Propositions sur le thème du butoh au Musée de la danse à Rennes

Inspiré des écrits de Tatsumi Hijikata, La danseuse malade était présentée au Théâtre National de Bretagne à Rennes. Dans cette chorégraphie Boris Charmatz rend hommage à Tatsumi Hijikata, fondateur du butoh, danse japonaise funèbre.

Pour le Musée de la danse, en parallèle de La danseuse malade, il s’agissait de proposer un projet autour du butoh durant la semaine du 19 au 24 octobre. Ainsi, samedi 24 octobre, trois artistes ont été invités à apporter leur propre lecture de cette danse ; tout d’abord, le chorégraphe et interprète Xavier Le Roy est intervenu pour présenter sa propre interprétation du butoh. Latifa Laâbissi a proposé une performance l’écran somnambule interprétée de La danse des Sorcières de Mary Waigman. Et pour clôturer cette soirée sur le thème du butoh, Yves-Nöel Genod a proposé La dernière et l’avant dernière page d’un poème lent avec Jeanne Balibar, qui intervient dans La danseuse malade, Kate Moran et Marlène Saldana.

C’est donc Xavier Le Roy qui ouvre la soirée et qui « fait son rebutoh ». La lumière se fait sur un homme dont le corps semble meurtrit… les mains, les doigts, les bras se raidissent, le corps se recroquevillent, s’étirent… les traits du visage sont tendus… puis des sons étranges sortent de ce corps qui semblent au bord de l’agonie. Ce sont comme des souffles, des ronflements ; comme si le corps mourrait, comme un dernier souffle.

C’est donc cela le butoh, c’est une forme de danse contemporaine japonaise, une danse très lente souvent appelée ‘danse des ténèbres’, dans laquelle les danseurs sont très souvent peints en blanc et nus. C’est une « danse des ténèbres née après la seconde guerre mondiale qui renvoie à la déchirure et à l’angoisse, mais aussi à l’érotisme et à l’extase ».

Xavier Le Roy nous raconte cette rencontre avec le butoh, cet art qu’il a dû apprivoiser, travailler, comprendre, découvrir en vue de cette soirée.
Son premier souvenir du butoh remonte à 1985, avec le spectacle de Sankai Juko. C’est ainsi, que X. Le Roy réinterprète sous nos yeux ce spectacle. Puis par ordre chronologique, il évoque ses expériences du butoh, sa rencontre avec Kazuo Ohno autre grande figure du butoh avec qui s’associa Tatsumi Hijikata.

Ce que Xavier Le Roy apprécie c’est que le butoh vienne en rupture de la tradition, que chacun doit trouver son butoh. Et il souligne cette phrase de John Cage : ‘Je n’ai rien à vous apprendre, et c’est ce que je vais vous apprendre aujourd’hui’.

Il finira par une performance de butoh, ponctuée par séquence de sons, de souffle, de vent, et par le silence…

IMG_2442En deuxième partie, c’est une intervention de Latifa Laâbissi, danseuse et chorégraphe rennaise. Elle a régulièrement travaillé avec Loic Touzé, qui sera présent cette année à Mettre en scène pour un impromptu.

C’est donc une performance qu’elle nous propose, seule sur scène.

C’est La danse des Sorcières de Mary Waigman « dans un enchâssement de motifs où se défigure un rituel somnambulesque et se noue l’espace ».  Son corps apparaîtra à demi-nu sous un tissu vert. Son visage est peint en blanc. C’est comme un rituel… Le visage est tendu, le corps est au sol et se meut au rythme des sons émis. A chaque son puissant et strident, le corps semble se déchirer, comme si il était sous l’emprise d’un esprit, d’une force, d’une puissance invisible.

Latifa Laâbissi a aussi régulièrement collaboré avec Yves-Noël Genod, qui est donc intervenu lui aussi pour cette soirée sur ce thème du butoh avec sa proposition intitulée « la dernière et l’avant-dernière page d’un poème lent ». C’est tout en extravagance en folie, entre le théâtre et la danse.

Trois femmes qui seront présentes à tour de rôle sur scène…

IMG_2669Nous sommes accueillis par une femme à demi-nue, Marlène Saldana, en bas noire, soutien-gorge noir, gants noirs, perruques multicolores et paillettes sur le visage. Le public attend, mais le silence se fait, la femme présente devant nous, bouge à peine, avec lenteur elle se déplace, allume une cigarette. Et puis, une musique ‘Ne me quitte pas’ de Brel réinterprétée pour l’occasion. Là, un autre personnage féminin fait son apparition, celui de Kate Moran. Perruque rose, un peignoir ouvert laisse voir son corps quasi-nu. Elle fait donc irruption sur scène, parle en anglais et fort. Puis elle défait son peignoir… Puis une des danseuse entre habillée avec un polo de foot rouge, des ailes en plume rouge et des oreilles de lapin, elle rigole elle crie, elle saute, elle pleure, tout cela de façon exagéré, est-ce une caricature des japonaises ?

Une autre danseuse, Jeanne Balibar, entre en scène, tout de noir vêtu et avec un filet d’orange. Puis elle s’enfile un médicament, et attend… nous aussi…

C’est donc un bal de femme a demi-nu, à demi-excentrique un véritable meli-melo de folie. Et même des dindons seront eux-aussi présents sur scène dans cette folie. Ce sont des scènes qui se succèdent, se coupent, s’entre-coupent, comme Yves-Noël Genod aime à le faire dans ses propositions. Son style est généralement difficile à classer ; théâtre, danse contemporaine ou forme nouvelle ?

Pour des personnes non averties la compréhension de ce spectacle et du lien a établir avec le butoh est quelque peu difficile…

Présentation d’une vidéo de Kazuo Ohno pour mieux cerner ce qu’est le butoh



Site internet du Musée de la danse à Rennes

1 commentaire sur “Propositions sur le thème du butoh au Musée de la danse à Rennes

  1. Yves-Noël Genod

    Merci pour ce compte -rendu ! J’aurais aimé vous expliquer ce que vous n’avez pas compris – et ç’aurait été facile, c’est très facile d’expliquer ce qu’il y a à comprendre : chez moi : le moins possible. En général le public pour une bonne part le comprend, mais cette proposition, la mienne, semble samedi avoir pâti d’être présentée après deux heures trente de (peut-être, je n’ai pas vu) « conceptuel », ce qui, dans mon cas, est l’archi-fausse piste, bien entendu… On a peut-être cru que c’était encore plus compliqué à comprendre, non ! Ça l’était moins, il n’y avait qu’à ressentir… (Le sens n’est pas absent, très loin de là, mais passe par la sensation.) Mais je vois que vous avez une très bonne photo du spectacle, peut-être en avez-vous d’autres… Voudriez-vous me les passer (en taille un peu plus grande) pour que je puisse les mettre sur mon blog ? Ce serait très agréable. Merci

    Yves-Noël

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