La Route du Rock : Liars authentiques

LIARS« L’étoffe des héros est un tissu de mensonges », écrivait Prévert. On aurait presque envie d’écrire, un tissu de Liars. Parce que ce groupe est opiniâtre, fouille, cherche, déconstruit. Et ne lâche rien.

Cinq albums d’expérimentations rock, parfois ardues à suivre dans leurs déflagrations, parfois plus accessibles comme sur leurs deux derniers albums.

Ils seront à la Route du Rock au Fort Saint Père ce vendredi pour une prestation qu’on imagine aussi habitée que celle d’il y a quelques années. Focus sur un groupe exigeant.

Premier opus par il y a neuf ans déjà, en 2001, avec un titre à rallonge : They threw us all in  a trench and stuck a monument on top, qui annonçait déjà un certain jusque-boutisme : guitares acérées et furieuses, voix possédée primitive qui scande les paroles, textures électroniques habitées (craquements, sonorités étranges)…

LIARSLe trio habite alors à New York et épate avec ses déconstructions entre punk et no-wave. Ils poursuivent dans une veine tout aussi tendue mais encore plus oppressante sur leur second opus : They were wrong, so we drowned (2004). Avec Drum’s not dead en 2006, Liars affirme à nouveau la pertinence de ses compositions noise avant-gardistes et commence à attirer les plus sceptiques.

C’est l’album suivant, éponyme (2007), qui fera (un peu) plus connaître les New Yorkais devenus en partie Berlinois… Liars veut y écrire des chansons. S’intéresser à la mélodie. L’album y gagne en accessibilité.

Mais attention, on ne tombe pas pour autant dans la facilité. « Plaster Cast Everything » , le premier titre rappelle très vite que Liars n’est pas là pour faire de la tapisserie ou du macramé. L’étoffe de héros, ça se tricote à la sueur, avec des cordes de guitares bien tendues et des poings (de chemin) de croix. Guitares agressives, folie furieuse et schizophrénie restent présentes, même si certains titres ont la finesse mélodique des meilleures chansons pop.

En ce début d’année, Liars est revenu. Avec un nouvel album. Sisterworld. Et continue à déconstruire.

Liars - SisterworldIls sont allés enregistrer et s’installer à Los Angeles. Pas pour les palmiers, le soleil, la vie à la cool. Non, justement… Ils se sont intéressés au côté crasseux, à la « dislocation » sociale et personnelle que cette énorme ville de béton, plantée en plein désert, peut à la fois créer et abriter. Les marges, les entre-deux grisâtres, le tissu social qui vire crade, la violence urbaine…

Loin des clichés de la ville des Anges, donc. Un peu comme Mullholland Drive dégommait le faste hollywoodien, en sombrant dans une lumière plus glauque, une noirceur schizophrénique après la scène de la boîte et de la clef. D’ailleurs, sur la pochette de Liars, on retrouve cette serrure. On est presque surpris de la coincidence…

En tous les cas, le disque sera certainement dans les classements des meilleurs albums de cette fin d’année. Plus accessible, certes, peut-être plus mélodique, si l’on peut dire. Mais encore sombre, tendu et tordu. Même si cuivres, cordes, ou lenteur de certains morceaux apparaissent inédits sur ce dernier album.

Sur scène, Liars est possédé. La Route du Rock les avait déjà vus pour un concert teinté d’apocalypse noise et arty. Angus semblait immense, dégingandé et habité sur la scène du Fort Saint Père. La prestation nous avait laissé un souvenir marquant. On se demande donc de quelle étoffe seront faits ces Liars-là…

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Myspace de Liars Liars en concert Vendredi 13 août à la Route du Rock.

Retrouvez notre dossier sur la Route du Rock.

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