Crozon 2009 : La soirée du vendredi à hauteur de festivalier

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Premier soir au bout du monde : Cheick Tidiane Seck et moment de Grace

Le chemin merveilleux qui nous conduit jusqu’au bout du monde s’achève périlleusement pour les derniers quelques kilomètres entre Crozon et la prairie de Landaoudec : les navettes qui devaient nous conduire jusqu’au festival ne circulent pas, tant pis pour Roy Paci, ça va être difficile de voir son set; merci à deux charitables festivaliers qui nous prennent en auto-stop. Nous mettons ce dysfonctionnement sur le compte du démarrage du festival, de la superposition de la fin de la semaine et du début des festivités… on attend de voir le reste du week-end et puis nous parvenons dans la prairie, découvrons l’endroit formidable et oublions ces déboires.

Ceux-ci sont définitivement relayés au rang de relents de mémoire d’un chroniqueur fatigué lorsque Cheick Tidiane Seck, son sourire éternel et son groupe investissent la scène Landaoudec; du sombre décorum des plateaux de festivals, c’est un tableau coloré qui se dessine devant un public pas encore abondant mais très enthousiaste. Dès l’entame, le claviériste présente ses compagnons de plaisir, car il ne s’agit que de ça : de plaisir et il a bien raison, le comment dire… (« patron » serait incorrecte car sous-entendant autorité, « maître » impossible car nous n’avons jamais vu un visage aussi rayonnant sur les bancs de nos écoles…), peut-être « le susciteur », celui qui excite l’élément vibrant, en présentant son groupe il présente l’instrument auquel il donne l’impulsion.

Le set est mené comme un long crescendo qui jamais ne permet aux auditeurs de s’égarer, comme un trans-africain sans station jusqu’au terminus ; nous voyageons donc au son des merveilleuses voix des deux choristes, vent de cristal,  du rythme enchanteur des entrefers du rail, du scat d’un improbable chef de gare hilare, nous nous balançons en mesure. D’une façon plus laconique et prosaïque, dixit mon compagnon d’échappée : « ça jousse !!! »

Évidemment après ce genre d’expérience: difficile de rebondir. Nous passons un bon moment avec Gilberto Gil, faisons une agréable découverte du travail d’Erik Marchand avec Izhpenn 12 et pensons alors que la soirée va s’achever tranquillement…

C’était sans compter sur une invitée de dernière minute, sans compter sur le moment de Grace (deuxième set). Quand des plus expérimentés produisent des sets façon marathon et final en apothéose (voir supra), avec Grace les choses se passent par petits sauts au format morceau, des sprints ou des courses de demi-fond selon les cas. Malgré un tour sur le fil ; débuts de morceaux sur toile de fond d’inquiétude, beaucoup (trop ?) de signes vers la régie retour, des aller-venus de matériels… la formule fonctionne et le public en redemande. L’arrivée de Cheick Tidiane Seck « en guest » sur le plateau achève de convaincre les plus frileux et le concert s’achève par un rappel, véritable gageure sur un festival où tout est minuté, mais « ça peut pas se refuser » conclue Grace.

Un petit tour côté ONB, puis de justesse nous prenons le bon bus pour Crozon, direction un sac de couchage humide sous une tente qui claque au son des gouttes de pluie, le sourire de Cheick pour les rêves.

Le dossier du festival sur alter1fo

Le site officiel du festival

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