Mini Spring Rec d’automne au Jardin Moderne

L’épidémie qui continue de bien nous pourrir la vie a bien failli avoir la peau du Spring Rec du Jardin Moderne. Le festival dédié à l’enregistrement et à la production phonographique avait donc loupé le printemps mais revient malgré tout pour une cinquième édition dans une formule mini et automnale du 9 au 10 octobre. On pourra de nouveau y rencontrer artistes, acteurs et actrices de petits labels indépendants plus ou moins locaux (en photo) dans l’exposition de Richard Louvet mais aussi enfin voir des concerts ! Même assis et avec gestes barrières, c’est une occasion à ne pas louper.

Visuel : Amélie Patin

Le Spring Rec, c’est « le festival dédié à l’enregistrement et à la production phonographique ». On y a rencontré tout un tas de gens passionnés et passionnants, acheté un nombre déraisonnable de disques et vu des tas de chouettes mini-concerts dans des lieux hautement improbables. Du métal dans une salle de bains en passant par la noise classieuse des Møller Plesset dans une cuisine écarlate en passant par la folk alambiquée de [Kataplismik] dans un pavillon de chasse ou encore Thomas Le Corre ou Formica en toute intimité, on en garde plein de très beaux souvenirs de concerts comme de rencontres. Pour ceux qui auraient jusque là loupé ça et qui voudraient avoir une idée de l’ambiance de l’événement, on ne résiste pas au plaisir de vous inviter à jeter les deux yeux ci-dessous sur la chouette vidéo réalisée à l’occasion de la première édition par le camarade David Even.

Sa sale majesté COVID XIX oblige, cette inespérée cinquième édition se tiendra évidemment dans une formule limitée et complétement inédite. On ne pourra donc pas déambuler et claquer notre pécule dans les stands des labels mais ils seront tout de même présents avec l’exposition photographique Derrière les Labels du talentueux et aventureux Richard Louvet.
Bonheur suprême, on pourra surtout enfin réécouter de la musique live. Deux soirées totalement gratuites sont ainsi organisées avec deux séries de trois artistes qui viendront défendre sur scène leur récente sortie sur les labels sus nommés. Restrictions sanitaires obligent, les concerts seront assis et avec une jauge très limitée. N’hésitez donc pas à réserver par mail au mediation[at]jardinmoderne.org. On pourra également grignoter à manger et picoler mais les commandes et le service se feront à table. Dis comme ça, ça sonne un peu palace mais on fait confiance au lieu pour que tout cela reste convivial et rock’n’roll. Pour leur simplifier le boulot, pensez juste à privilégier les réservations par groupes de personnes, à arriver à l’heure pour faciliter le placement et bien évidemment à respecter les gestes barrières.
Des informations sur les modalités exactes, et notamment sur le port du masque, seront données très prochainement. On vous tiendra au courant.

La première soirée du vendredi 9 octobre s’annonce éclectique et riche en émotions. On pourra y entendre les beats chaleureux et voyageurs du rennais J-Zen. Son récent album Stand-alone sorti chez Dooinit Music propose une electro hip hop à l’esprit large et aux beats langoureux. Des compos au groove délicieusement suave et mâtinées de saveurs tropicales qui font voyager les oreilles et frétiller du bassin.

Votre petit cœur risque bien de fondre avec la musique d’Arianna Monteverdi. Cette Nantaise explore dans des ballades éthérées les territoires imaginaires des Texappalaches. La force avec laquelle elle parvient à donner vie à son imaginaire est assez remarquable. Entre americana et country folk, ses compos d’une sincérité déchirante possèdent une luminosité rare alliée à une mélancolie envoutante. La dame a joué en première partie de Laetitia Shériff, Glenn Jones, Elvis Perkins ou Josh T. Pearson… Elle a sorti en 2017 le très beau Getting Close sur le label Les Disques Normal. Enregistré en duo avec Vincent Dupas (My Name is nobody) et produit par Vincent Robert (Electric Electric), le disque regorge de pépites folk ultrasensibles et orageuses qui devraient vous transporter très très loin. On la retrouvera pour l’occasion en formule duo pour défendre les morceaux plus rock et plus frontaux de son futur nouvel album à sortir prochainement.

Enfin, nous sommes tout particulièrement heureux d’avoir l’occasion de retrouver sur scène Les Marquises. Nous suivons en effet avec une attention particulière ce projet créé par le multi-instrumentiste lyonnais Jean-Sébastien Nouveau. Depuis son premier six titres : Lost Lost Lost (qu’on avait pour notre part découvert avec sa version vinyle en 2011 – la version 6 titres datait de 2010), nous sommes tombés raide amoureux des compositions à la beauté insidieuse du Lyonnais, tête-pensante (et chercheuse) de ce collectif sans configuration fixe. La sortie d’un second album, Pensée Magique, cette fois-ci sur le label Ici D’ailleurs en février 2014 avait largement confirmé notre première impression. Encore plus foisonnante, la musique de Jean-Sébastien Nouveau se faisait encore plus dense et excitante. Percutante, rythmique, sans jamais être agressive, cette pop aux idées larges passe en trois dimensions et nous invitait à pénétrer dans une jungle (le point de départ/concept de l’album) aux lumières toujours changeantes et surprenantes. Il avait ensuite récidivé en 2017 avec A night full of collapse, toujours chez Ici d’ailleurs. Album nocturne et cinématographique, tout en somptueuse mélancolie, le disque partait dans des directions inédites avec une ferveur et une finesse assez fascinantes. Il viendra cependant ce soir là pour défendre La Battue, son dernier opus sorti en 2020 cette fois chez les épatants Les Disques Normal. Plus frontalement rythmique, l’album est une vertigineuse synthèse des sinueux sentiers empruntés par la formation jusqu’ici. Cette somme labyrinthique et délicieusement aventureuse, on trépigne d’avance d’enfin la découvrir sur scène.

La seconde soirée du samedi 10 octobre ne s’annonce pas moins excitante. Le trio rennais Amablanc viendra vous présenter en avant-première Homesick, son second album qui sortira à l’automne sur Crème Brûlée Records. Rythmiques frontales et guitares incisives, le groupe compose des titres entre post-punk et post-rock qui montre qu’on peut être à la fois mélancolique et rentre dedans.

On reste dans l’hypnotique et l’abrasif avec Lonely Walk. A la base projet solo de Mickael Appollinaire, le prêcheur sombre du groupe Strasbourg, le groupe est désormais un quintet qui a vu passer Alice de J.C.Satàn à la basse, et Johan Gustafsson de Black Bug à la guitare mais qui est désormais composé de Baptiste Averty (synthés, leader du groupe Mabrouk), Guillaume Cassagnol (basse joue aussi dans Magneto et Mabrouk), Patch luciani (guitare) et Étienne Redon (batterie). Après un premier album en 2013 délicieusement appelé V.I.H.S. (chez Satanic Royalty) de rock cold wave vaporeux et abrasif, la bande a ensuite sorti le tout aussi réussi Teen (Chez Born Bad Records). Ils ont encore monté d’un cran avec leur troisième opus sans titre mais pas sans talent sorti grâce aux efforts conjugués de Kerviniou Recordz, Permafrost et I Love Limoges records. Si les ambiances restent sombres et mélancoliques, le disque sonne plus direct, plus garage-punk tout en conservant un certain romantisme noir très plaisant et en gagnant en ampleur musicale. Propulsé par un son monstrueux signé Jérôme Vetter, la bande nous offre un disque à la fois inscrit très haut dans une lignée post-punk et totalement inscrit dans son époque. On a déjà vu les lascars sur scène et on peut vous assurer que Lonely Walk a tous les atouts en main pour vous offrir un concert subtilement détonnant.
a la batterie et à la guitare

On termine cet aguicheur programme avec Poing. Derrière cet alias bagarreur se cache le brestois François Joncour. Cet instrumentiste et créateur, fan des minimalistes américains en général et de Steve Reich en particulier, a sorti tout récemment The Golden Button chez Karen Koltrane Records et Editions Cage. Produit par l’impeccable Thomas Poli, le disque vous aspire dans d’irrésistibles spirales rythmiques dont la richesse et la finesse des sonorités vous évitent tout risque de lassitude. Avec sa musique obstinée et compulsive, mais pas autiste pour autant, le monsieur devrait nous offrir un voyage sonore alliant l’épure et l’efficacité redoutable de la techno des origines. Prèt.e.s pour la transe ?

Concerts de  J ZEN, Arianna Monteverdi et Les Marquises – Vendredi 9 octobre 2020
de
18h30 à 23h– Gratuit !

Concerts de  Amablanc, Lonely Walk et Poing – Samedi 10 octobre 2020
de
18h30 à 23h– Gratuit !

Réservations par groupe à mediation[at]jardinmoderne.org

Le Jardin Moderne, 11 rue du Manoir de Servigné, Rennes
Bus n°11 (arrêt Jardin Moderne)
Bus n°9 (arrêt Cleunay)
lignes 54, 55, 56 – arrêt Berthault

Plus d’1fos :
la page du Spring Rec n°5

Le site du Jardin Moderne

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