L’étrange Monsieur Merson au Musée des Beaux-Arts

Luc-Olivier Merson (1846-1920) est célèbre dans les milieux philatélistes ou numismatiques pour ses illustrations de billets de banque, et c’est un peu réducteur. Parce que dans le genre foisonnante, sa production dénote: grands décors d’Opéra ou d’Hôtel de ville à Paris, participation aux décors d’expositions universelles, tableaux disséminés d’Orsay à Boston, illustrations de Hugo ou Mérimée… Oui mais voilà, tout ça n’a visiblement pas sauvé notre ami d’un oubli tenace en 2008. Parce qu’au premier abord, les tableaux de Monsieur Merson sont effectivement étranges ou énigmatiques. Apparemment pas peu fier de sa recherche d’originalité et de son niveau d’érudition, le bon Luc-Olivier semble avoir cherché toute sa vie d’artiste à brouiller les pistes, à égarer son spectateur, en plaçant le critère de nouveauté tellement haut que ses peintures en ont bluffé plus d’un depuis, du néophyte au conservateur.
Illustrer la fuite en Egypte? oui, mais pas avec palmiers et désert comme tout le monde, avec un sphinx, c’est plus nouveau. La vie de Saint-François d’Assise? d’accord mais en allant chercher le thème dans les évangiles apocryphes, comme ça pas de danger de redite, le Saint-François de Merson parle au poissons, et tant pis si c’est le seul à le faire. Du coup, pas facile de comprendre tout de suite les histoires que racontent les tableaux. Dès sa première oeuvre, Luc-Olivier peignait un inédit Leucothoé et Anaxandre, pendant que d’autres s’exerçaient au même stade sur une énième version d’Apollon et ses nymphes.

Malgré le succès du Repos en Egypte en 1878, Merson abandonne alors la commande de tableaux privés pour se tourner d’avantage vers les grands décors muraux, qui ont fait son succès à Paris et outre-Atlantique. Mais là aussi, chaque grande fresque, chaque carton pour une mosaïque ou un vitrail reste chargé d’étrangeté: regards ambigus vers le spectateur, thèmes inédits, paysages nouveaux, lumières crépusculaires…derrière l’académisme technique de l’artiste, chaque oeuvre transpire l’inédit et l’étrange, depuis le tableau de formation jusqu’aux grandes fresques décorant les escaliers de ses mécènes.

Oui mais alors pourquoi à Rennes, la redécouverte de Monsieur Merson? parce que son exotisme à lui, c’est la Bretagne. Peu voyageur, parisien d’ascendance bretonne, Merson semble avoir puisé dans l’architecture des villages bretons ou dans les paysages de grèves une source d’inspiration: l’annonciation à la Vierge dans une chaumière bretonne ou un Saint-Jérôme méditant sur la plage ou milieu des mouettes, ça vous paraît étonnant? un peu surréaliste, mais le mot n’existait pas encore…

L’étrange Monsieur Merson, du 10 décembre au 8 mars,
Musée des Beaux-Arts de Rennes, Quai Emile Zola.

1 commentaire sur “L’étrange Monsieur Merson au Musée des Beaux-Arts

  1. Cochonfucius

    Le fils du charpentier
    Avec le sphinx plaisante :
    Entres monstres sacrés
    Règne la bonne entente.

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