Première édition des Enlaidies : Laides It Be

L’annonce d’un nouveau festival rennais est, la plupart du temps, une bonne nouvelle. La première édition des Enlaidies, samedi 15 juin, en est une particulièrement prometteuse. La douzaine de groupes invitée à cette occasion, dans un lieu mystérieux, peut en effet être placée sous les signes des musiques sauvagement libres et du féminisme. Cette double obédience, pertinente et rafraichissante, s’annonce des plus explosives. On essaye de vous aider à vous y retrouver dans ce chouette foisonnement.

Rennes est par moment une ville formidable. Nous avions déjà dans le paysage musical local le festival Les Embellies qui figure en bonne place parmi nos moments favoris de l’année.  Nous avons désormais son double (pas très) maléfique : Les Enlaidies, qui nous semble également bien parti pour rejoindre le même panthéon personnel. Le côté lumineux et le côté sombre de la force dans la même ville, nous sommes décidément gâtés.

A l’origine de ce nouveau rendez-vous, il y a Justine, Clémentine, Gwladys et Iona, quatre actrices déjà bien actives sur Rennes dans des projets musicaux divers ou dans l’organisation de concerts. Ensemble, elles ont eu envie d’organiser un événement qui leur ressemble. Elles ont donc rassemblé des groupes essentiellement féminins et qui synthétisent leurs goûts éclectiques et aventureux. Le facétieux nom du festival est évidemment un clin d’œil à celui organisé par Patchrock mais aussi une déclaration d’amour aux musiques âpres, indociles voire franchement malaisantes. Au final, cela donne un joyeux boxon musical d’une douzaine de groupes entre drone, punk de toutes formes, musiques expérimentales, now-wave, électro, pop dada et autres pures violenteries. Leur sélection bigarrée, foutraque et bigrement prometteuse s’inscrit et prolonge de fort belle manière la belle tradition locale des musiques alternatives et hors-normes. On essaye de vous aider à vous y retrouver dans ce joyeux foutoir.

On commence par notre coup de cœur de cette généreuse sélection : Bungalow Depression. Derrière ce sibyllin patronyme on trouve le projet solo de la rouennaise Anne-Laure Labaste (ex Sharkettes) qui délaisse sa guitare pour une formule voix/violon/machines de toute beauté.  Les deux titres écoutables sur son soundcloud sont des merveilles de construction et d’atmosphère et elle jouera de plus accompagnée d’une basse et d’une batterie. Il y a donc toutes les chances que ce soit un des grands moments de la journée.

Autre groupe à ne pas louper à notre humble avis, les locaux de Torropiscine viendront jouer leur post-punk obstiné, abrasif et fiévreux. On retrouve dans la bande une des organisatrices du festival à la basse et au chant, Amy Binouze (de Tendresse & Passion) au synthé et au chant et monsieur Horst Du Noch derrière la batterie. La vidéo de leur premier concert à la ferme de Quincé nous a semblé fort prometteuse et nous sommes ravis d’avoir l’occasion de les retrouver en live.

Le projet Saintes nous a lui aussi bien tapé dans l’oreille. Entre Nantes, Rennes et la Guadeloupe, Anne-Sophie Le Creurer a pas mal voyagé. Elle a sorti en 2017 chez Crash Symbol  Melancholia, un très bel album vaste et rêveur entre french pop synthétique, expérimentations baroques et folk mystique. Une musique à l’esprit large et à la sensibilité communicative qui a tout pour vous envouter sur scène.

Pour ce qui est du versant le plus pop de la soirée, il y aura aussi les chansons détraquées, romantiques et malicieuses de Tondeuse (duo composé d’Estelle Chaigne et de Morgan Daguenet aussi connu sous l’alias Bertùf) et l’intrigant cérémonial poétique et vocale de VoxAxoV.

Histoire de creuser l’aspect contrasté de la programmation nous enchainons avec les fous furieux de BooM. Ces quatre Toulousains pratiquent avec une fougue certaine l’agression sonore pure de moins d’une minute. Crust, power violence, Boozer violence, on ne sait pas trop mais ce qui est sûr c’est qu’ils doivent décrasser sévère en concert. De même pour les énervés d’Irritatör Raskognet  dont le punk synthétique joué à mille à l’heure devrait lui aussi vous coller une mandale aussi savoureuse que mémorable.

La journée déviera aussi par moments vers des terres plus électroniques. Vous pourrez ainsi entendre les beats bien abrasifs et bruitistes de Marion Camille Palou alias Deeat Palace et les sélections avisées de Knappy kaisernappy (dont nos jambes se souviennent avec ravissement de la prestation à Maintenant 2017) qui jouera avec des visuels à la main et au rétroprojecteur d’Anne Marble. La locale Amy Binouze officiera elle aussi derrière les platines mais ce sera plus dans un style post-punk / no-wave.

A ce stade vous devriez avoir une idée plus claire de l’éclectisme forcené et de la belle folie musicale de l’événement. Enfonçons le clou en ajoutant que les amateurs d’expériences sonores atypiques et rennaises pourront également apprécier sur le lieu les aventures électro-acoustiques de la rennaise Xəbərdarlıq et le drone labyrinthique de Manécante.

En plus de toutes ces chouettes musiques, vous pourrez également vous prélasser dans l’espace chill, lire les saines sélections littéraires de la caravane-bibliothèque des Impudentes ou encore écouter les témoignages des artistes lors d’une table ronde consacrée aux discriminations sexistes dans le domaine des carrières artistiques en général et dans les scènes de musiques noise-bruitistes en particulier. Une restauration VG et un bar seront également prévu sur place (Pensez quand même à ramener votre ecocup !).

On salue bien bas les organisatrices pour avoir réussi en quelques mois à bâtir une journée aussi foisonnante et nous espérons de tout cœur que cette première édition sera une grande réussite et que le public sera au rendez-vous. A vous de jouer maintenant.

Samedi 15 juin 2019 –  Le lieu de la soirée sera dévoilé 24h avant l’ouverture des portes
de 14h à très tard dans la nuit – 7 € (sur place pas de préventes)

Pour les plus stressés pour pouvez demander directement des renseignements sur le lieu à : lesenlaidies@gmail.com

Plus d’1fos sur :
le site du festival
l’interview des organisatrices des camarades de l’Imprimerie Nocturne
L’émission Kérozène sur Canal B consacrée au fest

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