Jeanne Added et Léonie Pernet @ Carré Sévigné

A l’affiche du Carré Sévigné ce 29 novembre, Léonie Pernet et Jeanne Added : deux chanteuses qui font de la pop avec des synthétiseurs (et des percussions, en tout cas sur scène). Mais la ressemblance entre les deux parties du concert s’arrête là… D’un côté, la brune Léonie Pernet cachée sous son épaisse tignasse fait une musique aux sons plus organiques, mais en partie joués par les machines (elles ne sont que deux sur scène). De l’autre, la blonde Jeanne Added à la coupe garçonne péroxydée fait une musique aux sons plus synthétiques, mais presque intégralement jouée live par ses musiciens.

Léonie Pernet

Si l’on n’avait pas chroniqué le récent premier album de Léonie Pernet, contrairement à celui de Jeanne Added dont on avait dit ici tout le bien qu’on en pensait, c’était plus par manque de temps que par manque d’envie d’en dire tout autant de bien. Toute première partie qu’elle fût, on était donc presque aussi impatient d’assister à sa prestation qu’à celle de son aînée, en raison d’un premier LP certes un peu hétéroclite, mais très personnel et plein d’inventivité.

Léonie Pernet entre donc en scène devant une salle comble (le concert affichait complet depuis bien longtemps), accompagnée d’une musicienne. Elle se partagent l’espace laissé vacant sur le devant de la scène par le matériel déjà installé des musiciens de Jeanne Added. Alors que Léonie Pernet chante et passe du clavier à la batterie, son acolyte l’accompagne d’une percussion ou de quelques notes de clavier, assurant aussi quelques chœurs.

Un lineup aussi minimaliste oblige soit à simplifier les arrangements, soit à laisser les machines jouer toutes seule certaines parties. Si ce live n’enlève rien au talent de Léonie Pernet, il n’apporte donc rien non plus d’extraordinaire musicalement par rapport à l’écoute de son album chez soi. On y perd peut-être même quelques détails qui font la richesse du long travail effectué en studio pour la réalisation de ce premier LP. Léonie Pernet fait néanmoins le job, et on ne nous fera pas dire que son concert soit mauvais : seulement qu’il ne rend peut-être pas complètement justice à l’album, tout en n’apportant pas de grosse contrepartie sur le côté live en raison d’un effectif très réduit sur scène. Un concert néanmoins plaisant, qui se terminera sur l’excellent et entêtant Butterfly

A noter que si vous avez raté cette occasion de venir supporter Léonie Pernet en concert, il vous reste une deuxième chance puisqu’elle se produit de nouveau à Rennes jeudi 6 décembre au 1988 Live Club dans le cadre des Bars en Trans.

Jeanne Added

Dès son arrivée sur scène sur la nappe de chœurs de Remake, la rémoise s’applique méthodiquement à chauffer la salle (« je n’arrive pas à croire que vous soyez encore assis », « si vous voulez danser, il y a de la place dans l’allée »), faisant d’entrée de jeu allumer les lumières sur le public pour le voir pendant les premiers titres. Si on l’avait vue tendue lors de son entrée en scène pour sa première prestation sur la scène de l’Aire Libre aux Trans 2014 (ce qui ne l’avait pas empêchée de tout donner ensuite), on la retrouve ici avec la même énergie, mais la décontraction en plus, se prenant à rire avec le public du premier rang en pleine chanson. Elle est entourée de trois musiciens, respectivement aux claviers, à la batterie, et un peu aux deux. Bien que très synthétique, la musique semble ici interprétée quasiment intégralement live.

La première partie du concert est essentiellement basée sur le nouvel album (on y retrouve notamment les emblématiques Radiate et Mutate) avant de basculer ensuite sur le premier album (Back to summer, A war is comingLook at them, Lydia…). Petit bout de femme monté sur ressorts, Jeanne Added se démène sur scène et fait le show sur les titres les plus dansants, tout en restant impeccable vocalement. Si on perd parfois un peu de la précision du son du second album notamment, on y gagne en vitalité et en spontanéité.

Afin de boucler la boucle, le set retourne au nouvel album en s’achevant sur un Before the sun hypnotique…

Vigoureusement rappelée par le public, Jeanne Added revient seule pour un long rappel de 5 titres, s’accompagnant à la basse. Si au départ, on se demande si une note à la fois (allez, parfois deux…) ne fait pas un peu juste pour habiller une chanson, cela s’avère être une bonne idée, ce quasi a capella permettant de mettre en valeur sa voix et sa qualité d’interprétation. Ses musiciens la rejoignent pendant l’avant dernier titre pour clore le concert au complet sous des applaudissement nourris.

A l’issue de ce concert, une comparaison qui peut paraître surprenante nous traverse l’esprit : il y a un petit quelque chose d’Annie Lennox chez la Jeanne Added cuvée 2018. En dehors d’une certaine proximité capillaire (l’ex-chanteuse d’Eurythmics a elle aussi adopté depuis longtemps le look cheveux courts très décolorés) et musicale (pop synthétique, l’une réellement issue des 80’s, et l’autre avec quelques influences de l’époque), les deux artistes ont en commun cette parfaite maîtrise vocale dont elles savent ne pas abuser. Alors qu’on sent bien que l’une et l’autre en ont sous le pied, toutes deux chantent avec sobriété, mettant leur voix au service de l’émotion plutôt que d’envoyer du décibel à la moindre occasion (même si elles savent le faire quand une chanson le nécessite). Et des chanteuses comme cela, on en redemande.

 

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