Focus sur la scène rennaise – Pop is Dead en interview

Alter1fo vous propose de (re)découvrir la scène musicale rennaise à travers une chronique, hebdomadaire le plus souvent. Des talents émergent, d’autres confirment sur la scène locale. Certains les soutiennent, sortent leurs disques, d’autres leur proposent des lieux de concert, de répétition… Alter1fo donne un coup de projecteur à ces artistes, labels, lieux ou assos qui œuvrent d’arrache-pied pour que la scène locale existe. Permettre aux acteurs et aux publics de se rencontrer, donner la parole à ceux qui font la vie rennaise, tels sont nos buts avoués. Chaque semaine, vous retrouverez donc un ou plusieurs focus sur l’un de ces acteurs…

Pop is Dead PochetteDe la pop, c’est surtout de ça dont il est question avec le projet solo d’Eric Brousseau, l’ironiquement nommé Pop is Dead. Un amour évident pour les mélodies et un souci des harmonies s’illustrent ainsi en 14 titres sur une première galette autoproduite, and everyone will know that -, sortie en décembre dernier. On y découvre des chants qui se superposent sur des arrangements à la guitare sèche, au ukulélé, au marimba ou autre tambourin que le musicien (qu’on a déjà croisié aux côtés de Bertram Wooster) a produit tout seul. Une instrumentation essentiellement folk, donc, mais toujours dévouée chœurs et âme au service de la pop. Rencontre.

Pop is Dead - copyright Gaëlle EvellinAlter1fo : Si tu devais présenter Pop is Dead en quelques mots ou quelques lignes, que dirais-tu?
Eric aka Pop is Dead : Je suis un musicien de bientôt 30 ans, sur Rennes depuis une dizaine d’années. J’aimerais me définir comme un « songwriter »… En tout cas c’est ce que j’aime faire par-dessus tout : créer des chansons.

Comment en es-tu arrivé à ce projet ? Tu joues dans d’autres formations ? Tu nous as notamment parlé de Bertram Wooster. Quelle est la genèse de Pop is Dead ? Ca existe déjà depuis quelques temps, non ?
Pop is Dead c’est un projet qui est né en 2007. Ça faisait déjà plusieurs années que j’écrivais des chansons dans mon coin, mais c’est à ce moment-là que j’ai commencé à me construire un home-studio et à m’enregistrer. Avant ça je composais des musiques dans des genres assez variés (parfois très pops, parfois avec des textes en français etc…). Mais là j’ai essayé de partir sur une voie cohérente, ayant une réelle identité… Le concept initial était de faire des chansons très folks et très directes, en cherchant une certaine originalité notamment avec le chant.

La rencontre avec Olivier, le « cerveau » de Bertram Wooster, s’est faite un peu plus tard, fin 2008. On a chacun découvert la musique de l’autre via Myspace. Suite à ça on a tenté de jouer un jour ensemble et ça a bien collé. Depuis je fais partie du groupe Bertram Wooster qui est composé sous sa forme actuelle de six musiciens. C’est une belle expérience de partager la musique avec d’autres musiciens… Ça me change de mes expérimentations solos avec Pop is Dead !

Bon, tu es sacrément ironique avec ton patronyme. Parce que si l’instrumentation est peut-être plutôt folk (tambourin, guitare acoustique, melodica, ukulélé ou autres toy piano), ta musique cultive un vrai amour des mélodies et des harmonies. Ce qui semble encore confirmé par une intro à la Grandaddy sur The way par exemple. Il va donc falloir que tu nous expliques le choix de ton nom…
Le début de ce projet ça a été une sorte de transition pour moi : je tournais beaucoup autour de sonorités très pops dans mes compositions, et j’ai eu envie d’en finir avec tout ça… Même si je sais que je reste fortement influencé par ce genre musical, c’était l’idée au début. Et puis ça collait bien je trouve avec l’esprit que je voulais insuffler sur les chansons. Et dernière chose c’était évidemment un petit clin d’œil à un groupe bien connu d’Outre Manche que j’ai beaucoup écouté à un moment.

Grandaddy - SophtwareSlumpOn a parlé de Grandaddy, on pourrait également parler d’ambiances sautillantes à la Tuung ou Clap your hands and say Yeah ! Tu es d’accord ? Comment qualifierais-tu ta musique de ton côté ? Quelles sont les influences que tu revendiquerais ?
Oui j’aime beaucoup les deux groupes dont tu parles ! Quand j’ai découvert Clap your hands say Yeah ça a été une grosse claque pour moi. C’est un des groupes qui ont fortement influencé ce projet, je ne sais même pas si Pop is Dead aurait eu le même visage sans cette découverte. Il y en a eu d’autres… Je voudrais notamment citer un artiste lyonnais peut-être un peu moins connu, François Virot, qui a lui aussi eu une bonne influence sur la forme actuelle de ma musique.

Pourquoi as-tu eu envie d’utiliser pas mal de toys instruments dans tes chansons ? C’est pour les sonorités ? Pour un côté lo-fi, pop bricolée DIY ?
Il y a déjà une question de moyens : quand j’ai commencé à m’enregistrer je n’avais pas forcément beaucoup d’instruments. Du coup peut-être parce que c’était le plus simple je me suis entouré de petits instruments jouets comme un ukelele ou un carillon. Et en même temps je trouvais que c’était un bon défi de trouver les plus belles sonorités possibles en bricolant avec des moyens limités.

Trois disques sans lesquels tu ne pourrais pas vivre ?
Question difficile… Allez je vais dire les 3 albums qui me viennent là :

Grandaddy – The sophtware slump: magnifique album. J’ai été super fier de participer à l’album de reprises qui a été lancé en 2011 par le site A découvrir absolument, et très content de voir Jason Lytle à la Route du Rock il y a quelques jours !

Nous aussi !!

Radiohead – OK Computer : pas forcément original comme choix… Mais en même temps avec ce disque ils ont quand même atteint des sommets…

team-me-to-the-treetopsTeam Me – To the Treetops : c’est plus récent, un groupe que j’ai découvert l’année dernière. Cet album est énorme, une sorte de mix parfait de groupes que j’aime beaucoup (Sigur Ros, Animal Collective, I’m from Barcelona …). Je conseille à tous ceux qui ne connaissent pas encore d’écouter !

Comment composes-tu ? Tu as tout fait tout seul sur l’album ?
Depuis que j’ai commencé à faire de la musique (au début du lycée) j’ai toujours trouvé des musiques assez facilement. Des mélodies me viennent rapidement quand je joue de la guitare, du ukulele… Ensuite l’étape d’écriture du texte est un processus un peu plus long et difficile pour moi, mais je finis en général par y arriver !  Pour les arrangements oui, sur cet album, j’ai souhaité tout réaliser moi-même. C’était important pour moi, cet album symbolise un peu dans mon esprit la naissance « officielle » du projet, et jusqu’à maintenant Pop is Dead ça a toujours été un concept personnel. Mais j’ouvrirai peut-être un peu pour les prochains albums… Ça peut être sympa aussi de partager ses idées avec d’autres musiciens !

Tu as donc sorti un album Pop is Dead – and everyone will know that – en décembre dernier qui a entre autres pour mérite de faire preuve d’une réelle homogénéité dans la qualité de l’ensemble. Quelles étaient tes envies avec ce disque ?
J’avais envie de rester dans l’esprit initial du projet, avec des sonorités exclusivement acoustiques. L’aspect « bricolage » de chansons avec les moyens du bord comme je te disais, c’est ça que j’ai voulu faire ressortir dans mon premier album. Mais pour la suite je pense que j’irai voir un peu ailleurs, mon son sera teinté d’autres sonorités. J’aime bien l’idée d’avoir une ambiance bien déterminée sur un album, mais aussi que cela évolue d’album en album, qu’on sente une progression.

Tu as tout enregistré à la maison ? Comment s’est passé l’enregistrement ?
Pour cet album j’ai déjà compilé des enregistrements que j’avais faits pour Pop is Dead depuis quelques années. Et puis j’ai fait des sessions un peu plus intensives d’enregistrement et de mixage en 2012 pour finaliser tout ça. Tout s’est fait à la maison : on a vraiment cette chance là désormais de pouvoir très facilement enregistrer ses propres morceaux chez soi, les publier sur internet… Et tout ça même si on ne connaît personne dans le milieu ou qu’on n’a pas de label derrière soi. La création musicale est à la portée de tous!

C’est Bruno Green qui a fait le mastering du disque. Pourquoi as-tu choisi de faire appel à lui ?
C’est le bouche à oreille qui a joué. On m’a conseillé de faire appel à lui pour le mastering car son boulot est de qualité et qu’il est très à l’écoute de l’avis des musiciens. Je n’ai pas été déçu, ça a été super de travailler avec lui. Et puis même s’il vit maintenant au Canada, je trouvais ça bien aussi de faire masteriser cet album par un Rennais… comme toutes les chansons ont été composées et enregistrées dans la région rennaise, la boucle était bouclée en quelque sorte.

Bertram Wooster PopetrySur la scène rennaise, comment te situes-tu ? Es-tu en contact avec d’autres groupes ou artistes rennais ? Desquels te sens-tu proche ?
Je suis évidemment proche du groupe Bertram Wooster… Mais sinon je ne suis pas forcément en contact avec d’autres groupes renommés sur Rennes. Comme beaucoup de gens je pense, j’ai eu un gros coup de cœur l’année dernière pour Mermonte. C’est une très belle révélation.

Bon, il faut peut être aussi qu’on parle un peu de ton frère, c’est l’occasion ! Qui semble fan de Sparklehorse et fait également des disques, mais à Lyon. Tu nous racontes ?
Pour la petite histoire on est frères … jumeaux. Donc c’est pas non plus un hasard qu’on fasse tous les deux de la musique. Son projet s’appelle More Yellow Birds. C’est dans un style un peu différent du mien, moins « guilleret » si je peux dire, plus intimiste. Ses chansons sont très émouvantes en tout cas. Je conseille fortement l’écoute de son dernier EP « Remember the ocean »[c’est là ]

Pour finir, quels sont tes projets à venir ? Des dates de concerts peut être ? Y a-t-il des choses que tu voudrais souligner particulièrement ?

L’avenir pour moi c’est continuer à se faire plaisir avec la musique. On essaie de trouver des dates avec Bertram Wooster actuellement, parce qu’après pas mal de travail on arrive à avoir un set bien en place qui vaut vraiment le détour je pense. Et puis pour Pop is Dead je commence à travailler sur de nouveaux morceaux, en vue de sortir un deuxième album. C’est surtout ça qui me motive actuellement.  Mais si jamais j’ai des propositions pour jouer à l’avenir dans de beaux endroits pour Pop is Dead, ce sera également avec plaisir !

Merci !!

Photo live : Gaëlle EvellinUn grand merci à elle

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Bandcamp de Pop is Dead : http://popisdead.bandcamp.com/album/and-everyone-will-know-that

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