Entretien avec Celso Piña, cumbiero mexicain, au Grand Soufflet

DSC06502Le vendredi, c’est soleil et cumbia au Grand Soufflet: le grand accordéoniste Celso Piña, au détour d’une tournée européenne, vient nous voir sous le chapiteau pour un concert annoncé incandescent. À quelques minutes du feu d’artifice, nous bavardons quelques minutes avec le bonhomme.

alter1fo: Tu as commencé dans les années 80, non?
Celso Piña: En fait, c’était un peu avant, vers 1965, mais j’ai enregistré mon premier disque dans les années 80. C’est sorti là-bas en 1981 et après, ça a été succès sur succès. Non, je rigole. Après j’ai été mis au frigo, comme on dit. Mon label n’a rien sorti ensuite pendant quatre ans. On avait des divergences de goût. Ça a pas toujours été facile, mais bon, il y a eu plus de joie que de tristesse! Donc ça été une pierre sur mon chemin musical, mais après j’ai enregistré et enregistré, et voilà…

Tu es porté sur les mélanges, je crois…
J’ai commencé avec une cumbia très puriste. La cumbia « autochtone », proche de celle de Colombie. Mais moi, au Mexique, à Monterrey, je n’avais pas beaucoup de diffusion, les gens ne l’acceptaient telle quelle…Le truc, c’est qu’à Monterrey, ça joue beaucoup d’accordéon; mais de style norteño, corrido, polkas, tout ça…Et moi, ma cumbia, elle était limitée à certaines choses, c’est tout. Donc il a fallu que j’introduise du mélange, de la fusion, j’ai donné un peu d’agressivité à ce que je jouais pour que les gens la comprennent. Donc j’ai joué avec Julian Villareal, l’ancien bassiste d’El Gran Silencio. Je lui ai dit que je trouvais tout ça un peu statique, on a fait des tests de son, on a mis de la distortion sur la guitare, de la batterie…Et en 2001, on a sorti « Barrio Bravo ». Il a eu du succès, les gens ont mieux compris, ça m’a ouvert un éventail de possibilités et depuis on joue comme ça. Après on a joué en Colombie, les gens me disaient: « Qu’est-ce que tu vas faire en Colombie? Tu vas leur vendre du chili? ». Et je leur ai répondu « oui, papa, mais du chili farci avec de l’amour et du rythme! ».

Et comment ça t’a pris de t’intéresser à la musique colombienne?
Là où je vis, c’est un mont en forme de cloche. Papa nous a amené aux bordures de cette cloche. Et sur une esplanade, il y avait un rassemblement avec de la musique colombienne, je me rappelle très bien. L’accordéon, le rythme, les paroles, ça ma plu. J’ai commencé à jouer, et personne ne jouait ça dans tout le Mexique. Ou des trucs plus simples qui me plaisent pas. Au début, je jouais avec mes frères.

Qu’est-ce que tu penses de tout ce mouvement autour de la cumbia, partout en Amérique latine?

Ça nous ouvre les portes, à nous les anciens rumberos. C’est une bonne période, où l’on peut exposer nos recherches musicales à d’autres gens, à d’autres pays.DSC06493

Pourquoi on t’appelle le cacique de l’accordéon?
Je préfère quand on m’appelle le « rebelle de l’accordéon », mon autre surnom, parce que « cacique », ça a une autre connotation en Colombie. À un festival de musique colombienne, l’organisateur m’avait demandé une liste de chansons à jouer: ça, ça et ça. Et comme c’était le chef, tous les groupes jouaient les mêmes trucs. Et quand ça a été mon tour, je lui ai dit: « mais ces chansons, ils les ont déja jouées! ». J’ai pris la liste, j’en ai fait des boulettes de papier, je les ai jetées. Et je lui en ai mis une. Non, je plaisante. Je lui ai dit que je jouais ce que les gens veulent. Et ils m’ont appelé le rebelle de l’accordéon.

Avant de nous quitter, Celso nous raconte, hilare, comment il a fait danser Gabriel Garcia Marquez à une présentation d’un livre. Demain, il enchaînera avec des concerts à Bilbao, au womex, puis aux Etats-Unis et au Mexique. Visiblement pas fatigué, arrivé de Bruxelles hier soir et deux petites heures de sommeil, il vous attend sur scène; ne le manquez pas!

Celso jouera ce soir sous le chapiteau du Grand Soufflet, place du parlement, à 20h30.

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