Mythos : dis-moi des mots aux Champs Libres

Il était une fois une envoyée spéciale d’Alter1fo qui se retrouvait aux Champs Libres pour les Premiers Dimanches spécial Mythos avec un iPhone en presque phase terminale de capacité de stockage. [NDLR : dans l’incapacité de faire des photos]. Au diable le visuel se dit-elle, ce Premier Dimanche sauce Mythos sera textuel (ou presque) !

Champs-libres-premiers-dimanches-Mythos

Champs Libres, 14h. En ce dimanche 03 février, le ciel gris et les températures fraîches n’ont guère rebuté les Rennais. Une file d’environ 50 mètres attend fébrilement l’ouverture des lieux. Étudiants studieux ou Rennais en mal d’histoires ? Mystère…

L’entrée se fait au compte goutte, dix par dix. Une entrée réglée comme du papier à musique par la Sécurité des Champs Libres. Une histoire de manifestants et de décompte par les RG ? Peut-être…

Une fois à l’intérieur de la caverne d’Ali Baba, distribution de programme « Osez le dire ! » par des hôtesses en tee-shirts rouges. Non, vous n’échapperez pas à M aujourd’hui !

Dans les hauts-parleurs, une voix identique aux réclames de supermarché grignote tout le silence disponible et égrène dans vos oreilles le programme de l’après-midi. L’oeuvre sonore de Stanislas Hilairet, Monsieur Sécurité et Désorientation.

Madeleine finistérienne

Direction les fauteuils moelleux de la salle Hubert Curien. Le brouhaha de la salle laisse place au presque silence quand les protagonistes des « Impossibles en Impro » entrent sur scène.
Ils sont trois pour trois régions différentes et trois accents. Trois pour le prix d’un battle. Battle de mots, de souvenirs, d’histoires…

Cabaret de l'Impossible - crédits Maël Le Goff
Cabaret de l’Impossible – crédits Maël Le Goff

François Lavallée vient du Québec et son accent ne saurait le trahir. Ses mots à lui : poutine, St Laurent, Montréal, neige, automne… Il joue aussi de l’harmonica.
Sergio Grondin vient de la Réunion. Ses mots à lui : l’océan Indien, la ganja, les épices, le créole, le rhum, le volcan, la canne à sucre…
Achille Grimaud vient du Finistère. De mon coin de Finistère. Et ses mots à lui sont aussi les miens : Capitaine Cook, Doëlan, Pouldu, Kerou, ToulDouar, quincaillerie Joliff, pen du… Madeleines de mots finistériens, de souvenirs de bord de mer, de sensations marines, de personnages haut en couleurs et en commun. Le monde est petit !

Cette intro, c’est celle de leur spectacle Le Cabaret de l’Impossible, écrit à trois mains, trois voix, trois hommes et présenté en Avant-Première en avril 2011 pour Mythos. Ils nous racontent cette histoire, leur aventure de création. Puis, ils se lancent dans de nouvelles histoires, celles qui n’ont pas eu le droit de citer dans ce spectacle… L’envers du décor en quelque sorte. De l’épisode vaguement glauque d’un fast-food au Québec au brevet de la betterave volante déposée à Quimperlé en 1969…

Un chouette moment, dans une salle dont l’acoustique a fait parler le public. «Plus fort» entendra-t-on fuser… Et les conteurs de s’exécuter !

Lumière rouge pour histoire réservée aux adultes

Il n’y a pas de raison que l’on raconte seulement des histoires aux enfants ! Ici, d’ailleurs, ils sont interdits. Les Histoires noires et contes immoraux de Nidal Qannari sont réservés aux adultes. Et c’est dans la toute petite salle de projection de l’exposition sur l’Affaire Dreyfus au Musée de Bretagne que s’engouffre une cinquantaine d’adultes prêts à écouter des histoires qui ne seraient pas toutes bonnes à dire…

Lumière rouge pour déjouer la pénombre, ambiance intimiste du studio photo, mode boîte à sardines (le public s’agglutine, assis, debout, à genoux, en équilibre contre les grilles d’expositions). Le jeune conteur Nidal Qannari tourne le dos à l’écran de projection blanc et lumineux. Étrange écho dans cette petite salle à l’acoustique déroutante.

Un écho qui oppose dans l’histoire Mamie Marcelle et Tatie Monique, dans un choc des Titans mode duel pour un biscuit. Vingt minutes entre petits pois, Rougon-Macquart, mots doux, arthrose, amours sensuelles, jalousie… Vingt minutes et une fin en poussière de gâteaux. Parce que ces histoires-là, il faut les vivre et les entendre. Elles ne s’écrivent pas. Si ce n’est pour vous mettre l’eau à la bouche…

Des mots et plus si affinités…

Les propositions s’enchaîneront tout l’après-midi :

– plusieurs mini-expos « M comme Mythos », entre objets et affiches, du graphiste fétiche Mathieu Desailly

– un marathon de contes dans la Salle Anita Conti sous les luminaires baroques, vestiges des mécaniques Poétiques (j’ai dû fuir malheureusement l’histoire du bébé-monstre ogre pour faute de micro mal réglé et de sons de souffle désagréables mêlés aux mots de la conteuse. Ou quand le sonore combat le textuel…)

– des Souffleurs d’un commando poétique prompts à vous susurrer des mots à l’oreille lors de leurs déambulations

– un bar à sirops, dans le Hall, et ses chaises bistrots pour une pause

– un mur bleu prenant vie sous les traits de Conan le Barbare (et sous l’objectif de Mypouss, grand sauveur du Visuel)…

Conteur antique (par Mypouss) - Licence Creative Commons - Flickr
Conteur antique (par Mypouss) – Licence Creative Commons – Flickr

Et tout le reste. Tous ces moments narrés, contés, susurrés, vibrés auxquels nous n’avons pas assisté.

Joli succès !

7500 visiteurs auraient franchi les portes des Champs Libres ce dimanche. Encore un franc succès donc pour cette édition des Premiers Dimanches…

«Osez-le dire !» vous a plu ? Notez-donc dans vos agendas le prochain rendez-vous : Dimanche 03 mars, place à Elektroni[k] ! Un Premier Dimanche aux couleurs de Monstres et Merveilles

Et si vous voulez écouter ou réécouter les histoires de Mythos, rendez-vous pour la 17è édition du 16 au 21 avril 2013 à Rennes.

Retrouvez tous nos articles sur les Premiers Dimanches !

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