[Report] Les 24h du Bois Harel : La marge triomphante

La rentrée musicale rennaise est d’ores et déjà bien lancée. Dans la foule d’événements proposés en ce second week-end de septembre 2018, nous avons particulièrement été appâtés par la folle proposition unissant les forces de Kergalove, L’Alambik, Capital Taboulé et le BH.  Ces grands malades nous invitaient à vivre rien de moins que 24 heures ininterrompues de musiques. Du vendredi 14 septembre à 18h au samedi 15 à la même heure (à peu près) se sont donc succédées 34 formations dans un chouette tourbillon, bordélique à souhait et foutrement libre. Petit retour sur ce qu’on a pu voir de cette joyeuse tornade.

Depuis déjà un bon bout de temps les vaillants et un peu dingues L’Alambik, Kergalove et Capital Taboulé s’échinent à pimenter sévèrement la programmation des scènes rennaises à grand renfort de concerts joyeusement différents. Rock dada, chanson déviante, folk extraterrestre, électro chelou, noise décapante… ils ont le secret pour donner régulièrement de réjouissants coups de latte dans la fourmilière qui ne sont pas pour nous déplaire. Quand nous avons donc appris que les lascars unissaient leurs forces en cette rentrée 2018 pour nous offrir 24 heures continues de musique dans un lieu un peu mystérieux, nous avons donc bondi sur l’occasion de nous offrir une rentrée pied au plancher.

Premier plaisir de ces 24h : trouver le lieu. Après un petit jeu de piste largement simplifié par nos ballades cyclistes dominicale en famille, nous déboulons dans un bel espace au milieu des fourrées, gentiment planqué derrière la rocade sud de Rennes. Ces anciens locaux agricoles ont largement été réaménagés pour l’occasion et on y trouve deux bars, un bibliobus, des espaces distro et sérigraphie, un coin bouffe avec des pizzas à prix libre, un dancefloor à ressorts et des toilettes aussi sèches que multicolores. Les concerts vont eux s’enchainer sur pas moins de quatre scènes portant les doux noms de Maître Gims, Karis, Booba et… Benalla (trop classe !). Le sol est un peu inégal, il y a des copeaux de bois qui trainent partout et les montages semblent avoir été terminés cinq secondes avant le départ mais il y a de l’espace et il règne sur le lieu une ambiance conviviale et un esprit de liberté des plus agréables.

Avouons le, nous avons vécu l’événement en mode « correspondant Ouest France » avec une première session le vendredi soir et une seconde pour voir les quatre dernières heures. Avec un tiers de ces 24h à notre actif, nous donc honteusement manqué le cœur de la nuit et le petit matin. On nous a d’ailleurs dit le plus grand bien des prestations de L’Atelier d’éveil musical du centre social Raymond Poulidor et de Krinator (tous les deux à l’aube). On invite d’ailleurs chaleureusement les plus vaillants des participants à nous vanter les mérites en commentaires de tous les moments merveilleux que nous avons sûrement ratés.

Pour notre part, parmi la bonne douzaine de concerts auxquels nous avons assisté nous en retiendrons tout particulièrement trois. Il y a d’abord eu la très prestation du duo noise A_R_C_C. On ne sait pas grand chose du duo (à part qu’il est composé d’Arnaud Rivière et de  C_C) mais on a adoré les ambiances amples et cinématographies déployées par leurs bidouilleries électroniques. Avec une science remarquable du concassage de rythmique et une palette sonore joliment vaste, les deux lascars nous ont offert une très belle prestation pleine de reliefs et de finesse qui ne nous a laissé aucun répit de la première à la dernière seconde.

Dans un style radicalement différent, nous avons aussi totalement conquis par le concert de Badaboum. On a eu le plaisir de reconnaitre au sein de ce trio exclusivement féminin Armellle Bisoubisou (Heimat, The Dreams, Crack Und Ultra Eczema), Krine (d’Headwar) et Solene (Avenir, Dudu geva). Le chant éraillé et aventureusement polyglotte d’Armelle apporte une savoureuse petite touche de folie supplémentaire au punk dada et euphorisant de ces trois dames. Tout ça n’est très calé et ça flotte un peu au fil de la ronde continue des changements d’instruments mais l’énergie et le petit grain de dinguerie rend le tout extrêmement plaisant. D’autant plus que l’intensité de la musique ne fera que s’accentuer pour, au final, nous laisser un peu frustré de ne pas pouvoir encore en profiter un peu plus longtemps.

Notre ultime coup de cœur va à la chouette apothéose boisée de ces 24h de folie. Après une première prestation (parait-il de feu !) tôt le matin, l’épatant collectif lillois L’Atelier d’éveil musical du centre social Raymond Poulidor remettait en effet le couvert en fin d’après-midi à l’ombre bienveillantes des arbres pour boucler en beauté la boucle. Si elle n’a apparemment pas offert la folle intensité de leur première prestation, le concert n’a pas manqué de classe. Les sept lascars ont déployé avec une belle inventivité leurs improvisations naviguant joyeusement entre punk orchestral, éthio-noise et jazz joyeusement free. Ce chouette moment malicieux et pétillant malgré la fatigue a offert un épatant final à cette belle dinguerie.

Chapeau bas aux organisateurs pour avoir mené de main de maître leur périlleux pari et nous avoir offert ces 24h furieusement libres et délicieusement « autres ». Ces grands malades ne vont même pas avoir le temps de se remettre puisque la nouvelle édition du Marché Noir pointe très vite le bout de son nez et nous promet de très belles choses. on vous en reparle très vite.

Les 24h du Bois Harel

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