Immanquable : Shannon Wright à l’Antipode

shannon_wright_chris_lopezCe mardi 23 novembre, Shannon Wright sera à l’Antipode. Dire qu’on attend ce concert avec impatience serait un cruel euphémisme. Shannon Wright est une tornade. On ressort de chacun de ses lives, complètement hébété, abasourdi. Sur scène, les prestations de l’américaine sont intransigeantes.

Ses déflagrations sonores vous mettent de terribles claques dont vous peinez à vous relever. Vous pensez enfin arriver à vous rétablir ? Peine perdue, le morceau suivant vous renvoie directement dans les cordes…

On entend toujours le silence dans les concerts de Shannon. Bien sûr au bar, on perçoit quand même quelques bières qui tintent. Mais devant la scène, c’est toujours la qualité d’écoute du public qui frappe. Les oreilles sont suspendues à sa voix, à ses mains sur le piano, à la vitesse de ses mains sur la guitare. Le visage souvent dissimulé derrière ses cheveux, Shannon Wright se  cache. Mais se donne, et donne, entière. Sans filet, possédée.

En 1998, l’américaine saborde son groupe, Crowsdell, et part, seule, avec sa guitare comme unique bien. De là naîtront les fragiles et troublants Flighsafety et Maps of Tacit (1999 et 2000), puis plus tard, le rêche et sublime Dyed in the Wool (2001). Une vraie claque déjà. De ces disques qu’on écoute en boucle pendant des jours, sans rien vouloir écouter d’autre. Tout ça grâce au très bon label bordelais Vicious Circle qui vient alors de signer la sortie de l’album dans l’hexagone. La France a aussi la chance de la découvrir en live, en première partie de Calexico lors de prestations intenses. Shannon est écorchée et passionnée, elle ne laisse personne indifférent. On l’a dit. Plus qu’une claque : une tornade.

En 2004, elle retrouve Steve Albini pour son album le plus rock et le plus rêche, Over The Sun. Cet album change des vies. Tumulte de guitares électriques, voix poussées à l’extrême. C’est un disque abrasif. Shannon y manie la guitare « comme une serpe » disent les gars de Vicious. Et puis il y a le pianoCes morceaux doux en apparence qui vous poignardent tout aussi fort. Suivra un disque avec Yann Tiersen qui la fera connaître davantage (écoutez par ici ce que Yann Tiersen dit de cette rencontre qui l’a plus qu’inspiré).

Puis contre toute attente, Shannon revient en 2007, avec Let in the Light, un album apaisé, sans pour autant être rangé. On l’imagine plus heureuse, moins à vif, mais on la sait toujours aussi exigeante. Shannon ne lâche rien. Elle n’a rien à faire des clichés, des modes, des étiquettes. Elle reste sur le fil tendu.  Intègre. L’album suivant, Honeybee Girls, sorti l’année dernière, alterne les assauts frontaux, les climats orageux et les moments plus paisibles… Mais méfiez-vous de l’eau qui dort. Sous ce calme apparent, les cassures apparaissent. Et les morceaux au piano se révèlent tout aussi ravageurs, tout comme cette incursion très rare dans la discographie de l’américaine, dans les terres électroniques sur un morceau glaçant et bouleversant, Father.

On pensait attendre plus longtemps avant la sortie d’un nouvel opus. Et puis Secret Blood est arrivé début novembre, quelques jours avant le début de cette tournée. Une entrée en matière sur les chapeaux de roue, un brûlot hardcore (l’énorme Fractured qui prend toute sa puissance en live), des ballades renversantes et encore des mélodies qui livrent progressivement leurs secrets. Depuis sa sortie, on n’écoute rien d’autre. Encore une fois, on doit le dire.

Teaser Shannon Wright « Secret Blood » NEW ALBUM from thomR on Vimeo.

Sur cette tournée, Shannon joue de nouveau en trio avec l’un des meilleurs batteurs qui soient au monde (on triche : on l’a déjà vue à Saint Nazaire il y a 10 jours) et son complice de toujours, Andy Baker, à la basse, qui a enregistré l’album. Le set de ce début de tournée proposait une poignée de titres du nouvel album mais revenait aussi en grande partie sur les morceaux d’Over The Sun (Portray, Black Little Stray, Avalanche…), Dyed in the wool (Hinterland, You hurry wonder… ), Let in the Light (Defy this love, In the Morning…). Les nouveaux morceaux passent la barre du live haut la main et dégagent une puissance impressionnante. On ressort du concert une nouvelle fois complètement soufflé, bluffé et  dithyrambique.

Son passage à l’Antipode est donc immanquable pour qui ne l’a jamais vue sur scène. Quant aux autres, on n’a pas besoin de leur dire de venir. On sait déjà qu’ils reviendront. Car la musique de Shannon Wright touche à l’âme. Et pas qu’à la mienne…

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A noter, la première partie sera assurée par les américains de Phantom Buffalo.

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Shannon Wright à l’Antipode – 2, rue André Trasbot, Rennes – 20h30.

Première partie Phantom Buffalo. Concert organisé par R1R2.

Tarifs : membres 15 euros – location : 18 euros – sur place : 20 euros.

2 commentaires sur “Immanquable : Shannon Wright à l’Antipode

  1. Jacques

    Effectivement, le concert de Shannon Wright était sublime. Ils ne sont que trois, mais quelle pêche ! Après coup, on a un peu le cafard car il faudra attendre un certain temps avant de la revoir dans la région….
    En ce qui concerne Phantom Buffalo, personnellement je n’ai jamais vu une première partie aussi bonne.

  2. caro

    Contente que ça t’ai plu autant que nous! Nous quand elle vient on bis avec Nantes, cette année on l’a vu aussi à St Nazaire, comme ça ça fait un peu de rab 😉
    à bientôt!

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