Fiesta taille YYL au Jardin Moderne

La première édition du YYfest, festival dédié à l’esprit Do It Yourself et aux initiatives sociales, avait lieu samedi 19 janvier au Jardin Moderne à Rennes. On y a rencontré des gens éminemment sympathiques, bu de la «couille de loup», admiré de splendides sérigraphies, mangé des clémentines hors catégorie et enquillé sur un rythme d’enfer une dizaine de concerts d’un niveau stratosphérique. Une soirée qui restera définitivement dans les annales.

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Nous ne serons pas arrivés suffisamment tôt pour faire le tour complet de la multitude d’ateliers proposés à partir de 17h00 au Jardin Moderne. Nous aurons tout de même eu le temps d’admirer la mirifique récolte nécessaire à la préparation de la Disco-soupe et les très belles expositions d’affiches d’Arrache toi un œil et Claude Autret. Nous aurons surtout bavardé avec le collectif Tomahawk. Ce groupe de musiciens a monté ce projet pour venir en aide aux nombreux groupes débutants des environs, dans un esprit d’alternative aux circuits plus classiques. Mutualisation de réseaux et de compétences, tour, organisation de concerts… les gars ont plein de choses à partager.
Ces gens ont de la verve, de l’entrain et savent recevoir, puisque nous avons eu droit à un verre de Couille de loup, la délicieuse bière brassée dans la ferme où ils ont leurs locaux. Avec un tel accueil (et surtout avec une démarche aussi sympathique), on risque bien de vous en reparler prochainement.

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On ressort prendre l’air (très) frais pour faire valider nos billets. Comme annoncé, la soirée est très vite complète et les imprudents étant venus sans réservation n’ont plus qu’à retourner à la maison. On grelotte franchement en piétinant devant la petite caravane de la billetterie mais nous allons vite avoir occasion de nous réchauffer.

La partie musicale de la soirée se joue dans un étourdissant jeu de ping-pong entre la scène face au bar et la salle de concert. Le planning des concerts de la soirée est rapidement affiché et nous découvrons avec douleur que certains des concerts ont des horaires se chevauchant. La perspective d’avoir à choisir entre Fago Sépia et Birds In Row ne nous enchante guère. Finalement, le petit décalage de rigueur sur les horaires prévus, nous aura permis de voir presque tous les concerts jusqu’au bout, sans louper guère plus que les premières mesures du suivant.

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Placer un groupe de hip hop pour introduire la horde de guitares et de batteries qui va déferler ce soir, c’est assez culotté. Pourtant c’est le duo de MC : Alivekill qui ouvre le bal. Passé la première déception de voir qu’ils se produisent avec machine et bassiste, mais sans les deux batteurs et la guitariste qui parfois les accompagnent, on se laisse tout de même charmer par leur flow acide et leur gouaille sombrissime. Conscient du décalage de leur présence, ça vanne gentiment les fans de post-rock et les goths, mais les gars savent se mettre tout le monde dans la poche avec une reprise lancinante du ténèbrissime Bela Lugiso’s dead de Bauhaus. Une prestation qui manque un peu de variété, dans un tempo plutôt «Dolce ma non troppo», mais qui remplit parfaitement sa mission de mise en condition pour la suite.

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Pas facile d’être des gars directs dans une soirée où les batteurs ont trois bras et les guitaristes 11 doigts par main. Pas facile de faire du simple hardcore quand même les plus poppys des collègues font dans l’alambiqué. Direwolves fait ce qu’il a à faire, bien, sans plus. La scène est trop petite pour eux. 5 membres ! Quand les paires guitare-batterie font bien baisser la moyenne. Alors le brailleur à barbe et bonnet (comme la plupart de ses camarades, tiens, sauf le gars à capuche) descend dans le public pour se faire de la place. On voudrait pareil pour les compos. On a envie de vous suivre. Le groupe n’a que 3 ans. Élargissez les mecs. Ramenez des ingrédients bizarres. On veut vous revoir.

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Dans une programmation où on a déjà vu (et apprécié) une grande partie des groupes, on porte une attention toute particulière aux nouveaux venus. Le duo guitare/batterie John Makay faisait partie de ceux-là. On savait par quelques vidéos consciencieusement matées en préparation de la soirée que les deux gars étaient très forts mais on est toujours surpris par l’écart d’impact entre l’écran et la scène. Techniquement les deux picards sont très très impressionnants. Ça tricote dur sur le manche, comme derrière les futs. Ça virevolte dans tous les sens pour notre plus grand plaisir. D’autant plus que les gars ont un spectre beaucoup plus large qu’on ne le soupçonnait. Ils sont aussi à l’aise sur un math rock incisif que sur des parties plus jazz-rock. Un set très varié et totalement captivant. D’autant plus que les gars sont ravis de l’accueil qui leur est fait et qu’ils n’hésitent pas à donner des explications plus ou moins facétieuses sur leurs morceaux.

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Les suivants, on les attendait de pied ferme. Le trio Papaye nous avait déjà bien scotché lors d’une mémorable soirée en ce même lieu en avril 2011. Nous trépignions donc d’impatience de reprendre en pleine face la bouffée d’énergie dévastatrice dégagée par le trio. Pas de soucis, les gars n’ont rien perdu de leur pep’s. JB, le batteur extraterrestre martèle toujours ses futs avec une puissance et une précision diabolique pendant que les deux guitaristes se livrent avec délice à un ébouriffant jeu de contre-braquages virevoltants. Du rock tortueux certes, mais surtout vivifiant comme un plongeon en mer du Nord. Comble du plaisir, si on retrouve avec un plaisir intact les imparables Rabbit Krueger ou Watermelon frappé, issus de leur ébouriffant premier album : La Chaleur, les zigues sont venus avec une pelletée de nouveaux morceaux qui laissent augurer du meilleur pour leur second album, actuellement en cours d’enregistrement. Les zébulons survoltés enchainent pas moins de 16 morceaux en une demi-heure d’un concert étourdissant. On en réclamerait bien plus mais on sait que le batteur remet le couvert très vite avec les tout aussi ébouriffants Pneu un peu plus tard dans la soirée.

Dommage pour Splash Wave mais encore étourdis par les fulgurances des fruits exotiques, on restera sur place se désaltérer et bavarder un peu. Le rythme impitoyable de la soirée fera donc que quand nous levons le nez, il est déjà l’heure que se dévoile le groupe surprise de la soirée.

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Les fins connaisseurs de la scène noisy/math/indy-rock du grand ouest l’avaient sans doute venu venir par recoupement avec la programmation, ce sont les Fordamage qui jouaient les guests mystérieux. Là encore, le souvenir ému d’un bouillonnant concert à la Bascule, en mai de l’année dernière, laissait supposer que l’on allait à nouveau passer un très bon moment. Hypothèse vite validée puisque le quatuor nantais met rapidement tous les potards dans le rouge. Ça joue vite, fort et avec une furie contagieuse. Les morceaux amples et exaltants de leur dernier album : Volta Desviada, comme Sleeping on a flag ou le terrible The Border font merveille. Un concert rageur mais aussi généreux, festif et collectif. Ils invitent le temps d’un morceau les Fago Sepia et terminent le set dans la salle et sous les cotillons devant un public conquis.

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A enquiller comme ça mine de rien des prestations de ce niveau, on commence un peu à se demander si on ne rêve pas. On redescendra, à peine, de notre nuage avec la suite. Non pas que Pneu livrera une mauvaise prestation mais juste parce qu’ayant tardé à bouger, nous nous retrouvons un peu loin de l’épicentre du tremblement de terre. En effet JB et son complice Jérôme à la guitare, jouent comme à leur habitude au milieu du public et nous n’arriverons guère à nous rapprocher, tant le public forme une masse compacte devant le bar. Comme on les a déjà appréciés à plusieurs reprises et que le plaisir d’écoute de leur déflagrations supersoniques est grandement atténué par la distance, nous décidons de la jouer tactique. Après avoir tout de même pris le temps de se prendre une dose de décibels raisonnables, nous retournons prestement dans la salle de concert pour ne rien louper du groupe qui a récemment affolé nos radars avec un nouvel EP tournant en boucle sur nos ordinateurs.

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Après le tsunami sonore délibérément catapulté dans nos oreilles par Pneu, on retourne à des mers faussement plus accalmies avec le début de la prestation des Rennais de TotorRo. Tout jeunots mais déjà auteurs d’un premier album All Glory To John Baltor en 2011, TotorRo cristallise une bonne partie de nos espoirs pour cette année 2013 avec un nouvel album dont on attend la sortie avec une impatience qui frôle l’indécence. TotorRo entame son set avec un titre de son dernier ep en date. On commence par  plonger en douceur dans cette intro de post-rock cotonneux. Et premier constat : le quatuor, tout minot qu’il soit, sait poser les ambiances en trois mesures. Mais surtout, se montre sacrément habile dans son art des ruptures et des changements de rythmes. Des morceaux à tiroirs, qui changent de direction constamment sans jamais perdre l’auditeur en route. Des montagnes russes qui vous roulent au bas de collines ambient en douceur et vous catapultent d’un coup de parachute ascensionnel sur des sommets déchiquetés en quatre accords vrillés de guitare. L’art des montées en puissance de ces gamins est sublimé de bout en bout du set et on ne boude pas notre plaisir. Au final, une prestation de fort bonne augure pour la suite des aventures du quatuor.

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Quand Birds In Row démarre son set dans le café culturel, on a déjà pas mal navigué et la barre s’est retrouvée très très haute pour faire encore chavirer nos petits cœurs. L’a-priori positif est au maximum, because album absolument fabuleux sorti quelques mois plus tôt (et distribué par Throatruiner). Les trois gars donnent tout. Le bassiste surtout à son ampli. Bart gueule, gratte, parle un peu entre les titres. Mais tout ce qu’il sait faire, ce qui rend cette musique unique et référencée en même temps ne sort pas entièrement de la sono. Quand on a la violence et la finesse, c’est pas facile à rendre pour les oreilles. Mission accomplie pour le skeud. Pour le live, ce soir-là n’était pas forcément la bonne pioche. Problème de contraste avec les prédécesseurs ? Vivement la prochaine fois.

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Fago.Sepia enchaîne dans la salle de concert, et là, franchement, on s’avoue officiellement bluffé par la qualité musicale hors pair de la soirée. Bon, certes, les Fago.Sepia, on les aime d’amour, et ça depuis la première écoute. Mais quel concert, mes amis. Tricots de guitares en cordes serrées, batteur aussi implacable qu’impeccable, des idées à revendre, et tout cela, au service de mélodies aussi exigeantes qu’évidentes. Autant dire qu’on en prend plein les oreilles de classe intégrale. Le bassiste qui a rejoint la formation il y a peu n’est autre que l’un des membres de TotorRo (l’un des deux guitaristes) et il s’intègre sans aucun mal à la fine équipe. On applaudit une nouvelle fois l’indéniable talent des Fago.Sepia qui nous auront (encore) mis à genoux de bout en bout d’un set insolent de maîtrise. Non, mais quelle soirée, quand même…

La qualité ahurissante des neuf concerts que l’on vient de s’engouffrer n’aura finalement qu’une conséquence fâcheuse, c’est celle de ne pas nous laisser assez de jus pour avoir la force d’aller voir l’ultime concert : Seal Of Quality. Après ce qu’on avait en vu à la Bascule en septembre dernier, on ne doute pourtant pas un instant que le monsieur a conclu brillamment, mais le rythme diabolique de la soirée aura eu raison de nos forces.

Merci à tous les participants, artistes ou associatifs, à tous les organisateurs et tout particulièrement à Vincent Hejduk d’avoir permis une telle réussite. Une soirée intelligente, collective, généreuse, aussi réjouissante pour les yeux, les oreilles que pour le cerveau… ce n’est pas si commun. On souhaite de tout cœur que d’autres endroits se saisissent à bras le corps de cette très belle proposition pour que d’aussi épatants YY fests fleurissent un peu partout.

Une soirée à 11 groupes, ça valait bien la coopération des compères Isa et Fix. Merci aussi à eux.

2 commentaires sur “Fiesta taille YYL au Jardin Moderne

  1. isa

    et les photos de Caro et les bières de Yann et Solène aussi 😉

  2. Fix

    Et le chat du mec à la porte.

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