Le Marché Noir passe à la question

Le week-end du 22 au 25 septembre 2016 aura lieu la cinquième édition du Marché Noir, le festival des gens qui font eux mêmes de très belles choses imprimées dans leur atelier. A cette occasion, nous avons posé quelques questions à Eric Mahé, un des organisateurs, pour en savoir plus sur d’où vient le festival et où il va.

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Nous avons donc questionné un des organisateurs : Eric Mahé (de l’Atelier du Bourg mais qu’on connait aussi bien grâce à ses épatants visuels pour les concerts Kfuel) et il a fort aimablement accepté de prendre le temps de nous répondre alors que l’équipe est en plein rush de dernière ligne droite avant ce cinquième Marché Noir.

marchenoir20145Alter1fo : Pour commencer, pouvez-vous revenir sur la genèse du festival ? Comment est né le projet ? De quelles envies ? Y a-t-il eu des difficultés au démarrage ? Pourquoi ce choix du nom de « Marché Noir » aux connotations un peu sombres en fait ?

Eric Mahé : Le Marché Noir a vu le jour en septembre il y a quatre ans au Jardin Moderne. C’était la réunion de trois associations, l’Atelier Barbe à Papier qui fait de la gravure, l’Atelier du bourg qui imprime en sérigraphie et la Presse Purée qui est composée également de sérigraphes. L’atelier l’Imprimerie, composée de graveurs et de sérigraphes, les a rejoint l’année suivante.
L’atelier du Bourg organisait une initiation à la sérigraphie au Jardin Moderne et c’est sans doute suite à cet atelier que la demande a été faite de faire un salon dans ce lieu. Les trois associations cherchaient en tous cas un lieu pour faire un événement de ce type. Je n’étais pas présent dans l’organisation du premier Marché Noir. Toujours est-il que le Jardin Moderne a quasiment tout pris en compte au niveau de l’organisation et a été d’un grand soutien pour l’émergence de ce festival. Il n’y aurait pas eu un tel succès sans l’engagement et l’accompagnement du Jardin Moderne.

Depuis maintenant quelques temps se confirme une belle effervescence dans le milieu des arts graphiques faits maison et de l’auto-édition. A votre avis d’où vient cette énergie au moment où triomphe pour la grande majorité des gens le tout-numérique ?

La réponse est dans la question. Le fait justement que triomphe le tout-numérique, le fait que tout le monde puisse aujourd’hui disposer de moyens puissants pour « construire » des images, y compris sans maîtriser ces moyens parfois complexes, donne à la production d’image un aspect ordinaire. En tout cas ce n’est plus un acte singulier aujourd’hui de faire une image, du selfie à l’image de ton chat dans une position improbable… Que d’œuvres d’arts se répandent sur internet !
Aussi, une estampe (en gravure ou en sérigraphie) est une image entièrement composée à la main, comme au premier temps de l’imprimerie. Même s’il arrive que l’outil numérique s’immisce, le geste de l’impression, lui, reste complètement manuel. Avec tout ce qui s’ensuit d’interactions, d’ajustements, d’erreurs, de découvertes. C’est certainement cette dimension « artisanale » qui donne un supplément d’âme à une sérigraphie ou une gravure. Il y a un métier, il y a un geste dans le fait d’imprimer et la matérialité de l’image se voit immédiatement en plus. Bref c’est hyper bobo, une sérigraphie dans un cadre en macramé fait maison, c’est complétement irrésistible. Donc succés.

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Qu’est-ce qui a fait que cela soit particulièrement vrai sur Rennes et ses environs ?

Ce n’est pas une spécificité rennaise. On trouve une belle activité au niveau national et international. Nantes, Strasbourg, Lilles, Dunkerque, Sarzau ou Aurel (dans la Drôme) n’ont pas à rougir de leur festival, et j’en oublie un paquet. Mais la présence de L’EESAB et du département d’arts plastiques à l’université, conjointement à la présence de commerce éclairé comme Blind Spot, font que cela peut émerger ou avoir un écho.

Quels moments forts et autres chouettes souvenirs vous retenez de vos quatre premières éditions ? Avez-vous un soutien des institutions locales ou nationales ou faites-vous sans ?

Les moments forts sont durs à saisir. Le temps du festival est un temps d’agitation mental et physique qui n’aide pas à la pleine conscience. Et nous sommes quatorze dans l’association, les moments forts des uns ne sont peut être pas les mêmes pour tout le monde. Mais c’est le ravissement du public et des structures accueillies qui nous comble, ou quand un visiteur nous dit que le festival l’a convaincu de se mettre à la gravure ou à la sérigraphie ou même au dessin, c’est une belle émotion, humble.
D’ailleurs, le fait d’être une équipe de bénévoles est la cause ou l’effet, je ne sais plus, que l’on soit attaché à l’idée de transmettre et de promouvoir ce savoir faire. Une éducation populaire. Donc pour l’équipe du Marché Noir, le ravissement du public est un temps fort. Une satisfaction même.
Dans un premier temps, comme déjà évoqué, le Jardin Moderne nous a soutenu, ensuite la Ville de Rennes, la Région Bretagne et La Drac Bretagne nous soutiennent depuis trois ans. Sans ses institutions et leur travail le festival existerait quand même, mais certainement pas aussi facilement, le festival est réalisé de manière entièrement bénévole, le temps d’organisation est démesuré. Mais la majeure partie du festival est autofinancé par les animations.
De plus la Ville de Rennes nous loue également des locaux ce qui contribue grandement au développement et à l’émergence de telles pratiques pour répondre, en fait, à la question précédente. Nous sommes bien conscient de la chance que nous avons, même si ce soutien est sans doute le résultat d’un engagement associatif durable et permanent.

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Quelles évolutions voyez-vous au fil de ces cinq éditions ?

Les évolutions ne sont pas prévisibles, chaque année on se dit que l’organisation nous prend trop de temps et que l’année prochaine sera l’occasion de faire une pause, ou de présenter une formule plus petite. C’est un échec à chaque fois jusqu’ici. Mais globalement nous observons que l’expérience du précédent festival nous aide à mieux nous organiser et donc à pouvoir le faire différemment. D’une manière générale le souhait est de ne pas donner trop d’importance aux stands et de présenter plus de démonstrations, d’ expositions ou d’autres formes de promotion.

marchenoir20147D’où est venue et comment s’est faite la jonction avec la musique et l’idée d’ajouter des concerts à la fête ?

L’organisation d’un concert n’est absolument pas une priorité pour le festival. Le premier festival ayant eu lieu au Jardin Moderne, c’est le Jardin Moderne qui a proposé d’organiser des concerts sur le temps du festival, ce qui évidemment nous a ravi. Ensuite les producteurs d’images sont toujours plus ou moins proches du milieu musical lui même très friand de visuel. Naturellement l’auto production d’image fréquente l’autoproduction de musique. Parmi les organisateurs du marché Noir un certain nombre font des visuels pour des affiches de concert, des pochettes d’albums. Donc après la programmation impeccable de Cyril Marchal au Jardin Moderne c’est l’association Alambik qui gère avec brio la soirée concert depuis trois ans.

Vous revoilà avec une édition 2016 très riche et diablement excitante. On retrouvera dans la partie « salon des indépendants » pas moins de quarante artistes ou collectifs. Il y a un certain nombre de noms familiers pour les habitués mais, parmi les nouveaux, desquels êtes-vous particulièrement contents de la venue ?

Mais de tous.
La participation au Marché Noir ne se fait pas par inscription. Elle se fait sur invitation. Étant tous bénévoles sur l’organisation du festival, celle ci étant particulièrement chronophage, il est question avant tout de se faire plaisir en invitant des personnes que l’on aime particulièrement. Nous sommes plutôt tristes des désistements, donc tous les nouveaux de cette année nous font plaisir en répondant à notre invitation.

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui ne connaîtrait pas le festival et qui souhaiterez le découvrir ?

Premier conseil : venir.
Ensuite en vélo c’est mieux, il n’y a pas de parking, ou à pied, ou en bus.
Ensuite venir mais avec le magnifique programme. Prévoir un peu de temps, il y a pas mal de stands et d’ateliers de démonstration. Enfin ne pas hésiter à faire appel aux médiateurs pour les expositions à l’étage des ateliers, ils vous fourniront des explications nombreuses et utiles pour comprendre ce qui est à voir.

Enfin quelles envies ou idées folles avez-vous pour le futur du festival ?

L’année prochaine on part à Marrakech avec l’argent du festival de cette année pour tout cramer sur place en jus d’orange, mais comme on doit faire ça depuis 4 ans, j’y crois pas trop.

Festival Le Marché Noir 5ème édition – Rennes – du 22 au 25 septembre 2016

Principalement aux ATELIERS DU VENT, quartier Cleunay
59, rue Alexandre Duval 35000 RENNES

Plus d’1fos :
Notre annonce détaillée du festival
Page de l’événement du Festival
Page de l’événement de la Soirée de Concerts
le site du festival

 

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