[Dossier] Panorama de la musique islandaise (3/3)

Cet article fait suite (et fin) à la deuxième partie du dossier « Panorama de la musique islandaise »

Bardi Johannsson

Bardi Johannsson est principalement (mais néanmoins peu) connu en France pour son projet « Lady and Bird », une collaboration avec la chanteuse franco-israélienne Keren Ann qui a donné lieu à deux albums. Il officie principalement sous le nom de groupe « Bang Gang ». Quant il ne tient pas le micro, Bardi Johannsson aime le confier à des voix féminines qui émaillent ses albums, Keren Ann étant probablement sa partenaire musicale la plus fidèle.

Parti d’un registre pop électronique avec quelques accents drum’n’bass (album « You », 1999) pouvant évoquer Lamb ou la seconde partie de carrière d’Everything but the girl, Bardi Johannsson est ensuite passé par des ballades pop/folk mélancoliques, avant de proposer un dernier album à la tonalité plus pop/rock. Le liant de cette carrière éclectique est certainement la qualité des arrangements et de la production, toujours très créatifs et soignés. Il a également réalisé diverses musiques pour le cinéma et le théâtre.

Low roar

Après avoir écouté les Islandais Sigur Ros et Bardi Johannsson, on ne sera pas particulièrement surpris d’apprendre que Low Roar est également islandais, tant ce projet fait penser à un mélange des atmosphères lyrico-mélancoliques des premiers avec le folk mâtiné d’électronique (époque Something Wrong / Lady and Bird) du second. A cela près qu’il ne l’est pas vraiment : s’il vit désormais à Reykjavik, où le projet Low Roar est né, Ryan Karazija est en fait californien d’origine. Et si la Californie est également la patrie d’un des papes du folk neurasthénique (le talentueux Mark Kozelek, des Red House Painters / Sun Kil Moon, programmé en 2015 à la Route du Rock), force est de constater que cela ne constitue pas le style musical le plus représentatif de la côte ouest américaine. Il n’est donc pas étonnant que Ryan Karazija s’épanouisse mieux au milieu des volcans que sur des plages ensoleillées.

Ólafur Arnalds

Etonnant virage stylistique que celui d’Ólafur Arnalds. Après avoir débuté comme batteur dans des groupes de heavy metal, il opère une volte-face complète : de membre d’un groupe, il passe en solo, de la batterie il passe au piano, de la saturation électrique et du déferlement de notes du heavy metal, il passe à l’acoustique et au dépouillement. Car la musique d’Ólafur Arnalds, celle par laquelle il s’est fait connaître, lorgne nettement plus du côté de Max Richter, Craig Armstrong ou des B.O. de Michael Nyman que de Motörhead ou Metallica. Notes éparses égrenées sur un piano au son feutré et habillées d’une lente progression d’accords joués par un ensemble de cordes, telle est la recette de base de la musique de l’Islandais. Outre un certain nombre d’EPs et d’albums parus depuis une dizaine d’année, on lui doit également la B.O. de la très bonne série britannique Broadchurch, dont les deux premières saisons furent diffusées par France 2 en 2013 et 2015. Il est d’ailleurs étonnant que le cinéma ne fasse pas plus appel à lui, alors que Max Richter produit des B.O. à la chaîne…

La dernière livraison d’Ólafur Arnalds, intitulée Island Songs et parue à l’été 2016, est courte (28 minutes) mais intensément belle. En plus des traditionnels piano et cordes, Arnalds s’est adjoint les services de divers instrumentistes et vocalistes: clarinette, cor, choeurs viennent enrichir la partition des 7 pièces de cet album, chacune composée et enregistrée en un lieu différent de l’Islande et dont la captation a été filmée (la vidéo ci-dessous est une playlist contenant l’ensemble des vidéos de l’album)

La seule objection évidente qu’on pourra faire à la musique d’Ólafur Arnalds est, qu’au delà d’être très belle, elle est parfois aussi très toujours pareille…

Kiasmos

Depuis quelques années, Arnalds explore en parallèle d’autres horizons musicaux: associé à Janus Rasmussen, il forme le groupe de musique électronique Kiasmos. Passé au fort de Saint-Père lors de la Route du Rock 2015 (tous les Islandais ne se sont pas défilés au dernier moment, cette année-là…), le duo produit une techno minimale très atmosphérique… et extrêmement plaisante. Si l’on retrouve clairement la patte pianistico-mélancolique de l’Islandais du groupe sur certain titres, augmentée de quelques beats…

…Kiasmos sait aussi sortir les gros sons analogiques et faire monter la sauce, sans jamais se départir de son style élégant…

Johann Johannsson

A première vue sans lien de parenté avec son homonyme Bardi, c’est plutôt de son compatriote Ólafur Arnalds que son oeuvre se rapproche le plus. Avec sa musique lente et minimaliste à base de cordes, parfois saupoudrée d’un soupçon de piano ou d’électronique, Johann Johannsson est, à l’instar de Max Richter, un héritier de Gorecki et sa fameuse 3e symphonie. Il est en outre en charge de la B.O. de la suite de Blade Runner, annoncée pour 2017, et a donc la lourde charge de succéder à Vangelis.

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