, la réalité d’une violence directe, physique, sexuelle ou d’un sentiment d’oppression banale, la volonté politique de faire table rase d’un monde qui est déjà en post-catastophe humaine, écologique, économique… Et peut-être fallait-il, pour permettre la sublimation, pouvoir trouver, en toute sécurité, témoin lucide, présence bienveillante, et donc : faire communauté.

Au long de la soirée se sont succédées des représentations de tous ordres, performances, happening, musiques, installations, spoken words, vidéos… et un fil conducteur : défaire l’instrumentalisation du corps pour faire arme, armer sa propre machine désirante pour produire du réel.

Autant de démonstrations afin de sortir de l’autofiction qui ne serait que plainte, d’autant plus impuissante qu’elle réaffirme, sans trop le bousculer, un état de domination. À la transgression initiale qui consiste à dévoiler une blessure, une histoire, un possible et l’utilise dans les rouages d’esthétiques intégrées au système, il faut faire succéder une seconde articulation : incarner l’action libre, pure vitesse de libération.

À titre d’exemple, l’extraordinaire body installation tutorée par Kathleen Reynolds : des corps en masse, peints au bleu Klein, qui vont faire feu, se mettre à flamboyer sauvagement, de par leur unité, de par leur liberté individuelle, des corps qui font corps, jusqu’à bombarder le mur blanc d’un énorme et fécal FUCK U.
Fucku_filigrane

 

awateff_FettarL’atmosphère générale de la soirée est d’une grande sérénité sous-tendue par l’excitation de la réprésentation. Nous est donnée à vivre, l’acceptation inconditionnelle des désirs d’expression mêlée à une véritable exigence artistique. Nous aimerions citer toutes les intervenantes, en reconnaissance de la multitude de moments en suspension cette nuit-là. Alors, un peu au hasard, nommons The Body Band (Soizic le Brat au violoncelle, Céline Le Corre aux mots !, Laetitia Sheriff à la guitare et Mistress Bomb H à l’ordinateur), les Kalachnikov Twins (Olga Tsvetkova & Miglé Rimaityte gumbrienne), Bibbe Hansen se mommifiant au scotch de peinture après une élégie, et la performance « Terroriste(es) » de Awatef Fettar accompagnée de Lydia Lunch.
lydia lunch

Et Lydia Lunch, toujours aussi fulgurante dans ses spoken words, termine ainsi : Are you ready to join my church, the church of the sexually insane, in rebellion against false virtue ? … My war is the one with the battles of sex, as an animal act, fucked up by your emotions. Question is : you wanna fight or you wanna fuck ? either way you’ll get hurt baby. [êtes-vous prêts à rejoindre mon église ? l’église des dérangés sexuels en rebellion contre la fausse vertue… ma guerre est celle des batailles du sexe en tant qu’acte animal, foutu en l’air par tes émotions. La question est : tu veux te battre ou tu veux baiser ? De toutes façons ça fera mal.]

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