Leïla Slimani et Chanson douce

Une Chanson Douce de Leïla Slimani se chantonne avec Adam et Mila, pour les bercer et les endormir avec toute la douceur que ces petits bambins réclament à Louise, la Nounou, la nounou adorée, « « c’est ma nounou » crie Adam. Ce cri, les parents ne l’entendront plus. Adam est mort ». 

Un roman de société

Pourquoi?

Ce drame comme un drame déjà vu, une nounou au service d’une famille, où les parents totalement absorbés par leur vie professionnelle confient les rênes de l’éducation des enfants à Louise au point de la laisser gérer seule deux petits, leurs bobos comme leur sommeil.

Leïla Slimani cherche, analyse, triture en 211 pages, en remontant le temps, pour remonter aux erreurs faites, aux choix affectifs et pas assez raisonnés dans l’embauche de la nounou, aux négligences de Louise, à cette confiance aveugle faite sans aucun contrôle, à ses lubies… Des doutes sont d’ailleurs apparus, mais on n’a pas assez creusé.

L’audace de Leïla Slimani, c’est de nous avoir soufflé dès le début la responsable du drame, créant une atmosphère de malaise, qui amplifie chaque faux pas.

La réalité d’aujourd’hui, des couples qui travaillent souvent tard et de la nounou, blanche, noire ou brune, qu’il faut trouver pour s’occuper des bébés ou des petits, est bien un casse tête, et ressemble à la recherche du mouton à 5 pattes.

L’égoïsme des parents et leur manque d’attention à leurs enfants ne devient-il pas progressivement criant ? Et que de frustrations pour les mamans qui bossent !

Peu à peu des doutes étreignent le lecteur, la tendresse de Louise et l’attachement de la nounou pour Adam et Mila collent mal avec le drame tel qu’il est décrit et simplifié page 15.

Leïla Slimani pose des questions, et met en doute la pertinence de nos modes de vie. La personnalité de Louise éclaire le fossé qui existe, et qui, peu à peu s’accroît, entre cette femme isolée et ces jeunes parents engagés dans des professions captivantes mais dévoreuses de temps.

La nounou et toutes les nounous sont bien présentes au cœur du livre, on voudrait les bénir de donner de la tendresse, cette tendresse qui a déserté leur propre quotidien, cette tendresse comme Chanson Douce au cœur du drame.

Un très beau livre, un beau regard sans complaisance, sur une vraie réalité d’aujourd’hui. On a adoré la tendresse qui se glisse entre Louise et les mains de Mila, ou d’Adam, une tendresse aux accents de désespoir. Il fallait tout le talent de Leïla Slimani pour traduire cette réalité en un roman qui exprime l’essentiel sans juger, roman de réflexion qui tente de réconcilier l’humaine condition des femmes, des mères, des épouses.

 

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