I’m From Rennes – Vice, Garage & Liberté

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On ne sait pas ce que les Rennais mettent dans leur garage, mais il est bel et bien sûr qu’un air frelaté de fuzz s’en dégage. Et en masse. La bouillonnante scène garage rennaise, toujours aussi agitée qu’un minot à l’approche de Noël, ne semble pas s’essouffler pour deux sous. Plus même : cette vivifiante énergie semble intarissable. I’m From Rennes rend compte de l’explosion en réunissant une bonne grosse fournée de groupes locaux pour une soirée à l’affiche dantesque. Autrement dit 9 groupes se partageant trois scènes all night long (autrement dit de 19h à 2h00). Présentation.

Vice, Garage & Liberté - I'm from Rennes 2016

The Madcaps

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On aura tout d’abord le plaisir de retrouver les énergiques Rennais de The Madcaps, toujours autant plébiscités, ici et ailleurs. Avec la sortie de leur second long format Hot Sauce cette année (Howlin Banana & Beast Records) , sans redite ni copie tiédasse des sixties, le groupe réussit une nouvelle fois le tour de passe-passe de se réinventer musicalement tout en ne trahissant pas ses influences (des Kinks aux Allah Las). Écriture moderne et production résolument soignée : Thomas Dahyot et ses comparses mêlent garage américain et beat anglais sixties avec un réel à-propos. Nul doute que leur prestation sur la scène du Liberté devrait embraser la foule comme un seul homme.

Black Boys On Moped

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Duo qui n’a froid ni aux doigts ni aux oreilles, les Black Boys On Moped dégomment quant à eux crânement tout ce qui passe entre leurs mains à coups de baguettes supersoniques et de dézingage de six cordes à toute bringue. Blues, garage, une lichée de psyché et une guitare bien crassouse : voilà en gros les ingrédients que les deux Rennais ont mis dans leur marmite bouillonnante si l’on en croit le split ep que les deux ont partagé avec Chuck Twins California (sorti en avril 2015 sur SRMC Records et en K7 chez les indispensables Ideal Crash Records). En six titres balancés à toute berzingue, avec une belle énergie et une voix qui tient la route, les Black Boys On Moped vont vous colmater les oreilles pour l’hiver.

Chouette

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On aura également grand plaisir à (re)découvrir les Rennais Chouette, programmés aux prochaines Transmusicales, et dont la bassiste n’est autre qu’Hermann Lopez (basse/chant dans The 1969 Club). Particulièrement vitaminé, le garage psychédélique du quatuor se décline sur un premier long format (formidable pochette) You don’t know why you run (2016) sorti chez Beast Records. Marquée par une voix rock particulièrement expressive, un balancement groovy bien souvent irrésistible pour se déhancher et secouer la tête en tout sens, et hurlements à la lune de rigueur, la musique de Chouette se décline ici en dix bombinettes racées. Nul doute que les hululements et les rebonds fuzzés du quatuor devraient faire tout aussi mouche en live.

Cheapster

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Tous matrus, les minots de Cheapster ont pourtant réussi à lancer moult pogos devant la scène du Binic Folk Festival en août dernier. Il faut dire que les kids n’hésitent pas à y aller pleine blinde et envoient leur garage dézingos (il y a aussi du grunge là-dedans) en hurlant parfois à qui mieux mieux, mais toujours pied au plancher. Deux eps et un album (déjà!) dans leur besace avec des titres aussi subtils que Tractopelle ou Chien de pute (sic), les gamins ne font pas dans la dentelle. Même : ils osent étirer leurs titres dans la crasse (la fin rugissante d’Einrich Fisch ou les stridences graisseuses qui vrillent Sweet Roger sur leur premier album the Pleboulle Chainsaw Massacre, sorti chez Black Totem Records fin 2015). Quitte, certes, à utiliser des recettes déjà testées par leurs aînés. Mais qu’ils découvrent avec la candeur et l’énergie de la jeunesse. Une bonne raison de ne pas bouder son plaisir.

Sapin

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Dans la famille j’envoie le bois dans le garage, on demande les Sapin (arf, elle était facile) pour continuer de porter l’ambiance de la soirée à des températures équatoriales. Désormais quatuor, les gars de Monterfil écument les caves de répètes et les salles de concert depuis avril 2012. D’abord remarqué avec un premier 45 tours One, two, Three, For sorti en avril 2013, le combo enchaîne avec un premier album Wrong Way paru en 2013 chez Beast Rds et Azbin Records, puis un second (bon) long format Smell Of A Prick (sorti en mai dernier chez les tauliers d’Howlin Banana Rds & Beast Records). Avec l’arrivée d’un second guitariste (Xavier -Regal, Skeptics, Animal Trophies, le Pêcheur,…-), les Sapin gagnent non seulement en force de frappe, mais surtout en qualité de compos. Sans oublier pour autant leur sens de la déconne. Là encore, on devrait prendre une bonne décharge à fort voltage.

Kaviar Special

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Autres hérauts rennais adulés en Bretagne et en Navarre, voire au-delà de nos frontières, Kaviar Special est l’un des chantres du garage pop, avec des compos aussi mélodiques qu’énergiques. Après un premier album déjà bien remarqué (Kaviar Special, Azbin Records / Howlin Banana Records) ou un split ep avec Regal notamment, les Rennais enfoncent le clou avec leur seconde livraison, le sobrement nommé #2 (disponible depuis avril dernier – Howlin Banana et Beast Records) avec 12 nouveaux titres particulièrement bien produits (formidable I wouldn’t touch you with a stick) à l’efficacité ravageuse. Côté influences, les Rennais se situent plutôt du côté Black Lips/Harlem/Ty Segall de la force (Highway rappelle justement fortement les hymnes du blondinet californien). D’aucuns se souviennent peut-être de leurs prestations échevelées au Binic Festival, mais également à l’Étage lors des dernières Transmusicales. On vous promet donc riffs sauvages, fraîcheur mélodique et tubes enlevés en mode effervescent.

Combomatix

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Vieux de la vieille de la programmation, les Combomatix promettent également un live plein de bruit et de sueur. Le duo actif depuis 2008, sort d’abord une poignée de eps (sans compter les splits) puis un premier album guitare-voix/batterie, Combomatix, chez le label Frantic City en 2012 avant de s’adjoindre les services d’un(e) troisième membre, Laure (from Bikini Gorge) pour assurer les claviers. Ces derniers font en effet leur apparition (bien sentie) sur leur deuxième long format, Chinese Songs For Bad Boys (paru en février sur Howlin’ Banna et Retard Records), hautement addictif. Il faut dire que les trois apaches s’y connaissent pour décrasser les conduits auditifs à coups de guitares trash, de martèlements à la puissance retorse et de claviers rétro bouillonnants. Raide, lourd, d’un ascétisme trash et percutant, le garage qui tache des Combomatix a cette intensité furibarde qui retourne une salle en deux temps trois mouvements. Vivement.

The Valderamas

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On retrouvera également d’autres poppys qui aiment fuzzer un peu le propos avec The Valderamas, mais avec parcimonie. Le jeune groupe surfe en effet sur une pop sixties tout en légèreté et en harmonies vocales, qui flirte tout autant avec la pop et la surf music justement, mais avec un goût prononcé pour la simplicité et l’accroche directe. Le trio goûte particulièrement les jolies mélodies, les atmosphères aériennes et les ballades aérées. Sûrement une belle manière de commencer la soirée en douceur avec le sourire aux lèvres.

Versatil Monster

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Il est bien normal qu’on retrouve la stakhanoviste Arthur Paichereau dans la programmation d’une fête garage de cette ampleur. Le garçon est en effet responsable de l’enregistrement d’une quantité astronomique de groupes garage d’ici (Sapin, Chouette, Kaviar Spécial, Dragster, Combomatix,…) la plupart derrière ses consoles à l’abri 101. Pour Versatil Monster, accompagné ici par Gwen Rouxel (batterie, choeurs), Arthur Paichereau se glisse derrière micro et guitare pour délivrer un rock-garage qui garde un sacré sens du groove. Les Versatil Monster ne se contentent en effet pas de dézinguer les oreilles de leurs auditeurs à coups de riffs diaboliques et fuzzés, mais se montrent bien plus curieux d’autres sonorités, parfois plus acoustiques (The First Day), souvent chaleureuses et groovy, renforcées par des chœurs énergiques entonnés à plein poumons. Ce qui promet d’encore réchauffer la soirée qui se promettait déjà caniculaire.

Christophe Brault, le John Dwyer rennais du garage chez It’s Only

2016-09Brault-alter1fo-musicmachineEn Californie, ils ont The Oh Sees. A Rennes, on a Christophe Brault. Certes, les uns jouent de la musique, l’autre écrit et raconte. Mais les uns comme les autres ont un débit de mitraillette et une envie (voire une passion) insatiable. En marge de cette soirée à l’Étage dans le cadre d‘I’m From Rennes, on retrouvera notre conférencier préféré, qu’on ne présente plus ici (ancien disquaire de l’institution Rennes Musique et chargé de cours à l’université Rennes 2 en musicologie, désormais conférencier bondissant et passionnant et également star de l’émission Music Machine sur nos pages, diffusée sur RCR/Clab), non pas pour une conférence, mais en rencontre dédicace de son excellente somme sur le garage, Rock Garage, fuzz, farsifa & distorsions (chez le Mot et le Reste)  au magasin It’s Only le samedi 23 septembre.

Autrement dit une présentation d’une centaine de groupes du genre, précédée d’une petite histoire du mouvement décortiquée avec le talent et la précision d’orfèvre qu’on connaît à Christophe (on l’a lu, c’est passionnant) et qui devrait sans peine intéresser novices et spécialistes.

Pour vous donner un aperçu, voici la présentation officielle : « Le rock garage se développe à partir de 1964 en réaction à la British Invasion des Animals, Rolling Stones ou Kinks des charts américains. L’inexpérience et la jeunesse des musiciens ainsi que leur manque de moyens les obligeront souvent à répéter et enregistrer dans le garage familial, donnant ainsi à leurs productions un son amateur, brut, sale, punk avant l’heure, que l’on baptisera garage. La démocratisation de cette méthode de production va permettre à des milliers de groupes de se former, certains d’entre eux obtenant même un hit inattendu. Le mouvement psychédélique et surtout le rock progressif mettront un terme à toute cette énergie qui réapparaîtra au début des années 1980 impulsant le courant « revival ». Une nouvelle génération (Crawdaddys, Chesterfield Kings) qui imitera dans un premier temps ses ainés avant de s’en émanciper totalement (Lyres, Miracle Workers, Cramps). Les décennies suivantes confirmeront la vitalité de cette scène qui s’étendra aussi largement en Europe et jusqu’à nos jours, le succès de la nouvelle scène garage française en étant la marque. Des Fleshtones à Ty Segall, des Fuzztones à Jay Reatard, le mouvement est devenu aujourd’hui incontournable pour tous les amateurs et autres défenseurs de guitares fuzz et d’orgues farfisa. »


I’m From Rennes présente Vice, Garage & Liberté avec les concerts de Black Boys On Moped, Cheapster, Chouette, Combomatix, Kaviar Special, Sapin, The Madcaps, The Valderamas et Versatil Monster le 22 septembre 2016 de 19h à 2h à l’Etage (Liberté Haut, esplanade Charles de Gaulle – Rennes).

19h00 : Ouverture des portes
19h30 : Début des concerts
0h30 – 2h00 : Garage Dance Party

Tarif : 9€50 (12€ sur place)

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