Embedded n°9 : les petits chantiers de Møller Plesset

Le label rennais In My Bed sortira le 26 octobre 2013 sa 13ème référence : Embedded, une superbe compilation gravée sur vinyle. Elle regroupe bien sûr les formations présentes sur le label, mais aussi toutes celles qu’ils aiment dans Rennes. La sortie du disque sera dignement fêtée le samedi 26 octobre au Jardin Moderne lors d’une soirée gratuite où vous pourrez acheter cette merveille et voir les 13 groupes présents sur le disque : Formica, 13th Hole, Sudden Death of Stars of Stars, Mozzarrela’s Funeral Parlor, Downtown Cuckoo, Mistress Bomb H, Saïtam, Laetitia Shériff, Møller Plesset, Chatterbox, Lonely Tunes, Santa Cruz et Prosperi Buri.
Alter1fo participe à la fête en vous proposant les 13 interviews des groupes de la compilation, accompagnées des titres inédits gravés sur la compilation.

La qualité de leurs trois disques et de leur concert et leur longévité, leur ont valu aux Møller Plesset une place toute particulière dans le cœur de nombreux amateurs de musique bruyante et incisive. Nous en faisons partie et sommes donc particulièrement ravis d’avoir eu l’occasion de causer avec la moitié du quatuor : Fred Sorgnard et Thomas Le Corre.

InMyBed-JardinModerne-291011-24Alter1fo : Dans votre bio, vous situez le début de Møller Plesset en 1996. Comment on fait pour prolonger l’envie aussi longtemps ?

Fred : Je sais pas… Apparemment faut pas trop répéter visiblement. Faut pas faire trop de disques. (Rires)

Thomas : Faut pas avoir une activité débordante.

Fred : Et puis surtout, c’est parce c’est bien. On est content de jouer ensemble. Pour que ça dure, il faut que ça reste un plaisir je pense.

Thomas : Donc qu’humainement ça se passe bien.

Fred : Notre petit rythme fait que tout prend du temps. C’est un peu au ralenti.

Thomas : On est resté à notre rythme, qui n’est effectivement pas très speed. Mais au moins comme ça, on n’a pas le temps de se brûler les ailes.

Il y a eu 6 ans d’attente entre The Perturbation Theory et Hartree-Fock Method. Qu’est ce qui nous a valu de nous ronger les sangs aussi longtemps ?

Fred : Ouaip, 6 ans pour 4 titres, effectivement, c’est un petit rythme. C’est un peu dû à une panne de la page blanche.

Thomas : C’était aussi une période où Fred était à Paris donc on jouait moins souvent.

Fred : C’était aussi un moment de gros coup de mou. Il nous a fallu le temps pour refaire ces 4 titres. Comme on n’est pas trop répét’ sur plusieurs jours, c’est long de faire 4 titres.

Vous répétez tous les combien de temps ?

Fred : En temps normal, quand il n’y a rien de prévu, c’est une fois par mois.

Thomas : Et une répét’ pour nous ça dure deux ou trois heures. Ça vient aussi de la musique, après deux heures ça tourbillonne un peu là dedans donc il faut faire des pauses.

Fred : ça a toujours été comme ça. A part les périodes avant les disques où on en fait un peu plus. Pour les concerts, comme ce sont des vieux sets, une répét’ suffit pour un seul concert. Et quand on a 10 concerts, on fait quand même un peu de sport.

MollerPlessetHartreeL’aspect visuel de chacun de vos albums est très soigné. Comment est née la collaboration avec Eric Mahé ?

Thomas : D’une longue histoire d’amitié. Il avait même fait une démo qui n’est jamais sortie. Notre première démo, c’était déjà lui qui avait fait la pochette. On se connaît bien. On adore son boulot donc ça s’est fait assez naturellement en fait. Une fois qu’il y a eu la première, ça paraissait logique de continuer avec lui.

Les dessins arrivent avant ou après la musique ?

Fred : C’est lui qui amène les dessins, après avoir écouté quand il y a à écouter. Il a ses idées propres qu’il amène.

Thomas : Pour le Hartree Fock (une superbe lithographie enveloppant le vinyle), ça a été le gros mystère. On ne l’a pas découvert au tout dernier moment, mais il a attendu d’avoir vraiment fini son boulot avant de nous le montrer. Il ne nous avait rien dit dessus. On ne savait pas du tout ce que se serait.

Fred : Il n’y a ni essai ni tentative. Il fait son truc dans son coin et il nous l’apporte et on le valide.

Vous n’avez jamais eu envie de pousser le lien entre musique et dessin plus loin ? Sous forme de concert dessiné ou de bande originale d’un film?

Fred : Non. Déjà sur nos lumières, on est assez pauvre. Bon, c’est pauvre parce que souvent, là où on joue, il n’y en a pas. Mais même quand on en a, on n’essaie pas de travailler ça.

Thomas : On n’a jamais essayé de travailler avec un lighteux. Un sonorisateur oui, mais l’aspect visuel ce n’est pas trop notre truc. On fait des concerts, on ne fait pas du spectacle ! (Rires)

Vous avez enquillé un nombre impressionnant de concerts. Quels sont vos meilleurs et vos pires souvenirs de concerts ?

Fred : Dans les pires, il y a un concert en république tchèque qui n’était pas vraiment fameux. Il y a le concert et puis il y a après aussi. Si en plus, les conditions d’hébergement sont quasi inexistantes ou très limitées, là c’est dur. On n’a jamais eu de plans horribles ou vraiment galères. On ne s’est jamais fait jeter par exemple. Le pire, ça restera effectivement Kemlitz. C’était vraiment la caricature du truc. Pas de public, un patron de bar pas intéressé, et puis après…

Thomas : … On avait dormi dans le camion tout simplement. De nuit, dans Kemlitz, en décembre, il faisait quand même -9°c.

Et pour les meilleurs souvenirs ?

Fred : Il y a Prague. Les deux fois où on y a joué, c’était vraiment bien. Super public venu en moller plessetnombre, qui achète des disques et puis grosse fiesta derrière dans Prague by night.

Comment connaissez vous les gens d’InMyBed ?

Thomas : Ho, ça c’est encore une vieille histoire. J’ai rencontré Matthieu pour le premier disque des Dirty Cousins (GroiXplosion dont on reparlera dans l’interview de Prosperi Buri) qu’il était venu masterisé avec moi au Jardin Moderne. J’ai continué à faire les mixes pour les Dirty Cousins, puis le son de Formica. Et de fil en aiguille, on est devenu copains.

ça paraissait donc logique de sortir le disque chez eux ?

Fred : Oui et en plus c’est un label qui aime le dessin.

Thomas : Et qui est très regardant sur l’impression et le soin apporté aux disques. C’est une garantie de qualité. En plus, ils étaient intéressés surtout. A partir de là, il n’y avait pas à hésiter. Et puis ce n’est pas comme si on avait refusé 15 000 labels pour aller chez In My Bed (Rires).

La compilation revendique une façon très personnelle de représenter ce qui se passe en musique sur Rennes. C’est quoi votre vision de la scène locale ?

Fred : On se sent dedans… mais de loin parce qu’on ne joue pas tellement à Rennes. On essaye de ne pas trop jouer par ici. Une ou deux fois par an, c’est déjà pas mal. Après ça devient un peu la routine. Sauf si tu as des trucs nouveaux à présenter mais vu notre rythme… (Rires). Sinon je connais la plupart des groupes qui sont sur la compilation. Comme je n’ai pas été par là pendant 3 ou 4 ans, je suis un peu largué sur la scène récente.

Thomas : On va voir des trucs du coin, si c’est musicalement proche de nous. Mais on ne s’y intéresse pas plus que si le groupe vient de Saint-Brieuc ou de Paris.

InMyBed-JardinModerne-291011-35De quels groupes de la scène noise vous vous sentez proches dans le coin.

Fred : Ben, il y a les nantais quand même. En plus on les connaît un peu. On est assez potes avec les Fordamage.

Ils font leur tournée d’adieu bientôt ?

Thomas : Ouais, c’est dur en ce moment il y avait aussi les Choochoo (surnom affectueux donné aux Choochooshoeshot). C’est vraiment dommage que ça s’arrête. Il y aussi les Papier Tigre. Sur Rennes, il y a Fago Sépia, Korkoj… on a tout une bande de gens qui font des trucs bien dans le coin.

Comment s’est passé le choix du titre pour la compilation ?

Fred : C’est un titre qu’on jouait sur scène. Je ne sais pas depuis combien de temps ?

Thomas : Mais il n’avait jamais été enregistré.

Fred : Oui, c’est bien un inédit. Ça fait partie de nos morceaux récents quand même. C’était dans la veine de notre 4 titres (Hartree Fock Method). Et puis on avait que celui là en stock.

Thomas : On avait d’autres morceaux pas enregistrés mais on ne voulait pas remonter 10 ans en arrière.

Fred : Il fallait aussi que ce soit un morceau abouti et qui nous roule dans les doigts. Donc celui-là était bien. On a enregistré le 4 titres en une journée de toutes façons.

Donc là, un seul titre pour la journée, c’était confortable en fait.(Rires) Comment s’est passé l’enregistrement du titre au studio ZF ? C’est un endroit que vous connaissiez ?

Thomas : Je le connais pas mal. J’y ai enregistré avec Formica et aussi avec Prosperi Buri. C’est donc un endroit que je connaissais et qui est bien confortable.

Fred : Moi et le reste de la bande, c’était la première fois qu’on y allait.

Vous vous retrouvez à nouveau sur le même disque que Laetitia Scheriff et Isa Valenti (13th Hole) alors que c’étaient les deux chanteuses invitées sur The Perturbation Theory. C’est un hasard ou pas ?

Thomas : Je ne savais même pas. Je n’ai pas encore écouté le disque (Rires)… C’est bien la preuve qu’on fait partie de la scène rennaise (Rires). C’est surtout des gens qu’on apprécie.

La soirée de concerts au Jardin va être à flux tendu. Comment vous abordez ce concert ?

Fred : On est encore en train de voir. Ce n’est pas encore tout à fait fini. De toute façon, on sera assez limité dans le temps. On aura entre 20 et 30 minutes pour le concert. On va prévoir dans les 20, histoire de se garder de la marge. Ça fera 5/6 morceaux. Ça va passer super vite. Bon, on s’entraîne pour. On répète.

moller_pleset_003Des chances d’entendre des nouveaux morceaux ?

Fred : A priori non. Ça aurait pu être l’occasion. Si on en avait eu un de près on aurait été content de le jouer mais il n’y a rien d’assez finalisé dans nos trucs pour que ce soit jouable à cette date. Nous, on travaille par petits chantiers.

Thomas : On aurait pu présenter des choses dans un concert de 45 minutes où tu as le temps de te permettre de jouer un truc pas abouti mais là, sur 25 minutes, ça risque d’un peu trop marquer les esprits (Rires).

Matthieu et Jérémie ont annoncé que vous travailliez sur un nouveau disque. Vous pouvez nous en dire un peu plus ?

Fred : En fait non. Ce n’est pas sur un nouveau disque mais sur un nouveau set.

Thomas : Avec des nouveaux morceaux.

Fred : C’est toujours sympa de pondre de nouveaux trucs. C’est cool de les jouer sur scène mais pour nous le disque n’est pas une fin en soi. C’est bien, mais c’est d’abord pour nous question de se renouveler un peu sur nos concerts. A part peut être un peu sur le deuxième album, on n’a jamais travaillé sur un disque. Le premier disque, c’était facile parce qu’on avait pas mal de morceaux. Il n’y avait plus qu’à choisir. Le second, ça a été plus sur le vif.

Thomas : Il y a des trucs qui ont été finalisés au dernier moment en studio. Les textes par exemple. On n’est pas dans une démarche par disque. On trouve plus confortable d’avoir des morceaux bien rodés. Quand tu l’enregistres vite, après tu peux t’apercevoir que finalement il est quand même mieux dans sa deuxième vie et toi tu l’as immortalisé dans sa version de départ. C’est important pour nous d’avoir un morceau bien dans les doigts, de l’avoir laissé évoluer, de l’avoir bien tiraillé dans tous les sens.

Pour finir, quels sont les trois disques que vous écoutez le plus en ce moment ?

Fred : Moi le dernier truc que j’écoute, c’est Baxter Stockman. Je trouve ça assez… frais. Le dernier Nick Cave aussi que j’ai eu pour mon anniversaire, et le dernier Three Second Kiss.

Thomas : J’aime aussi beaucoup le Three Second Kiss mais je n’écoute pas énormément de musique. Enfin si mais pas mal de vieux trucs en fait. Du John Dowland par exemple. Je joue beaucoup en fait. Donc quand j’ai du temps, je ne mets pas de disque. Je prends ma guitare. Je n’ai ni platine vinyle, ni lecteur CD. Il ne me reste que mon disque dur et donc je laisse un peu tomber.

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Événement de la soirée du 26/10 au Jardin
Retrouvez toutes les interviews dans notre dossier Embedded.

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