Alter1fo vous propose de (re)découvrir la scène musicale rennaise à travers une chronique, hebdomadaire le plus souvent. Des talents émergent, d’autres confirment sur la scène locale. Certains les soutiennent, sortent leurs disques, d’autres leur offrent des lieux de concert, de répétition… Alter1fo donne un coup de projecteur à ces artistes, labels, lieux ou assos qui oeuvrent d’arrache-pied pour que la scène locale existe. Permettre aux acteurs et aux publics de se rencontrer, donner la parole à ceux qui font la vie rennaise, tels sont nos buts avoués. Chaque semaine, vous retrouverez donc un ou plusieurs focus sur l’un de ces acteurs…

On inaugure cette chronique avec l’un des groupes phares de la scène rennaise : Santa Cruz. On a coutume de dire à leur propos (NDLR : Et pas seulement à Rennes !) que s’ils étaient nés de l’autre côté de l’Atlantique, ils seraient très connus… Un peu cousins de Wilco, Smog ou Jason Lytle, entre pop, folk, rock et country, les Santa Cruz tracent leur sillon sans compromission avec un talent rare. Leurs compositions ont cette finesse artisanale, cette attention méticuleuse porté au son, qui loin de les faire sonner comme une énième copie, les propulsent comme chantres d’une musique moderne et sublimée. Quatre albums et un live à leur actif, des collaborations avec Archive, des membres de 16 Horsepower ou Morphine, des concerts qui dépassent les frontières de l’hexagone, telles sont les réussites dont pourrait se targuer Santa Cruz. Pour autant, les sept musiciens restent pleins d’humilité et continuent leur chemin avec intégrité. Le groupe prépare une petite tournée pour la fin du mois de juin et début juillet à Rennes et dans plusieurs villes de France. A cette occasion, rencontre avec Bruno Green qui se fait aujourd’hui porte-parole de tout le groupe.

Alter1fo : Si vous deviez vous présenter en quelques mots ou quelques lignes, que diriez-vous ?

Bruno Green pour Santa Cruz : Nous sommes un groupe de musiciens ayant pour la plupart une assez longue route derrière nous et de nombreuses expériences musicales dans différents projets dont certains remontent au début des années 80.

Dès le début, notre démarche était de se faire plaisir en jouant ensemble et de mêler tous ces acquis personnels, avant même de penser à se situer sur une quelconque scène musicale. Le premier album a suscité un intérêt que nous n’avions pas anticipé.

En quelques mots, est-ce que vous pourriez nous expliquer la genèse de Santa Cruz ?

Je venais de prendre un break musical de deux ans. En 2002, j’ai eu envie de m’y remettre… Mais pas avec mon projet solo. Je souhaitais quelque chose de plus collaboratif. J’ai appelé quelques amis et je leur ai proposé de me retrouver en studio de manière informelle et sans aucune répétition.

Après cinq jours d’enregistrement, il nous est apparu que la quinzaine de titres sur les bandes pouvaient tout à fait constituer un album. C’est à ce moment-là seulement que l’idée de groupe s’est imposée.

On parle beaucoup d’Americana à votre propos, de Bonnie Prince Billy, Bill Callahan, Calexico…etc. Etes-vous d’accord avec ces rapprochements ? Quelles sont les influences que finalement, vous revendiquez ?

On ne peut pas nier que le premier album, « Welcome to the red barn », se situait sous le signe de la folk au sens large. De Neil Young, Dylan, en passant par Bonnie Prince Billy ou Smog, que nous écoutions parmi bien d’autres. Mais on ne s’attendait pas à être classifiés aussi rapidement et aussi précisément. Pour nous, il y avait dans cet album d’autres influences moins réductrices, en particulier des influences plus rock.

A partir du deuxième album, nous avons eu de plus en plus de mal à endosser cette étiquette americana. Nous avions conçu « After supper », comme un album plus pop-rock, beaucoup plus produit, avec beaucoup d’expérimentations bruitistes ou électroniques. Nous nous sentions plus proches de Wilco ou Grandaddy que de Palace ou ou Smog. Avec le troisième album, « A beautiful life » nous avons radicalisé certains éléments, en particulier les guitares. Il semble que pour beaucoup d’auditeurs et de journalistes, le fait d’utiliser des instruments typiques de la country-folk comme la pedal-steel ou le banjo, contribue à entretenir la confusion.

Si vous deviez donner le titre de trois disques sans lesquels vous ne pourriez vivre… ? (On est d’accord, pas évident de se mettre d’accord à sept !)

Non, c’est même impossible ! D’autant plus que nous avons tous des parcours musicaux différents et des goûts, qui même s’ils se recoupent souvent, sont aussi très éclectiques. Même à titre personnel, j’aurai du mal à faire un choix, ce pourrait être le « RockBottom » deRobert Wyatt mais aussi le « Time out of mind » de Dylan ou encore le « Transformer » de Lou Reed ou le « Sketches of Spain » de Miles Davis, le « Bone Machine » de Tom Waits ou… ou… ou… Ce qui est certain, c’est qu’aucun d’entre nous ne pourrait vivre sans musique.

Vous vous produisez sur plusieurs dates fin juin et début juillet, en Bretagne, mais aussi  dans plusieurs villes de France (Paris, Orléans, par exemple). Pourriez vous nous en dire quelques mots ? Tous ces concerts seront-ils acoustiques ?

Une partie des dates sera en acoustique, c’est une formule que nous avons développée depuis 2008, suite à une demande particulière du Festival des Tombées de la Nuit. Nous la réservons généralement à des petits lieux qui permettent proximité et convivialité avec le public. Nous aurons quelques autres dates en formule électrique qui convient mieux à des scènes plus importantes notamment les festivals.

Sur la scène rennaise, comment vous situez vous ? Etes vous en contact avec d’autres artistes rennais ? Desquels vous sentez vous proches ?

Pour évoluer depuis longtemps au sein de la scène rennaise, il est certain que nous y comptons beaucoup d’amis, pas forcément en fonction du genre musical d’ailleurs. On pourrait citer les Bikini Machine, Montgomery, Laetitia Sheriff, Leo88man, Tonio Marinescu, Dominic Sonic. Rennes a toujours été et reste une ville privilégiée, très cultivée musicalement.

Par le passé, vous avez mis en avant votre positionnement militant en donnant une tribune à des associations telle « Oxfam », « Agir ici »… lors de vos concerts ? Qu’en est-il aujourd’hui ?

Les choses n’ont pas changé et l’état du monde pas moins préoccupant. On se sent tout autant concernés, mais on a pu constater qu’il est parfois difficile de mélanger musique et engagement social ou politique. L’idée n’ayant jamais été de se servir de la scène comme d’une tribune, on a choisi de se concentrer sur la musique et se la jouer modeste sur le discours. Être musicien aujourd’hui est déjà un engagement en soi.

Après cette série de concerts, quels sont vos projets, vos actualités ? Un nouvel album en préparation ? D’autres sessions live ?

L’idée est d’enregistrer un nouvel album d’ici le printemps 2011. Nous avons été sollicités pour une collaboration avec l’Orchestre National de Bretagne, il est donc probable que les deux seront liés et présentés à partir de l’été. Il ne faut pas oublier aussi que Santa Cruz n’est pas une activité musicale unique, nous avons pratiquement tous de nombreux autres projets musicaux.

Et puis, pour finir, on ne peut pas résister à la poser celle-là… Pourquoi une poule sur la pochette du dernier LP ?

Johann Buffeteau (par ailleurs musicien de Montgomery), le graphiste qui a réalisé la pochette nous avait fait plusieurs propositions dans des directions différentes, il se trouve que c’est celle-ci qui a recueilli le plus de suffrages au sein du groupe. Aussi simple que cela et il n’y a pas de message particulier…

Juste que ça nous semblait être en phase avec les séances d’enregistrement que nous venions de passer dans la campagne bretonne.

Merci beaucoup pour cette interview ainsi que pour votre disponibilité et votre professionnalisme.

Santa Cruz sera en concert à Rennes au Dejazey en session acoustique les 29 et 30 juin à partir de 21h. Vous pourrez aussi les retrouver à Nantes les 26 juin et 1er Juillet. Ils seront ensuite dans d’autres villes plus lointaines. Vous pouvez consulter ces dates sur leur myspace (http://www.myspace.com/themusicofsantacruz).

Retrouvez toutes nos interviews-focus sur la scène rennaise ici

(Santa Cruz, La Terre Tremble !!!, Lady Jane, Fago.Sepia, Band of Ghosts, le pôle musiques actuelles du CRIJB, Manceau, Nola’s noise, Wesson Maespro, Get Flavor Records, Idwet, les Disques Normal, Mekah, Dj Netik, La Corda, Eat your toys, Théo Gravil, Simba, Shtok, Spash Wave, Monkey & Bear, Mess Zero, Regïs Boulard, Le Bocal, We only said, Deejay Ober, Makassy, Skap’1, I&A, The Last Morning Soundtrack, Alee, Garbo, Russian Sextoys, Ladylike Lily, Missing Girl, Zaïba…)

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Pour en savoir plus :

Myspace de Santa Cruz : http://www.myspace.com/themusicofsantacruz)

Des vidéos du groupe, notamment leurs prestations lors des Transmusicales il y a quelques années, avec, excusez du peu, Billy Conway (Morphine) & Pascal Humbert (Woven Hand, 16 Horsepower) entre autres. C’est là : http://www.youtube.com/user/BrunoGreenMovies#p/c/55CBC7E3CFB25196/5/yoaTtGLv5jY