Maintenant 2015 – Cloud, Nuage électrique sur la place Hoche

cloudphoto1_doug_wongCLOUD – Nuit Blanche à Calgary. Photo copyright Doug Wong

L’an dernier, le festival Maintenant avait invité un étrange quatuor à vents composé de quatre cornes de brume géantes sur la Place Hoche (Eotone, installation conçue et créée par David Letellier et Herman Kolgen qui se proposait de faire entendre les vents de Montreal, Québec, Nantes et Rennes simultanément). Pour cette nouvelle édition, les organisateurs réinvestissent la place minérale rennaise avec une installation tout en même temps participative et onirique. Cloud, imaginée par Caitlind R.C.Brown et Wayne Garett  devrait émerveiller et (littéralement) illuminer les pupilles rennaises pendant toute la durée du festival. On vous explique.

Imaginez un énorme nuage lumineux composé de 6000 ampoules à incandescence neuves ou recyclées, desquelles pendent de multiples cordons à tirer (comme une pluie métallique toute en légèreté) pour les allumer. Mettez ensuite ce nuage lumineux au milieu d’un espace public où tout un chacun (passant, curieux, enfant, …) peut venir tirer sur un cordon-interrupteur pour allumer ou éteindre une partie de la structure. Observez alors les interactions entre les participants, les yeux brillants qui s’illuminent et les sourires spontanés qui apparaissent sur les visages : vous aurez alors une idée de la magie étonnante déclenchée par ce drôle de nuage.

Si on est d’ores et déjà fasciné par la poésie et l’onirisme qui se dégagent de la sculpture atypique des deux artistes, qui s’appuie sur certaines qualités intrinsèques de la lumière (la capacité magique de la lumière à créer un espace éphémère, son rayonnement dans l’obscurité, son rôle de balise de sécurité en sont quelques exemples cités par les deux créateurs), on est tout aussi emballé par sa portée sociale. En choisissant d’utiliser des ampoules à incandescence par exemple, pour une grande part recyclées, les deux artistes souhaitaient se servir d’objets de la vie de tous les jours, proches de notre quotidien, et donc proches de tout un chacun.

cloud-singapore9CLOUD – i Light Marina Bay à Singapour – crédit photo : ?

De la même manière, l’aspect participatif et interactif de l’œuvre est essentiel : « la vraie magie de Cloud réside dans ce qu’il apparaît comme une icône de l’espoir, de l’optimisme et l’action collective, incarnée par les spectateurs, debout, ensemble sous la sculpture, les yeux brillants, regardant fixement haut-dessus de leurs têtes, avec des sourires spontanés et tirant avec enthousiasme sur les cordons-interrupteurs » expliquent les deux artistes. Il soulignent d’ailleurs que sans les spectateurs-acteurs, la sculpture est amputée. « Les gens sont nécessaires pour que la sculpture soit complète. En se tenant sous le nuage, en tirant sur les cordons, [ils] créent les scintillements lumineux à la surface de la structure, mettant en scène à leur insu un orage électrique visible par le public qui se tient autour de la sculpture. Sans le public, Cloud est seulement à moitié terminée » précise ainsi Caitlind R.C.Brown.

Présenté pour la première fois lors d’une Nuit Blanche à Calgary, Cloud a naturellement rencontré un immense succès, d’une part la nuit même, les habitants s’emparant de l’œuvre immédiatement et avec un plaisir manifeste, dans un second temps (sûrement du fait de ses qualités photogéniques, notent les deux artistes) sur le web. Les créateurs ont donc été invité à ré-itérer l’expérience à plusieurs reprises dans le monde entier. Mais lors de leur présentation à Moscou, dans une galerie fermée, au prix d’entrée prohibitif pour les moscovites les moins fortunés -c’est-à-dire pas mal de monde- (l’exposition était cela dit particulièrement bien organisée, soulignent les deux Canadiens), Caitlind R.C.Brown et Wayne Garett prennent encore davantage conscience de la nécessité et de leur volonté de présenter désormais toujours leur œuvre dans un espace que chacun peut partager. Cloud est depuis toujours proposée au cœur de l’espace public (suscitant par là-même les réflexions inhérentes à l’occupation d’un espace public, fût-il une place historique comme lors de l’installation de Cloud à Jérusalem, la question de la nécessité d’espace artistique alternatif ou la ré-imagination d’un espace urbain connu, détourné de ses fonctions initiales, l’art servant de catalyseur à ce changement de point de vue).

Balayant les éventuelles critiques du monde de l’art parfois amené à fustiger l’art participatif/interactif dans ce qu’il ne proposerait que du « divertissement », les deux artistes préfèrent également mettre en avant qu’il permet de créer des relations profondes entre les êtres, en restant connecté à la réalité, au monde tangible. C’est parce que le public vit quelque chose de réel, où il touche, agit et interagit avec les autres qu’il se sent profondément touché. Et ce, quelles que soient les différences et similitudes culturelles observées dans les divers lieux où Cloud a offert son lumineux scintillement. On comprend donc sans peine que les organisateurs de Maintenant, particulièrement attachés à toucher tous les publics (notamment ceux peu habitués à pousser les portes des galeries d’art, et on les en remercie) aient souhaiter proposer Cloud pour cette nouvelle édition du festival. Pour une fois qu’on se réjouit de voir un nuage dans le ciel rennais…

Retrouvez ici tous nos articles sur Maintenant avant, pendant et après le festival.


Maintenant 2015 présente Cloud de Caitlind R.C.Brown et Wayne Garett  du mardi 13 au dimanche 18 octobre de 10h à minuit sur la place Hoche (Rennes).

Mardi 13 octobre à 22h : vernissage ouvert à tous.

Mercredi 14 octobre à 18h00 : conférence des artistes Caitlind R.C. Brown et Wayne Garrett à l’EESAB-site de Rennes (Rencontre ouverte à tous).

Plus d’1fos : sur le festival Maintenant – sur le travail de Caitlind R.C.Brown et Wayne Garett

Maintenant aura lieu du 13 au 18 octobre 2015.

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