[chronique BD] alterbulles : Une histoire du Velvet Underground de Prosperi Buri

Le style biographique a le vent en poupe en ce moment en BD, pour le pire mais aussi le meilleur. Nous vous proposons donc une des grandes réussites du moment avec Une histoire du Velvet Underground par Prosperi Buri chez Dargaud.

Depuis déjà quelques temps, les étagères de nos vendeurs de bulle favoris sont régulièrement envahies par des Bandes Dessinées narrant la vie de personnages plus ou moins illustres. Pour quelques brillantes réussites (le AnaIs Nin, sur la mer des mensonges de Léonie Bischoff, les amants d’Hérouville, le livre de Yann Le Quellec et Romain Ronzeau sur Michel Magne, Nellie Bly, dans l’antre de la folie de Virginie Magnier et Carole MaurelJoe la pirate de Hubert et Virginie Augustin..) on doit aussi subir un paquet de livres bien moins inspirés et tellement balisés qu’il en deviennent illisibles.
On essaiera de vous faire prochainement un podcast sur les ouvrages cités plus haut mais nous tenions à d’abord évoquer le singulier et réjouissant Une histoire du Velvet Underground dans lequel Prosperi Buri s’attaque avec autant d’érudition que de malice à la folle histoire de ce groupe mythique.

On connait principalement le sieur Prosperi Buri pour ses accointances cousinesques avec l’indispensable micro-label rennais In My Bed ou encore sa participation aux revisites réjouissantes de la mythologie indie rock au sein du Dirty Cousins’ GroiXplosion. Voilà en plus que le bonhomme est également un talentueux auteur de BD. Entre deux participations à de multiples revues, anthologies  ou fanzines, il a aussi trouvé le temps de sortir les très recommandés Insulaires (chez Warum) et Une brève histoire des nains (chez Vide Cocagne). Il s’était déjà frotté avec bonheur à la légende du Rock’n’Roll avec le déjà très réussi  Les Portes, consacré, bien évidemment, aux Doors.
Il revient donc avec Une histoire du Velvet Underground où, en quatre-vingt pages vives et incisives, il narre la formation et la chute d’un des groupes les plus influents de l’histoire de la musique rock. Avec un trait rond et expressif qui n’est pas sans rappeler la fluidité agressive des cartoons des origines, Prosperi Buri  raconte cette page essentielle de la musique moderne avec une verve et une malice remarquable. De la rencontre à New York entre Lewis Alan Reed (qui préfère qu’on l’appelle Lou) avec John Cale, en passant par la tumultueuse collaboration avec Andy Warhol et jusqu’à l’explosion égotique finale, tous les épisodes mythiques de cette incroyable (et parfois pathétique) épopée sont bien présents. On y retrouve leur folle ambition, leurs inspirations foudroyantes mais également les plans foireux, les mesquineries et la loose tenace. Le tout est narré avec un remarquable équilibre entre admiration et ironie. Ce ton atypique et si personnel convient parfaitement à une histoire aussi riche en fulgurantes hauteurs qu’en méchantes bassesses. Réussir à garder leur humanité, leurs doutes et leurs failles à des figures aussi géniales et marquantes n’est pas un mince exploit. Cette qualité rare fait de plus que l’ouvrage ravira aussi bien les curieux que les fans les plus aguerris.
Chaussez donc vos lunettes noires et partez tirer la gueule à la Factory en compagnie de Lou, John, Maureen et Sterling.

Une histoire du Velvet Underground, de Prosperi Buri
Chez Dargaud, mars 2021, format 20,5 x 22,8 cm, 80 pages, 16,50 €

1 commentaire sur “[chronique BD] alterbulles : Une histoire du Velvet Underground de Prosperi Buri

  1. jacques

    tu ne me l’a pas montre celui la?

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