Embellies 2016 : un final éclectique et réjouissant @ Le Jardin Moderne

Cela fait quelques années que l’association Patchrock propose une affiche particulièrement soignée lors de son incontournable festival des Embellies. Mais à la découverte de la programmation de ce samedi 5 mars au Jardin Moderne, on s’était interrogé sur l’enchainement audacieux de styles musicaux radicalement différents. Une soirée foutraque sur le papier mais diablement cohérente au final. Seul bémol de la soirée, la (trop) faible affluence, étant donné la programmation de qualité proposée.

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Les réjouissances débutaient par le duo guitare-batterie de Quadrupède, astucieusement placé au cœur de la salle de concert. Même si ce n’est plus frappé du sceau de l’originalité, on apprécie toujours autant cette proximité avec un line-up épuré. Des compos à la sauce math-rock bien trousées, avec des nappes synthétiques, qui même si elles se révèlent un peu trop présentes parfois, ont le mérite d’amener quelque chose de nouveau. Et puis le brio des deux musiciens, à grands renforts de tapping sur la six-cordes et d’un furieux jeu de batterie, permet de lancer idéalement la soirée.

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On attendait beaucoup de Julien Sagot, notamment depuis son deuxième album Valse 333, et la singularité de ses chansons délicieusement barrées. Après un premier quart d’heure un peu bancal et poussif (petits soucis techniques), le trio retrouve le fil, ou plus exactement la Ficelle. Ce titre symbolise exactement l’univers légèrement déjanté du gus, avec les chœurs altiers improbables de la claviériste, la voix grave et éraillée de Julien, et les touches de steel drum donnant la couleur aux morceaux. Et les textes sont un régal à écouter, entre douceur (Katheline) et contraste (l’étrange et savoureux Transsiberien). Le trio laisse en route quelques bidouilles sonores de l’album mais cela ne gâche en rien notre plaisir. On regrette juste la légère saturation des nappes de claviers qui couvraient à l’excès la voix (et les textes) de Julien Sagot. Un set qui aura eu le mérite de nous donner envie de replonger dans les albums.

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La grosse claque de la soirée n’était pas forcément celle qu’on attendait. Ropoporose sur album, c’est bon, c’est même très bon. Elephant Love, sorti il y a quelques mois chez Yotanka/Differ Ant, regorge de pépites indie pop. Mais sur scène, le duo formé par Pauline (guitare, chant, percussions, clavier) et son frère Romain (batterie, chœurs, guitare) se révèle être beaucoup plus furieux. Le chant de Pauline est rageur, son jeu de guitare beaucoup plus brut que sur album. Et que dire de son jeu fiévreux sur percussions en parfait complément du martelage de fûts de son frangin. Elle utilise le looper juste ce qu’il faut, le son est nickel, et on est bluffé par l’étonnante maturité de cette toute jeune femme (18 ans !). Et puis cette réjouissante complicité au sein de la fratrie ne fait que décupler notre bonheur de les voir évoluer sur scène. On vous conseille d’aller jeter deux oreilles attentives à leur excellent album et de ne pas manquer leur prochain passage en live.

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La soirée s’achève sur le duo Milan (chant, batterie) devant un public clairsemé. Ca démarre très fort avec Shout Out My Name : dub en arrière-plan sonore, flow rageur de Corentin, et batterie échevelée. On est un peu déconcerté au départ par le mélange de post-punk, de dub virant à l’electro, voire de hip-hop. Mais on se laisse progressivement gagner par l’énergie communicative de Corentin, véritable performeur, littéralement habité. Du post-punk glacial au dub métallique, le duo délivre un set littéralement habité, ce qui n’est pas une mince affaire devant les rangs clairsemés qui leur font face. Même si l’on a une nette préférence pour les titres chantés en français (Signal Premier), l’ensemble se révèle être original et ambitieux. Une très belle manière de conclure cette magnifique édition des Embellies. A l’année prochaine !

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