[Histoire] – Quand le parc des Gayeulles sentait bon le fumier de cheval !

Le parc des Gayeulles est un lieu apprécié par les amoureu⋅ses⋅x de la nature en ville. Situé sur une centaine d’hectares au nord-est de Rennes (120 ha en y ajoutant les chemins piétonniers qui le relient à la forêt de Rennes), il est le plus vaste des parcs rennais. Aujourd’hui, les Rennais⋅es se le réapproprient depuis quelques années grâce à ses nombreux équipements mis en place ou rénovés : piscine, acrobranche, brasserie, barbecues… Et depuis quelques années, il accueille le festival Quartier d’été. Mais qui peut imaginer qu’à cet endroit précis, il n’y a encore pas si longtemps, se dressait un hippodrome grandement prisé par les turfistes de la région ?
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Plan du champs de courses – Archives de Rennes – Cote 5FI156 vue 1

L’hippodrome, construit sous la mandature d’Edgar Le Bastard, fut inauguré les 15 et 16 juillet 1883(2). Les jours de courses hippiques, généralement pendant la période estivale, les Rennais et Rennaises ne boudaient pas leur plaisir de revêtir leurs plus beaux habits ou, selon l’expression d’époque, leurs plus « élégantes toilettes ». Le spectacle se trouvait aussi dans les tribunes. Toute la bourgeoisie s’y pressait volontiers : préfet, maire, députés, commissaire… mais aussi de nombreu⋅ses⋅x habitant⋅e⋅s  des communes voisines.  Des trains spéciaux des T.I.V (Transports d’Ille et Vilaine) étaient affrétés, les tramways à vapeur ou électrique étaient pris d’assaut et permettaient d’acheminer tout ce beau monde. Les voitures quant à elles se garaient le long de la rue de Fougères. On comptait parfois jusqu’à dix milles spectateurs.

Ouest-Eclair – 18/04/1932

On vantait souvent l’hippodrome comme étant l’un des plus beaux tant sur l’aspect technique que mondain(3).  Courses au trot, au galop ou courses d’obstacles, il était prisé pour l’organisation des courses réservées à la Bretagne par les Grandes Sociétés de Courses Parisiennes. On se bousculait alors aux guichets du Pari Mutuel pour prendre les paris, se délestant d’un billet de cent sous ou de cent francs, selon les moyens financiers. (NDLR : La conception du pari mutuel urbain est reconnue officiellement par un décret publié le 11 juillet 1930).

A cette époque, la ville de Rennes pouvait rayonner et être « The Place To Be » pour les manifestations hippiques de la région. Ce ne fut pas toujours le cas puisque, construit sur un terrain marécageux, le site jouissait d’une très mauvaise réputation dans le monde du turf à ses débuts ! Pour y remédier, la piste fut entièrement refaite en 1905. On en profita alors pour bâtir une tribune fixe, amélioration obtenue grâce à l’appui de Charles Oberthur, adjoint au Maire.

A noter qu’aucune réunion hippique n’a eu lieu durant la première guerre mondiale et qu’en Août 1944, le champ de courses s’est transformé en hôpital militaire de campagne.

« Dans les années 1970il était envisagé de refaire l’hippodrome, jugé trop vétuste » raconte Joël David, chargé d’odonymie à la Ville et à Rennes métropole(1). Mais le 7 novembre 1977, la nouvelle municipalité d’union de la gauche (ère d’Edmond Hervé) décida de ne pas le reconstruire. Il sera donc détruit en 1978.

Post-scriptum : il est étonnant d’apprendre également que le terrain n’accueillait pas que des chevaux mais parfois des avions ! NDDL a vraiment du souci à se faire !

Ouest-Eclair 31/08/1929

(1) : http://www.ouest-france.fr/bretagne/rennes-35000/le-parc-des-gayeulles-etait-un-hippodrome-tres-couru-3644553

(2) : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6623127/f3.item.r=courses%20hippiques%20%20gayeulles.zoom

(3) : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6623127/f3.item.r=gayeulles%20chevalhippodrome.zoom

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