Cartographie du Hip-Hop Rennais – Shimaster

Placer le hip-hop Rennais sur une carte, donner la parole, petit à petit, à tous ses acteurs, rookies, vétérans, old timer ou jeunes pousses, qu’ils officient en tant que Djs, beatmakers, Mc’s, en groupes, comme beatboxers, réalisateurs, photographes ou clippeurs, et on en passe, qu’ils soient actifs aujourd’hui ou qu’ils l’aient été par le passé, tous contribuent à faire de la scène hip-hop rennaise un vivier foisonnant et bien souvent passionnant. Ce dossier, évolutif, leur est consacré.

(crédit visuel Marion Lépée)

Rencontre avec Shimaster, Mc de l’ombre avec le crew 35 Magistral, pépite underground que seuls les diggers auront pu écouter. Ce Mc passionné vient nous parler de sa vision du hip-hop qu’il vit comme un exutoire. Un regard bien à lui sur ce milieu et son esprit Do It Yourself et une vraie bouffée de fraîcheur dans ce rap qui se professionnalise à outrance. Il reste de vrais passionnés : Shitmaster en est un. Discussion à bâtons rompus sur son parcours, sur un pan old-school du rap rennais ainsi que sur certains groupes ou Mcs, malheureusement restés trop confidentiels, et qui ont fait de Rennes ce qu’elle est aujourd’hui.

Fiche de présentation

Origine : Rennes
Lieux de résidence: Rennes
Blaze/pseudo/nom: Shimaster
Crew: 35 Magistral
Année d’activité: depuis 2002
Genre musical: Rap / Hip-Hop
Nombre d’album ou projets: 1
Projets majeurs de ta carrière: Trentenaire de jeux

 

Alter1fo: Peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ?

Shimaster: Artiste rennais depuis 15 ans, j’ai commencé à poser avec le groupe Mc’s en furie dans les années 2000. Plusieurs projets sortis en sous-marin sont restés dans la sphère potes et entourage.

En 2007, création du groupe 35 Magistral avec Sainone et Menzo, Mélanie, Yasmina et Samira. D’autres Mc’s sont ensuite venus se joindre au collectif, notamment Basic, Eska.

De nombreux morceaux sont sortis sur YouTube et autres plates formes musicales mais sans aboutir à la création d’un album. Avec en parallèle, plusieurs scènes locales.

En 2017, finalisation du projet solo TRENTENAIRE DE JEU avec la sortie de l’album en Avril 2017.

Qu’est ce qui t’a décidé à te lancer dans la musique ?

L’influence familiale dans les années 95 et l’attrait pour certains groupes comme Ness et Cité, Mystica Teachea, FF, Mo’vez Lang.

J’ai aussi été animateur d’une émission de radio spé Hip-Hop français appelé Team Rap sur Radio Laser pendant 9 ans de 2000 à 2009. Cela m’a permis de rencontrer de nombreux Mc’s importants sur la scène française, en me donnant envie de m’impliquer davantage.

Comment travailles-tu pour écrire un morceau ?

Inspiration quotidienne retranscrite sur papier volant. De façon plus sérieuse, choix d’un thème me tenant à cœur comme le côté familial, la géopolitique, la modernité technologique et mentale.

Que cherches-tu à exprimer à travers tes morceaux ?

Je cherche à éveiller les consciences, sans prétention. A évoquer certains sujets… Comme sur le morceau Arès, qui reprend les évènements tragiques du Bataclan et autres. Essayer d’en expliquer la cause dans les grandes lignes.

D’un autre côté, cela me permet d’exprimer mes sentiments sur le rapport à mes proches, ma famille, ce que je n’arrive pas à dire « yeux dans les yeux » et remercier mon entourage sur le morceau 35 magistral ou sur Amours d’une vie.

Pour finir, que les gens puissent comprendre mon univers et que cela nous amène à des discussions autour de  certaines prises de positions émises dans mes morceaux comme Polethique-ment incorrect.

Tu as sorti un album en 2017 intitulé Trentenaire de jeux. Peux-tu nous parler de sa construction et de ce que représente cet album pour toi ?

Ce projet mûrissait depuis de nombreuses années. La non finalisation d’un album avec le 35 Magistral a été l’élément déclencheur en 2016.

Il a nécessité un an de construction, d’écritures et d’enregistrement de tous les morceaux en collaboration avec Ted de la Licorne Rouge et plusieurs artistes comme Sainone, Enerku, Mélanie.

Cet album est l’aboutissement de nombreuses années de freestyles, de morceaux dans l’ombre. C’est une vitrine de tout mon univers musical. J’avais un besoin de laisser une trace musicale et d’avoir cette fierté de détenir mon album dans la bibliothèque musicale familiale.

J’espère qu’il rend fier également tous ceux qui ont participé à l’aventure 35 Magistral.

Après cet album quels sont tes futurs projets ?

Quelques scènes pour continuer de présenter l’album et pour le plaisir. Plus des collaborations avec différents artistes sur divers projets à venir. Des clips et quelques nouveaux morceaux en pagaille sont également prévus.

Quel est le titre ou la collaboration dont tu es le plus fier ?

Nostalgiquement, mon tout premier morceau avec Mc’s en furie qui nous a fait connaître localement. Même si en le réécoutant aujourd’hui… C’était mal foutu et souvent incompréhensible.

Plus récemment, le morceau Govenken 2 car c’est un hymne à toutes nos années d’ados, et parce qu’avec Sainone, on peut légitimement être fier de ce morceau simple et efficace.

Enfin, sur cet album, le morceau Arès reste pour moi le morceau le plus abouti de tous points de vue, même s’il a rencontré peu de succès auprès de ceux qui ont écouté l’album. L’atmosphère et le thème de ce track sont pourtant si différentq de mon travail habituel ! C’est peut-être ce qui a déplu…

Vis-tu de ta musique vue la conjoncture actuelle ?

Bien sûr que non (rires) mais elle m’enrichit autrement.

Est-ce difficile de percer quand on vient de Rennes et pas de Paris ou la musique et les contacts sont principalement concentrés ?

Je pense qu’avec l’avènement et la démocratisation d’internet et des réseaux sociaux, il parait plus simple de sortir du lot. Un artiste qui souhaite à tout prix se faire connaître peut largement se donner les moyens en matraquant sans cesse les réseaux et plates formes musicales. C’est une chance pour la nouvelle génération, même si les grandes villes restent toujours favorisées du fait de l’emplacement des maisons de disques. Habiter en province ne doit plus être un obstacle à la réussite médiatique.

Quelles sont tes attaches avec la ville de Rennes et comment trouves-tu l’évolution de la scène locale actuelle depuis tes débuts ?

Natif du coin, j’ai participé lors de mes années Radio Laser à de nombreuses soirées rennaises estampillées Hip-Hop. J’ai vu de nombreux artistes éclore durant ces années et certains n’ont pas eu la place qu’ils méritaient. Les Mc’s qui m’ont le plus marqué peuvent être, pour ne citer qu’eux, Twareg, Wess, ECK, Dadinio, K-oni, Simba, Mystair. Celui qui restera comme le top du top pour moi, c’est CRIS-F qui rappait avec Doc Brrown, Simba et Gold Mc. Son flow, son attitude et son phrasé, c’était un vent de fraicheur sur Rennes. Il a stoppé alors qu’il était en pleine bourre musicale, quel dommage !

Actuellement il faut saluer la longévité de Simba qui continue de sortir des morceaux de qualité malgré toutes ces années passées et celle de Rezo, animateur spé sur Canal-B et membre de Rezinsky qui écume de nombreuses scènes musicales et a écrit deux albums récents.

D’autres artistes continuent à faire vivre Rennes et c’est tant mieux, c’est une ville de culture. Il faut qu’elle le reste.

Un projet aurait pu voir le jour en 2008 imaginé par Olivier Nsiabumfumu, ex-joueur de foot pro, proche de Dadinio à l’époque et qui projetait la réalisation d’un reportage vidéo sur la scène rennaise. On avait commencé à filmer et interviewer plusieurs Mc’s (de souvenir, Twareg et Wess, Simba, Hella Prod, Rezo, Rekta, Micronologie et d’autres) avec Keevrat à la vidéo. Le projet n’a jamais vu le jour, il aurait pu permettre une médiatisation non négligeable pour ces artistes.

La question que tu aimerais que l’on te pose et y répondre ?

Quel est ton plus grand regret ?

Un album avec le 35 Magistral au grand complet !

Le mot de la fin ?

Merci pour le projet. Je parlais de continuer à faire évoluer le mouvement rennais et cela va dans ce sens. Il permet de nous faire connaître et de donner un sens commun à nos projets.

J’en place également pour tous ceux que j’ai pu rencontrer lors de toutes ces années : je les remercie pour l’enrichissement personnel.

L’album est toujours dispo à la vente via mon Facebook ou par mail

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Vous pouvez trouver tout notre dossier sur le hip-hop Rennais = > Ici

De plus vous trouverez ci-dessous notre carte interactive regroupant tous les artistes par quartier, ainsi qu’une fiche présentation de chacun d’eux et les liens vers leur article respectif :


 

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