Nucléaire : après la sortie de crise, la sortie tout court ?


Sortir du nucléaire 5A l’appel du Réseau Sortir du Nucléaire 35, des associations et des partis politiques mais également des individus sans étiquette, se sont réunis devant la Préfecture de Région, Contour de la Motte, à Rennes, afin de dénoncer les dangers relatifs à l’industrie du nucléaire. L’occasion de rencontrer Nicole Kill-Nielsen, députée européenne Europe Ecologie Les Verts, et de discuter des polémiques qui enflamment la classe politique française.

Depuis le tremblement de terre qui a touché le Japon, le 11 mars dernier, la centrale de Fukushima-Daiichi est la proie d’un accident classé 6 sur l’échelle INES, l’échelle internationale des accidents nucléaires (qui compte 7 niveaux, le dernier ayant été donné à la catastrophe de Tchernobyl en 1987). Ses réacteurs ont en effet été inondés par le tsunami qui à suivi le séisme. Depuis, les systèmes de refroidissement de quatre des six réacteurs sont tombé en panne. Les autorités nucléaires ont parlé « d’apocalypse nucléaire ».

Quel est votre état d’esprit depuis les événements de Fukushima ?Sortir du nucléaire 3

Comme le monde entier, nous avons été choqués par ce qui s’est passé au Japon, sur le plan humain le tremblement de terre et le tsunami ont été de terribles catastrophes. L’histoire de la centrale de Fukushima est une tragédie qui se rajoute à celle du séisme et cela prouve qu’on ne peut totalement maîtriser la nature. Le Japon est pourtant un des pays les plus performants technologiquement, en principe les autorités nippones avaient tout prévu. Mais c’était de l’arrogance : avec le nucléaire on ne peut pas tout prévoir.

On ne s’étonnera pas que le sujet soit devenu brûlant en France. A tel point que les autres formations (l’UMP et le PS) ont qualifié d’indécent l’appel des Verts à un débat (sous forme de référendum) sur la sortie du nucléaire.

Avant, le nucléaire était tabou, maintenant il est indécent. Je le vois au Parlement européen : les autres pays en parlent sans arrêt chez eux et l’Allemagne avait même décidé la sortie du nucléaire. Tous les partis français ont été pour le nucléaire, c’est normal qu’ils aient du mal à penser une sortie maintenant.

Sortir du nucléaire 2Une sortie du nucléaire est-elle réellement envisageable ?

Nous, Europe Ecologie Les Verts, on n’a jamais demandé la sortie du nucléaire en une journée. On sait que ça prendra des années, peut-être vingt-cinq ou trente ans. Mais on veut qu’une décision soit prise au niveau gouvernemental pour qu’on en discute. Et puis, tout l’argent qui est investi dans la recherche pour l’EPR et le nucléaire doit être investi dans la recherche pour les énergies renouvelables.

On dit que le nucléaire assure l’indépendance énergétique de la France et qu’il est générateur d’emplois.

Dans le discours pro-nucléaire, il y a une grande malhonnêteté. L’idée que le nucléaire assure l’indépendance énergétique de la France est absolument fausse. Et puis, regardez l’exemple du Danemark : en 2050, ce pays sera autonome énergétiquement grâce à l’éolienne. Il y a d’autres voies à suivre, l’éolien, le photovoltaïque, etc. On peut remarquer d’ailleurs, que juste avant la catastrophe de Fukushima, les aides aux particuliers pour l’installation de photovoltaïque ont cessé.

Quant à l’idée selon laquelle, la fermeture des centrales nucléaires entraînerait du chômage, ça aussi c’est complètement faux. Au contraire, les alternatives au nucléaire que nous proposons sont, elles, génératrices d’emplois.

Les japonais croient ne pas être informés sur la situation en cours. Pensez-vous que les Français sont Sortir du nucléaire 1mieux informés sur les risques des centrales françaises ?

En ce moment, le grand mot c’est « transparence ». On nous dit que les centrales françaises sont les plus sûres au monde mais comme je le disais, on n’est jamais à l’abri de rien. En décembre 1999, lorsque la tempête Martin a traversé la France, la centrale nucléaire du Blayais, dans l’estuaire de la Gironde, a été partiellement inondée. Pendant toute la nuit des spécialistes ont travaillé pour éviter un accident [L’incident a été classé niveau 2 par L’INES, ndlr]. Personne ne s’en souvient. Donc, on voit bien que ça peut arriver en France.

Et puis, on nous parle beaucoup des centrales nucléaires qui se trouvent en France mais on ne dit rien à propos de celles qu’on a vendues et construites à l’étranger, dans des pays à risque ou dirigés par des dictateurs. Là aussi l’information devrait être transparente. On est loin du vrai débat.

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