Cultures Electroni[k] : Expériences de Babel et de l’Ailleurs

Après avoir fait groover les machines à coudre, le second volet de la série Expérience, nous invitait mercredi 10 octobre au Jardin Moderne, pour une monstrueuse exposition, une rencontre avec l’éclectisme élégiaque de la tribu rennaise Eumolpe et un voyage au bout du son avec le résident Robert Henke.

BenoîtLeray-Miriusters@Electroni[k]-Alter1fo (1)

Faute d’arriver suffisamment tôt, on aura parcouru à grand pas The Miriusters, la très belle exposition de Benoit Leray. On aurait aimé passer plus de temps à écouter gazouiller le monstrueux lapinours aux grandes billes nous accueillant et surtout jeter un coup d’œil plus attentif aux fantasmatiques créatures alignées par l’artiste. Entre films Z et Maximonstres, en noir et blanc comme en couleur, le bestiaire foisonnant de Leray oscille avec bonheur entre grotesque, émerveillement et légère inquiétude.
L’expo est visible jusqu’au 8 novembre. On y retournera surement avec un timing moins serré.

Thraces-Eumolpe@Electroni[k]-Alter1fo (1)

Pas le temps de flâner donc car le collectif Eumolpe démarre sa prestation dans la salle. Le dispositif scénique est très chouette. Quatre musiciens installés au centre de la pièce autour d’un joyeux fatras de claviers et autres machines, le tout surmonté d’un écran de belle taille. A côté un duo s’occupe de ce qui y sera projeté. Sympa donc, mais gourmand en place. La salle se remplit très vite et une bonne partie du public venu nombreux ne pourra même pas entrer dans la salle. Le set débute tout en douceur. Une électro planante et légère monte tout doucement en puissance. Les premières rythmiques n’arriveront qu’au bout d’une vingtaine de minutes. A partir de là les choses s’accélèrent et les genres s’enchaînent sans complexes. Pendant les quarante minutes suivantes vont se culbuter rythmes tribaux, house lascive et IDM plus cérébrale. L’heure de concert passe comme un charme. D’autant plus que les visuels sont très réussis. Dessins préparés ou exécutés en direct sont passés à la moulinette du logiciel créé par Morgan Daguenet créant des superpositions évocatrices et des boucles fluides. Une belle performance que pouvaient conclure les spectateurs les plus convaincus en achetant le superbe vinyle blanc immortalisant le projet.

RobertHenke-JardinModerne@Electroni[k]-Alter1fo (2)

C’est ensuite au tour du très attendu Robert Henke de prendre les rênes. L’artiste résident de cette folle semaine a décidé de ne pas jouer ce soir sous son pseudonyme Monolake. On va vite comprendre pourquoi. En effet, une bonne partie de la foule se bousculant gentiment pour rentrer, semble attendre l’imparable techno minimaliste mais rythmiquement redoutable de l’allemand. On entend même râler que Thraces n’était pas assez dansant et que les choses sérieuses vont enfin commencer.
Pas de chance pour ceux venus faire la fête, Henke opte pour une toute autre option. Au grand désespoir des photographes, il insiste pour que la salle soit entièrement plongée dans l’obscurité et entame un set ambient sur d’impressionnants cliquetis. Les fêtards attendent vaguement la montée qui ne viendra jamais et lâchent l’affaire. Les amateurs d’expérience sonores restent et vont se délecter. Le travail sur le son est impressionnant. Henke nous emmène en voyage. Les paysages sont à couper le souffle, mais la destination est bien incertaine et le périple n’est pas toujours rassurant. On reconnaît bien des bruits de nature (pluie, vent…), mais tellement retravaillés et distordus qu’on ne sait dans quels paysages extraterrestres on se ballade. Le set monte très lentement en puissance. On se prend à rêver de pouvoir s’allonger pour profiter pleinement, yeux clos de l’odyssée. Un étonnant final en forme d’extase pleine de klaxons conclut en beauté la chose.
Merci M. Henke pour cette très culottée prestation, rendant pleinement justice à l’intitulé de la soirée.
On l’avoue un peu honteusement, nous avons lâché l’affaire après ça, pour garder un peu d’énergie pour la suite du festival. Dommage pour Labelle et Night Knight dont on aurait aimé avoir la force de suivre les prestations.

Retrouvez tous nos articles sur Cultures Electroni[k] ici

Cultures Electroni[k] a lieu du 8 au 14 octobre 2012 à Rennes.
Plus d’infos sur le site de Cultures Electroni[k]

Laisser un commentaire

* Champs obligatoires