Les IndisciplinéEs 2012 : un samedi taillé pour le dancefloor

Les IndisciplinéEs

Deuxième soirée à l’espace Cosmao Dumanoir de Lorient ce samedi 10 novembre, et une soirée résolument dansante pour cette 7ème édition du festival des IndisciplinéEs. Vos pieds bougeront sur des mélodies pop, post-punk, coldwave ou électro, au cours d’une soirée qui s’annonce exceptionnelle, tant l’affiche est alléchante. Immanquable !

Attention ! The Cast of Cheers pourrait être la révélation de ce festival. Le quatuor irlandais mené par les frères Adams semble avoir trouvé la formule qui fait rugir de plaisir les amateurs de post-punk britannique. Après avoir diffusé gratuitement leur premier album Chariot sur bandcamp (plus de 150 000 chargements en quelques jours), leur deuxième opus Family se révèle être encore plus efficace.

The Cast of Cheers

Là où leur premier essai lorgnait fortement vers le math-rock, Family est beaucoup plus immédiat : du post-punk avec quelques touches de math, des guitares à la Foals (Animals) et un chant très proche par moments de celui de Kele Okereke de Bloc Party. Conor et Neil Adams (guitares, voix), John Higgins (basse, voix) et Kevin Curran (batterie) nous proposent dix titres intelligents, sautillants et terriblement addictifs. Et pour couronner le tout, ils sont précédés d’une réputation scénique plus que flatteuse (ils accompagnent notamment les Two Door Cinema Club sur quelques dates).

Mathieu Peudupin aka Lescop est La sensation automnale, encensé par bon nombre de critiques qui l’ont rapidement estampillé chef de file du renouveau de la pop, de cette pop qui revendique notamment l’utilisation du français dans ses chansons. Or à la première écoute, rien de nouveau sous le soleil glacé de la pop hexagonale tendance coldwave : un timbre de voix étrangement proche de celui d’Etienne Daho, un son marqué du sceau New Order, et des faux airs de Ian Curtis pour parachever le tableau. Mais en se penchant un peu plus sur son premier album éponyme, on distingue une démarche plus originale qu’il n’y parait de prime abord.

Lescop

L’ancien chanteur d’Asyl a tenté l’aventure solo il y a quelques mois et s’est tout naturellement associé à Johnny Hostile (du duo John & Jehn), qui a produit l’ensemble à Londres. Avec la volonté affirmée de jouer sur les contrastes, mariant la noirceur des textes et le côté dansant (d’où le nom du label monté pour l’occasion, Pop Noire). Là où bon nombre de groupes se contentent de piller l’héritage eighties sans digestion aucune, Lescop ramène la pop vers des territoires glacés et sombres, dans la droite lignée des Daho, Taxi Girl et Marquis de Sade. Ce n’est pas encore la franche adhésion, mais on espère juste qu’il achèvera de nous convaincre sur scène.

La prestation d’Alt-J à la Route du Rock en août dernier nous avait convaincus, mais leur set nous avait semblé perfectible. On avait notamment la sensation qu’une salle de concert serait plus adaptée pour accueillir les titres de cet album : voeu exaucé, ce concert sur la scène de l’Espace Cosmao Dumanoir devrait nous coller une bonne petite claque musicale ! Petite présentation par Isa :

Alt-J par Isa

Initialement nommés Films (ils ont au moins eu la lucidité de changer), le quatuor anglais Δ (le symbole mathématique delta, mais à prononcer Alt-J, du nom du raccourci clavier permettant de l’afficher sur un clavier Mac anglo-saxon, histoire de simplifier les choses) a affolé la presse musicale et la blogosphère en sortant en mai dernier leur formidable album An Awesome Wave. L’enthousiasme pour leur 13 ritournelles (plus un morceau caché, quand on vous dit qu’ils sont joueurs !) est unanime et on ne boudera pas non plus notre plaisir puisque le disque tourne en boucle chez nous depuis juin. Leur mélange sophistiqué et délicieusement minutieux de hip hop lancinant et de folk anglais mélancolique fait mouche à tous les coups. Leurs arrangements subtils et discrets offrent un écrin parfait pour les irrésistibles harmonies vocales fondées sur le contraste entre la voix nasillarde mais habitée de Joe Newman et les chœurs de Gus Unger-Hamilton et Gwil Sainsbury.
Alt-J
Issus en grande majorité d’une école d’art, les gars pourraient sembler prendre la pose. Ils en feraient presque trop en détaillant sur leur soundcloud les influences de chacun de leur morceau. On y trouvera pêle-mêle des inspirations venues de Max et les Maximonstres ou de Last exit to Broocklyn mais également des derniers mots du Léon de Luc Besson ou des ultimes pensées de Rober Capa après avoir marché sur une mine. Tout ça serait un peu pesant, si les gars ne faisaient preuve d’une grande maturité dans leur disque et aussi d’un humour tortueux dans leurs clips. Celui de l’affolant Breezebrocks montre une terrifiante scène de ménage montée à l’envers, et le récent Tesselate parodie le Tableau de Raphaël : l’école d’Athènes, en le peuplant de gangstas ricanants et de bimbos dépressives.
 Quoi qu’il en soit, l’album est un assemblage alambiqué mais toujours captivant et d’une fraicheur surprenante.

Petit retour en arrière : mars 2010, Two Door Cinema Club et son premier album Tourist History fait l’effet d’une bombe dans le paysage musical britannique (et bientôt planétaire). Le trio composé d’Alex Trimble (chant, guitare, claviers), Sam Halliday (guitare) et Kevin Baird (basse) nous balance un onze titres dansant et terriblement addictif, porté par les tubes Something Good Can Work et I Can Talk : guitares acérées, beats électro, et une voix exceptionnelle, le combo gagnant qui leur permet d’enchainer les festivals pendant près de trois ans. On avait notamment eu l’occasion de les voir à la Route du Rock (2010) et aux Vieilles Charrues (2011).

TDCC

Mais les trois jeunes irlandais ont profité de ces longues périodes de tournées pour capter leurs impressions, retranscrites dans un second album, Beacon, paru il y a tout juste deux mois. Un album beaucoup moins immédiat, mais qui se bonifie au fil des écoutes : les redoutables Sun et Sleep Alone cotoient des titres plus posés (Settle, Spring), sans toutefois perdre l’imparable côté dansant qui caractérise si bien TDCC. Un album plus homogène, magnifié par la voix d’Alex Trimble, qui plane sur les titres avec une aisance déconcertante. Très bien produit par Jacknif Lee (REM, Bloc Party, Blur…), on sait que le trio a le potentiel pour sublimer les morceaux en live.

College est l’un des projets de David Grellier, producteur particulièrement actif sur la scène nantaise. Il est notamment le créateur du collectif d’artistes électro Valérie, dont font partie Anoraak ou encore Minitel Rose. Un collectif qui revendique un revival eighties particulièrement prononcé, avec sonorités cheap et visuels déroutants (notamment le duo d’artistes allemand The Zonders). Le premier album de College, Secret Diary (2008) s’inscrit complètement dans ce mouvement, tout comme l’EP qui suit, A Real Hero. C’est d’ailleurs ce titre qui va lui permettre d’accéder à une soudaine reconnaissance médiatique : il fait en effet partie de la bande originale du film Drive de Nicolas Winding Refn, présenté au festival de Cannes en 2011. Le titre passe alors d’un faible tirage à 300 exemplaires à plus de 3 millions de vues sur la toile.

College

Il serait facile de creuser le sillon du succès, mais ce serait mal connaître le gus : connu aussi sous le sobriquet Mitch Silver au sein du décapant duo électro-punk Sexy Sushi (avec Rebeka Warrior aka Julia Lanoë, de Mansfield Tya), David Grollier fait prendre une nouvelle direction à son projet College. Northern Council (2011) est beaucoup plus marqué par l’électro minimaliste des années 70 : l’album est probablement moins immédiat car les plages, essentiellement instrumentales, sont à la fois sombres et lumineuses mais le tout est à nos yeux beaucoup plus passionnant que l’opus précédent et on a hâte de découvrir le rendu en live.

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Samedi 10 novembre20h, Espace Cosmao Dumanoir

The Cast of Cheers (20h20) / Lescop (21h35) / Alt-J (22H50) / Two Door Cinema Club (00H15) / College (01h40)

22 euros (plein tarif) – 19 euros (tarif réduit)

Pass Vendredi-Samedi : 38 euros

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Site du festival : Les IndisciplinéEs

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