Littérature Estivale !

Sergei DounovetzOdyssée Odessa
Odessa

Quel livre, quel style, quelle emphase. Que le Dilettante ait décidé de rééditer ce chef d’œuvre de 1999 est une grande nouvelle. Amateurs de polars bien ficelés, passez votre chemin. Ici point de rhétorique, on ne nage pas dans les hautes limbes mais dans le matérialisme le plus cru. Il est donc question de sang, de larmes, de cambouis et d’excitants divers et variés, vous savez ceux qui éclairent les tréfonds de nos pauvres âmes sordides.

Cette Odyssée qui ne dépasse que rarement le périphérique nous emmène à tombeau ouvert dans une aventure où tous les acteurs cherchent à gagner leur place au soleil. Sergei Dounovetz propose ici une belle brochette de personnages qui pourraient sortir du croisement d’un film de Michel Audiard et de Quentin Tarantino. Kléber le personnage principal est un Caid version ‘Old School’. La couverture de ses affaires criminelles est un garage où il ne restaure que des voitures antérieures aux années 80. Son autre hobby est de démolir les téléviseurs, car le Kléber alias Le « TV Killer » est un hédoniste d’un autre temps. Le nouveau monde va trop vite et il le sait. Pour mettre les voiles, il lui faut monter un dernier coup, un dernier Hold-up. Malheureusement la machinerie va se gripper, car de nos jours plus rien de ronronne comme une bonne vieille Simca P60.

Tout d’abord son fidèle lieutenant, le beau et jeune russe Youri qui sort à peine de prison tombe dans les filets du Commissaire Mérou. Ensuite, la très troublante Bérengère, une exquise Eurasienne, est envoyée par Pole (Pot ?) emploi pour faire un stage de coiffure chez Eva, sa régulière. Par le plus grand des hasards, cette poupée est aussi l’un des témoins du braquage et elle a de l’ambition à la hauteur de sa beauté. Enfin pour corser le tout, les membres de l’équipe de Kléber disparaissent les uns à la suite des autres..

Non, nous ne sommes pas chez Agatha Christie, mais chez Sergei Dounovetz, un être protéiforme qui comme les chats a connu plusieurs vies. Celui ci écrit sous plusieurs noms, dont Chefdeville le nom de sa mère pour mieux brouiller les cartes. Mais en a t-il vraiment besoin. Quant on est, musicien, poète, roadie, écrivain, chauffeur, scénariste, etc, il est vain d’essayer de cataloguer le personnage. J’avais déjà eu le plaisir de lire certaines de ses nouvelles dans les recueils de Jean-Noël Levavasseur, notamment les derniers sur « La Souris Déglinguée » et les « Doors ». Mais j’aurais l’occasion d’y revenir. En attendant il faut se ruer sur ce polar burlesque où le verbe tient une belle place, presque San Antonionesque dans le genre, juste moins graveleux, plus fin, idéal donc.

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Frédéric Paulin« Les pendus du val-sans-retour »

Les-pendus-du-Val-sans-Retour

Le 2ème livre de ma sélection estivale, est un roman noir qui nous plonge dans la fraicheur de la forêt de Brocéliande. Tout débute la veille de Noël avec plusieurs meurtres brutaux qui vont mettre en émoi la petite communauté bretonne. Habituellement, le pays de Merlin l’enchanteur et de la fée Viviane est plus connu pour sa féérie, mais quand il s’agit de crimes inexplicables et inexpliqués, la maréchaussée et les pouvoirs publics se retrouvent fort dépourvus.

L’enquête est confiée à Zébulon Mauer un as mais principal suspect dans un quintuple meurtre et sous le coup d’une inspection de L’IGS. Mauer est une tête brulée et comme il ne craint plus grand chose pour son avancement, il va pouvoir bousculer les us et coutumes des braves Paimpontais (Habitants de Paimpont). Rapidement ils vont le surnommer, le Morc’hast, ce requin à peau bleu considéré comme l’éboueur des mers. L’acharnement et la brutalité du Morc’hast seront ses seuls atouts pour lutter contre l’inertie locale empêtrée dans ses croyances ineptes.

De cette histoire, personne n’en ressortira grandi. On sent que Frédéric Paulin s’amuse à taper sur les doigts de chacun et c’est assez jouissif. Comme chez Dounovetz, c’est ce joli panel de personnages hauts en couleurs qui fait le piment de ce sympathique petit livre. Donc, si vous n’aimez ni la police, ni les fonctionnaires, ni les politiques, ni les voyous, ni les nantis et que vous abhorrez le petit peuple, alors ce livre est fait pour vous. En plus il sera parfait pour vous protéger du soleil à la plage.

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Sergei Dounovetz – Odyssée Odessa (Ed. Le Dilettante, Mars 2012)
Frédéric Paulin – Les pendus du Val-sans-retour (Sirius éditions, Regiopolis numéro 7, juillet 2012)

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Liens
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Le collectif Rennais d’auteurs de romans noirs présidé par Frédéric Paulin

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