La Route du Rock 2018 – Et c’est pas fini : la prog’ du dimanche

Vous commencez à avoir mal partout ? Le foie et les oreilles un brin rétifs ? Pas d’inquiétude, nous aussi. Pourtant ce dimanche, on remet le couvert et on fonce une nouvelle fois en direction de la Route du Rock pour une dernière journée aux allures estivales. De toute façon, demain on sera tous tristes que ce soit fini (enfin peut être pas notre foie), alors autant terminer cette édition en beauté. Plongée dans la programmation de ce dimanche 19 août.

Pour les sportifs (pas nous)

Copacabana, le Maracana, c’est un peu, comme chaque année ce que deviendra la plage de l’éventail (en face du Palais du Gand Large) ce dimanche 19 août de 13h à 17h pour la douzième édition de Sports are not dead sur le sable malouin. Techniciens, bénévoles, festivaliers et organisateurs s’affronteront une nouvelle fois dans un tournoi de foot sur sable .

Mais pas que puisque vous pourrez également participer à à des initiations de Touch Beach Rugby ou à un tournoi de Dodgeball (ne nous demandez pas, depuis le temps, on ne sait toujours pas ce que c’est… disons une sorte de ballon prisonnier avec plusieurs balles ?). Sans oublier pour cette édition le retour de la sélection musicale indie de DJ La Rouff.

Sports are not dead – Plage de l’Eventail, St Malo – Dimanche 19 août – 13h00

Seuls sur le sable, (ou presque) …

Si vous êtes plutôt lève-tôt (et oui, 15h, c’est plutôt tôt en langage festivalier) mais un brin moins sportif, vous pourrez commencer la journée par une petite découverte musicale sur la plage Bon-Secours à St Malo même (renommée Plage Arte Concert pour l’occasion) avec un dj set concocté par les doigts et les oreilles agiles de Topper Harley et un concert.

Forever Pavot

Ce garçon-là va pour sa part devenir un habitué de la plage malouine. Déjà programmé en 2015 au même endroit pour la sortie de son premier effort Rhapsode – Born Bad, 2014- irrésistible de classe, Forever Pavot déroulera à nouveau les vagues morriconiennes de sa pop psychée pour les surfers du festival amateurs de déferlantes ouatées (parfois plus remuantes en live). « Il y a une dizaine d’années je faisais du punk hardcore, ensuite j’ai fait de la chiptune, de la pop, des compos garage / folk enregistrées sur K7, et maintenant des choses inspirées des musiques de films 60’s…la seule ligne directrice ce sont mes envies » avait sainement précisé Emile Sornin à la sortie du désormais essentiel Rhapsode. Album qui se révélait inspiré tout autant par le prog, que les musiques de film (De Roubaix, Morricone, Jean-Claude Vannier en tête), Broadcast, Stereolab ou le psyché turc.

Après Le Bon Coin Forever où le virtuose Emile Sornin partait à la rencontre des habitants du Poitou-Charentes et de leurs instruments insolites pour créer des compositions originales, le garçon et ses acolytes (notamment les copains Adrien Soleiman et Benjamin Glibert d’Aquaserge) restent du côté des charentaises (ouch !) en façonnant un cluedo musical de pop baroque, lunatique et barrée qui répond au doux et surprenant nom de La Pantoufle. En français cette fois-ci, Emile Sornin y déroule une musique cinématographique aux improbables scenarii, une sorte de tragédie psyché funk, au montage haché et plein d’humour, qui doit autant à François de Roubaix qu’à Philippe Sarde, au clavinet (une sorte de clavecin électrique) qu’au burlesque de la scène musicale de Canterbury, sans oublier les peurs enfantines des contes les plus hallucinés.

Bref, les Forever Pavot sont immanquables pour ceux qui aiment les musiciens qui se jouent des formats (nous en sommes). Et si en plus c’est sur la plage…

Forever Pavot – Dimanche 19 août – Plage Arte Concert St Malo – 16h.

Bastions rock au Fort St Père

Bon, la Route du Rock met peut-être le mot « rock » en avant, mais c’est bien sous toutes ces formes qu’il faut prendre l’acception, du garage au psyché, de la pop au lo-fi, du shoegaze à l’électro-pop et on en passe, comme vous avez pu sans peine le remarquer. Dans la programmation de cette année, une tripotée de groupes revient sur la scène du festival, bien souvent après avoir laissé des souvenirs indélébiles de leur prestation les éditions précédentes. Mais d’autres font leur baptême du feu dans le fort malouin. Présentation.

Route du rock 2012 - les remparts alter1fo.com


Pour ceux qui feraient également leur baptême du feu à la Route du Rock cette année, commençons par cette petite précision nécessaire pour s’y retrouver : à la Route du Rock, il y a deux scènes : une scène principale, dite scène du Fort, et une plus petite où sont bien loin de ne jouer que les outsiders : la scène des Remparts (autrefois scène de la Tour).

Après des années de tâtonnements, d’essais, de déplacements, les organisateurs de la Route du Rock ont enfin trouvé LA formule parfaite. Plus haute, plus grande, au fond du Fort, face à la scène du Fort, la nouvelle disposition de la scène des Remparts est définitivement la bonne ! On y voit les groupes, la fluidité du public dans le Fort est excellente et elle permet au plus grand nombre de profiter des concerts qui s’y déroulent de la meilleure des manières. Et c’est tant mieux puisque cette année encore, pour rythmer non seulement l’arrivée des festivaliers mais aussi les petits coups de mou de la soirée, ce sont 3 groupes qui s’y donneront le tour chaque soir.


King Tuff

En découvrant la grille de programmation, on avoue avoir été surpris de découvrir King Tuff, taulier de la scène garage californienne, en ouverture sur la scène des Remparts lors du dernier jour : du rock garage pour un warm-up devant des festivaliers éreintés en mode diesel, le pari semble risqué. Mais après trois albums fleurant bon le garage psyché californien, et sillonné les routes avec The Muggers, le backing band de Ty Segall, Kyle Thomas nous revient plus apaisé. Son nouvel album, The Other est radicalement différent, le garage rêche faisant place à une pop psyché du plus bel effet : le processus de composition, à la guitare acoustique, lui a permis de se recentrer sur les mélodies.

Comme pour marquer ce changement radical, l’album s’ouvre sur le long et planant The Other, avant de nous emmener sur des montagnes russes : des dansants Raindrop Blue et Psycho Star avec leur basse ronde et groovy, au mélodieux Thru The Cracks en passant par le bluesy Ultraviolet et l’hyper-psyché Neverending Sunshine, le panel est large et prend même des accents folk par moments. Le tout est porté par des arrangements soignés et des guests de choix (Ty Segall à la batterie et Mikal Cronin, bassiste de ce dernier). La setlist de King Tuff devrait faire une place de choix à The Other, ce qui conviendrait parfaitement pour ce moment toujours délicat de l’apéritif musical du dernier jour de festival.

King Tuff – Dimanche 19 août – Scène des Remparts – 18h30.

Protomartyr

Les Protomartyr viennent pour leur part de Detroit, mais ont sûrement moins écouté Derrick May et consorts (ou même les Stooges et le MC5) que les Anglais champions des ambiances sombres circa 80’s. Après un premier album No Passion, All Technique, Protomartyr avait sorti un second opus (Under Color of Official Right – 2014) de pop-rock/post-punk aux guitares grasses et à la voix grave et décharnée. C’est à cette époque que sur la scène des Remparts, les musiciens nous avaient infligé une bonne grosse déflagration de post-punk-from-Detroit, d’appellation d’origine contrôlée. Le quatuor balançait avec une belle assurance un rock froid et méthodique, cinglant comme un coup de trique mais sacrément envoûtant. La voix profonde et habitée de Joe Casey bien campé derrière ses lunettes noires hantait même parfaitement cette musique, à la fois rageuse et mélancolique.

On est donc plus qu’heureux de retrouver le quatuor américain sur la scène du Fort cette fois-ci. Depuis leur dernière venue, les musiciens ont tous perdu leur job alimentaire et se sont concentrés sur l’écriture de deux albums aux fulgurances politiques et poétiques, allant d’Héraclite à Elvis gisant sur le sol de sa salle de bains. The Agent Intellect, en 2015 d’abord, puis Relatives In Descent (2017, Domino Records) ensuite, continuent d’enfoncer le clou d’un post-punk sombre, hyper mélodique, un rien corrosif. Noir c’est noir, toujours, mais d’un noir incandescent qui voudrait bien foutre le feu. Basse en avant, guitares tranchantes, voix caverneuse et rythmiques plombées : la mélancolie sous tension de Joe Casey (chant), Greg Ahee (guitare), Scott Davidson (basse) et Alex Leonard (batterie) devrait on l’espère nous hypnotiser à nouveau entre les murs de l’imposante forteresse.

Protomartyr – Dimanche 19 août – Fort St Père – 19h15.

Charlotte Gainsbourg

Charlotte Gainsbourg © Collier Shorr

Juste après, c’est Charlotte Gainsbourg qui foulera la scène du Fort. Après Air (5:55 – 2006-), Beck (IRM – 2009 et Stage Whispers 2011) et bien sûr son père (Charlotte Forever – 1986), c’est avec SebastiAn -mais aussi notre chouchou Emile Sornin (dont on vous a parlé plus haut)- que la belle Charlotte a enregistré, puis livré le même jour que Daho, son tout nouvel album, Rest.

Un album de la perte, des souvenirs, du deuil et du manque, de ce que l’artiste avait à se dire à elle-même d’abord. En espérant qu’il touche, peut-être ailleurs. Et parce que Charlotte Gainsbourg, à son corps défendant, a quasi un statut de monument national, on aurait presque oublié que la perte d’un être cher, tout célèbre et adulé qu’il soit, reste d’abord une déchirure intime. Que la mort d’une sœur c’est d’abord vivre avec ce manque intolérable. Et que toute fille de qu’on soit, perdre un père fait surtout de vous une orpheline (on se souvient d’ailleurs que Syvia Plath, ici convoquée, cherchait elle aussi partout ce père trop tôt disparu). Cette fois-ci, Charlotte Gainsbourg s’accroche au français (avec dans l’ombre un Daho qui épaule et rassure). Ce n’est pas la première fois, mais peut-être tout de même jamais d’aussi près.

En réponse aux textes qui poignardent doucement (j’entends toujours battre les clous) autour des deuils, du temps qui passe, de la peur que la vie abîme ses enfants, les arrangements parfois luxuriants (Melody et son ombre tutélaire ne sont pas loin, mais qu’étrangeté de lui contester cet héritage), parfois épurés (tel Rest apporté par Guy-Man de Homem-Christo de Daft Punk) viennent écarteler le paradoxe d’un disque d’une insondable tristesse et pourtant terriblement vivant (et ce malgré, on le concède, quelques ratages, qui n’entament en rien l’intérêt qu’on lui porte). Aussi, si l’album ne fait pas la totale unanimité dans les rangs altéristes (de l’ennui poli à l’attachement réel), on attend avec une impatience curieuse et/ou inquiète de voir quelle amplitude le disque prendra sur scène, louvoyant on l’espère entre les écueils de l’intime, du trop lisse à l’embarrassant. On donne pour notre part toute notre confiance à l’artiste et on ose timidement espérer le meilleur.

Charlotte Gainsbourg – Dimanche 19 août – Le Fort st Père – 20h45

Superorganism

La formation du collectif Superorganism résume à elle seule les possibilités offertes par le net : à l’origine, il y a The Eversons, un groupe néo-zélandais (signé sur Lil’Chief Records, le label de Jonathan Bree). Ils se produisent au Japon et rencontrent une jeune fan, Orono, qu’ils recontactent via la toile quelques années plus tard pour poser chant et paroles sur une mélodie : Something For Your M.I.N.D. est né et marque le début d’une aventure musicale pour le moins originale. Le collectif de huit musiciens venus des quatre coins du monde (Angleterre, Australie, Nouvelle-Zélande, Japon) s’est installé depuis dans une grande maison de l’est londonien, dans laquelle ils composent, enregistrent, réalisent leurs clips, dans une démarche totalement Do It Yourself.

Leur premier album éponyme (sur Domino Records) est à l’image de leurs clips : un kaléidoscope coloré, un poil foutraque, avec pour seul maitre mot la recherche du fun. Orono, Emily, Harry, Ruby, B, Robert, Tucan et Soul marient harmonieusement synthés et guitare, boite à rythmes et batterie, choeurs enlevés et voix nonchalante d’Orono. Les mélodies, sucrées à l’envi, se révèlent être addictives et passent allègrement du psyché (SPRORGNSM) à la balade bizzaroïde (Nai’s March) en passant par la pop joyeuse et débridée (Everybody Wants To Be Famous). Cette toute jeune formation a déjà écumé bon nombre de festivals (We Love Green, Les Nuits Sonores, Les Eurockéennes…) et devrait assurer une respiration sonore fraiche et spontanée entre les deux têtes d’affiche de la soirée.

Superorganism – Dimanche 19 août – Scène des Remparts – 21h50.

Phoenix

Bon on l’avoue. On est franchement désolé mais on n’a jamais accroché à Phoenix. On reconnaît sans peine que les garçons ont du talent pour combler les foules, qu’ils savent trousser des tubes et s’attacher les faveurs des publics d’ici comme d’Outre Atlantique. On se souvient même de les avoir vus au même endroit il y a quatorze ans (l’année du déluge sur Blonde Redhead) mais rien, on était resté l’encéphalogramme plat alors qu’autour tout s’agitait. Si on se rappelle bien, un des Phoenix escaladait même les pylônes de la scène et le public hurlait à qui mieux mieux. Nous pas.

Phoenix © Shervin Lainez

Pourtant les Phoenix ont tout ce qu’il faut. Depuis quasi 20 ans, les quatre Versaillais ont écumé les scènes du monde entier, sorti sept albums, mélangé les influences rock, électro et funk, sans oublier un peu de R’nB (notamment sur Alphabetical en 2004). Lancés à pleine vitesse sur les rails par un single plébiscité même outre-Manche If I ever feel better (United, 2000) et une aura de groupe rock french touch, Thomas Mars (chant), Deck d’Arcy (basse, clavier) Christian Mazzalai (guitare) et Laurent Brancowitz (guitare) ont su concrétiser avec notamment la sortie d’Alphabetical en 2004 (et le nouveau tube Everything is everything) et surtout l’encore plus acclamé Wolfgang Amadeus Phoenix (2009) enregistré et mixé par Zdar (Cassius) sorti sur leur propre label Loyauté.

Deux ans après le plus rock It’s Never Been Like That, le disque, gorgé de singles partout acclamés (1901, Lisztomania) leur ouvre les portes du Saturday Night Live sur la NBC (et Phoenix devient le premier groupe français à s’y produire) avec de nouveau la recette qui fait mouche depuis leurs débuts : une pop ligne claire aux guitares un tantinet funky et aux textures synthétiques. On a beau être des dingues de pop, on continue de s’y ennuyer gentiment. Et Bankrupt (2013) ou le dernier en date Ti amo et son Italie fantasmée (alors qu’en Italie, il y a Visconti, Dante, Fellini, Manzoni, Uzeda, Zu, Sciascia, Montale, Michelangelo, Verdi, Pasolini, les frères Taviani et on en passe… ce n’était quand même pas difficile de trouver mieux que l’italo-pop, non ?!) n’ont toujours pas réussi à nous convaincre. Comme le dit Mr B. sur ces pages, il n’y a que les cailloux et les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Avec l’énergie du désespoir, on compte donc sur les Versaillais pour nous faire quitter l’état minéral.

Phoenix – Dimanche 19 août – Fort St Père – 22h40

The Lemon Twigs

Deux titres extraits de leur nouvel album, et la toile s’enflamme pour le retour très attendu du duo The Lemon Twigs. Il faut dire que les deux frangins D’Addario, Brian et Michael avaient surpris tout le monde avec l’étonnant Do Hollywood il y a deux ans. Bien accompagné par Jonathan Rado (Foxygen), le duo de 16 et 18 ans à l’époque donnait l’impression d’avoir digéré l’ensemble de l’histoire du rock pour délivrer des mélodies surprenantes, puisant allègrement dans les sixties (Beatles, Kinks…) mais aussi dans le glam-rock des années 70 avec une aisance bluffante et un sens de l’harmonie sidérant pour leur jeune âge.

Après un EP Brothers of Destruction paru l’année dernière, et un deux titres il y a quelques mois (Foolin’ Around / Tailor Made aux forts accents Rolling Stones), ils sortiront leur deuxième album le 24 août prochain, Go To School. Un album concept sous la forme d’un opéra-rock, qui racontera la vie d’un chimpanzé élevé comme un humain et devant s’adapter à notre mode de vie. Les deux premiers extraits sont radicalement différents, mais restent dans la même veine, celle d’une pop baroque sophistiquée et inventive : If You Give Enough est délicat et aérien, vocalement et musicalement (avec de très jolis arrangements de cordes), alors que Small Victories est le parfait contre-pied, une espèce d’ovni pop-rock joyeusement bordélique. Même si on avoue avoir quelques craintes sur la transposition live de cet album concept, on est impatient de découvrir sur scène de nouveaux extraits de Go To School quelques jours avant sa sortie.

The Lemon Twigs – Dimanche 19 août – Scène des Remparts – 23h55.

La nuit sur le Dance-Fort

Si certains s’étonnent encore (!) qu’un festival indie-rock propose une programmation électro (notamment pour réchauffer les festivaliers lorsque la fraîcheur nocturne tombe sur le Fort), la majorité du public en redemande. On retrouvera ainsi plusieurs groupes ou artistes destinés à propulser tout le monde sur le Dance-Fort.

Route du rock 2013 © Nicolas Joubard

Jungle

Pour quasi conclure le festival ce dimanche, le dancefloor deviendra moite et funky avec le concert de Jungle. Duo de jeunes producteurs en studio (autrement dit Josh Lloyd-Watson et Tom McFarland), transformé en collectif de 7 membres pour les prestations live, Jungle mêle ensemble rythmiques funky, groove des machines, soul et électronique. Auteurs d’un premier album sorti en 2014 sur Xl Recordings (Jungle), qui leur avaient valu un premier passage au Fort St Père en 2015, Jungle y avait retourné un public ravi avec une jolie efficacité. Nous on était resté un peu en dehors cela dit, car malgré de très belles voix, on sentait que, passés les tubes, les compos manquaient méchamment de mordant et tournaient un peu à vide. Très produite sur disque, la musique de Jungle n’avait pas su trouver l’aspérité (et la sueur) en live que nous lui attendions.

On attend donc un peu plus de leur prestation cette année, d’autant qu’on devrait y découvrir de nouvelles compositions. Leur deuxième album For Ever sortira en effet 14 septembre prochain. Deux titres accompagnés de leurs clips ont d’ailleurs été dévoilés il y a quelques jours à peine. On vous laisse juge mais on est d’ores et déjà assurés que les Londoniens devraient eux aussi sans peine faire grimper la température du Fort de plusieurs degrés avec leur nouveau live. Du moins, on l’espère.

Jungle – Dimanche 19 août – Fort St Père – 01h00.

The Black Madonna

Oh la la. Dire qu’on a un très gros faible pour la musicienne du Kentucky est un euphémisme. Imaginez que Marea Stamper a quitté le lycée à 15 ans poussée par son amour de la musique, qui l’obsédait quasi depuis toujours et est partie clubber. Et qu’elle ne s’est pas arrêtée depuis. Aussi féministe que tatouée, aussi politiquement engagée qu’exceptionnelle derrière les platines, The Black Madonna a été la toute première femme Dj résidente et directrice artistique du Smart Bar à Chicago, résidente au côté de Derrick May (oui, vous pouvez pleurer), mais tout aussi fan d’ESG, d’Optimo, Derrick Carter ou Mark Enestus, comme le prouvent ses invitations lors de sa carte blanche aux Nuits Sonores en 2017.

The Black Madonna © Aldo Paredes

Particulièrement charismatique derrière les platines, cette riot girrrl de l’électro se battant contre les formes de discrimination et de violence contre les minorités (racisme, LGBTQI…) qui subsistent malgré leur apport historique dans la culture club (et pas que), désormais installée à Londres, mêlant house dantesque à forte teneur chicagoane, aciiid à vous vriller la tête et les jambes, percussions afro qui affolent le palpitant, disco à pleurer, riffs funky et basses hypnotiques, aime à briser les limites, à naviguer de frontières en frontières, questionnant par là-même leur existence. Après des années d’anonymat et d’activisme dans l’ombre, la dj et productrice passionnée a sorti l’un des hymnes club de l’été 2013, A Jealous Heart Never Rests (Our Lady of Sorrows, Argot, 2013), qui lui a ouvert les portes du Berghain /Panorama et parcourt désormais la planète club en tous sens pour distiller la bonne parole (« house music : it’s a spiritual thing, a body thing, a soul thing » chantait Eddie Amador) à coups de eps (merveilleux He is the voice i hear sorti en 2017) et de mix exaltants et euphoriques. Car cette vétérante des raves le sait mieux que quiconque : « Ces musiques combinent (…) la ferveur spirituelle du gospel et l’efficacité des machines. » (Le Monde, 19 mai 2017). Et quand on finit son mix au Sonar 2017 par l’Here comes the sun de Nina Simone, on est forcément conscient de cette communion qui rassemble les êtres pendant quelques heures gagnées sur l’ombre. Pouvait-on en attendre moins d’une vierge noire ? Immanquable.

The Black Madonna – Dimanche 19 août – Fort st Père – 2h00.

Magnetic Friends

Pour finir, les plus chics seront bien sûr comme d’habitude au Fort, comme chaque année. Les djs des Magnetic Friends auront en effet une nouvelle fois en charge de réchauffer l’ambiance entre les concerts. Et comme à leur habitude, ils devraient sortir de leurs besaces une tripotée de titres pour danser, faire des blindtests avec les copains, voire chanter à tue-tête bras dessus-dessous avec son voisin (parfois inconnu quelques minutes auparavant).

Entre madeleines indie-hip-pop-electro-rock et bombinettes-turbines à danser, les facétieux djs pourraient d’ailleurs glisser quelques surprenantes pépites. Oui, ça s’est déjà vu. Et pour les amateurs de chenille, il semblerait que ce soit le jour J.


La Route du Rock a lieu du 16 au 19 août 2018.

Plus d’1fos.


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