La naissance du Groove Africain, le Highlife !

L’histoire de la musique moderne Africaine remonte aux années 1920 au Ghana. C’est la naissance du « Highlife », un croisement entre musique traditionnelle Africaine et Jazz. L’histoire de cette musique haute en couleur suit celle de la décolonisation.

alter1

Le « Highlife » serait né de la rencontre entre les soirées chics de la haute société (high life) et des groupes populaires qui jouaient là ou on s’amuse, là où l’on trouve le vin de palme (palm-wine music). Rapidement cette musique s’est propagée sur toute la façade ouest africaine se nourrissant de toute la musique qui arrivait par bateau des États-Unis, des Antilles et de l’Europe.

Quand le Ghana gagne son indépendance en 1957, le Highlife devient « de facto » la musique de la liberté. La même histoire s’est produite à l’indépendance de la Jamaïque en 1962 : l’apport de la musique Américaine dans le Mento local va engendrer le Ska puis le Reggae via le Rocksteady.

Le Highlife va connaître une explosion dans les années 60 et atteindre son apogée au milieu des années 70 phagocytant tout sur son passage. Blues, Soul, Funk, Psychédélisme, Rumba, Salsa etc. Tout passe à la moulinette Africaine. Cela donne une musique hautement hypnotique et dansante. La compréhension du mot « Groove » est maintenant donnée à tous. Il suffit de se laisser bercer par la musique pour en ressentir immédiatement les effets au niveau du bassin.

alter2

Depuis 4/5 ans des labels comme, Soundway ou Vampisoul se sont spécialisés dans la fouille systématique des caves de Lagos à la recherche de ses pépites saignantes. En effet, à l’époque, Lagos pouvait se targuer de posséder les meilleurs studios de toute l’Afrique de l’ouest, attirant comme des mouches les orchestres de la façade atlantique. Enfin on n’était pas à « Abbey Road » non plus, mais le mariage particulier des instruments traditionnels mêlés aux guitares et aux cuivres donnait un son chaleureux et inventif dont la patine est désormais impossible à retrouver.

Puis le Highlife à doucement évolué. L’arrivée d’un jeune talentueux batteur, Tony Allen, chez Fela Kuti, pose les fondations d’un nouveau genre musical révolutionnaire, l’Afrobeat. Il y a fort à parier que si, le Nigéria avait eu les mêmes connexions avec Londres que la Jamaïque au même moment, le Highlife et l’Afrobeat auraient connu le même succès que le Reggae. Et aujourd’hui Fela Kuti serait au moins l’égal de Bob Marley.

alter3

La meilleure porte d’entrée est sans aucun doute l’extraordinaire compilation « The Funky Fuzzy Sounds Of West Africa  » chez « Luaka Bop » le label de David Byrne. L’ancien Talking Head ayant déjà été remarqué pour son cross-over entre son punk funkisant et la musique Africaine. La sélection pioche le meilleur de cette grande mosaïque.

Peu de noms connus, excepté Manu Dibango, avec un titre d’une douceur incroyable basé sur des nappes de xylophone soutenu par une rythmique répétitive. L’autre groupe ayant réussi à s’exporter hors d’Afrique est le super orchestre Poly-rythmo de cotonou Dahomey qui ouvre le bal avec un hymne dédié à la gloire de leur pays (Dahomey, ancien Benin).

Les autres perles sont ici « Keleya » de Moussa Doumbia avec son saxo vicieux et son chant endiablé ou les hurlements terribles sur « Allah Wakbarr » de Ofo & The Black Company le tout saupoudrés de giclées de fuzz. Mais le sommet arrive avec « Guajira Van » de N°1 de N°1, un titre qui semble tombé tout droit de la Havane et chanté dans un espagnol plus vrai que nature. Puis, l’apothéose de l’album avec « Better Change Your Mind » de William Onyeabor : un long chant de protestation, chanté comme une ritournelle. C’est le morceau le plus funky de l’album. Une voix douce à la « Curtis Mayfield » et des piles de Wah-wah, accompagnées de longues et voluptueuses lignes de basses. Je ne connais personne capable d’y résister.

Vous l’avez compris, le Highlife est la meilleure musique pour se préparer à la future torpeur estivale. Leopold Sédar Senghor l’ancien président Sénégalais à dit que « l’émotion est noire, la raison est grecque« . Alors je ne sais pas pourquoi je vous raconte tout ça… Posez juste un disque de Highlife et laissez vous porter par la musique…

Pour approfondir :

http://www.youtube.com/watch?v=XOzF8bN-PTg

4 commentaires sur “La naissance du Groove Africain, le Highlife !

  1. afrika bambaataa

    excellent l’article!!
    je ne suis pas un « christophe brault » de la musique africaine, simplement un admirateur appréciateur adorateur surtout en ce moment…merci, c’est très bon cet historique
    voici un lien vers un article sur seun, le dernier des kuti :
    https://alter1fo.com/album-seun-kuti-many-things-450
    et puis quelques noms que j’écoute beaucoup en ce moment : daktaris, hygrades et les nigeria 70’s artists, ghana soundz artists… mahmoud ahmed et tous les vieux sons d’ethiopie, antibalas (je sais, ils viennent des states mais je les cite qd mm) et cocorico, j’ai découvert fanga from montpellier (ça vaut pas fela mais tout de même!!)

  2. bomber

    excellent l’article!!
    je ne suis pas un « christophe brault » de la musique africaine, simplement un admirateur appréciateur adorateur surtout en ce moment…merci, c’est très bon cet historique
    voici un lien vers un article sur seun, le dernier des kuti :
    https://alter1fo.com/album-seun-kuti-many-things-450
    et puis quelques noms que j’écoute beaucoup en ce moment : daktaris, hygrades et les nigeria 70’s artists, ghana soundz artists… mahmoud ahmed et tous les vieux sons d’ethiopie, antibalas (je sais, ils viennent des states mais je les cite qd mm) et cocorico, j’ai découvert fanga from montpellier (ça vaut pas fela mais tout de même!!)

  3. David

    excellent l’article!!
    je ne suis pas un « christophe brault » de la musique africaine, simplement un admirateur appréciateur adorateur surtout en ce moment…merci, c’est très bon cet historique
    voici un lien vers un article sur seun, le dernier des kuti :
    https://alter1fo.com/album-seun-kuti-many-things-450
    et puis quelques noms que j’écoute beaucoup en ce moment : daktaris, hygrades et les nigeria 70’s artists, ghana soundz artists… mahmoud ahmed et tous les vieux sons d’ethiopie, antibalas (je sais, ils viennent des states mais je les cite qd mm) et cocorico, j’ai découvert fanga from montpellier (ça vaut pas fela mais tout de même!!)

  4. Bazarboy

    excellent l’article!!
    je ne suis pas un « christophe brault » de la musique africaine, simplement un admirateur appréciateur adorateur surtout en ce moment…merci, c’est très bon cet historique
    voici un lien vers un article sur seun, le dernier des kuti :
    https://alter1fo.com/album-seun-kuti-many-things-450
    et puis quelques noms que j’écoute beaucoup en ce moment : daktaris, hygrades et les nigeria 70’s artists, ghana soundz artists… mahmoud ahmed et tous les vieux sons d’ethiopie, antibalas (je sais, ils viennent des states mais je les cite qd mm) et cocorico, j’ai découvert fanga from montpellier (ça vaut pas fela mais tout de même!!)

Laisser un commentaire

* Champs obligatoires