Au parc des Hautes-Ourmes, un nouveau campement d’infortune…

Il est midi passé dans le quartier du Blosne. Une agitation peu habituelle bouleverse la tranquillité bucolique du parc des Hautes-Ourmes. À notre arrivée, on remarque vite les tentes au loin, le linge qui sèche entre deux gros  chênes, typique du bocage rennais, et ces quelques affaires dispersées ici et là. Une cinquantaine de personnes sont déjà réunies autour de ce qui ressemble à un campement d’(in)fortune. On s’approche.

Une visioconférence se termine à l’instant, entre l’adjoint délégué à la solidarité, David Travers, et les personnes présentes sur place. Vu les mines un peu défaites, on suppose que cela ne s’est pas passé comme prévu. De toute manière, à Rennes, l’histoire se répète. Chaque début d’été amène avec lui les mêmes galères. Le nombre de personnes à la rue ne cesse de grandir, l’hébergement d’urgence et le « dispositif Mairie » étant déjà saturés. Alors à défaut d’un toit, on se satisfait d’une tente. Le camping en vacances, c’est chouette et dépaysant. Quand cela devient le quotidien, c’est usant et fatiguant.

Des associations comme ‘Utopia56’, ‘Un Toit c’est Un Droit’ (et d’autres… ) s’activent donc en ne comptant pas leurs efforts pour faire réagir la municipalité afin de trouver une solution de repli. Mais celle-ci se cache derrière le trop-célèbre-argument-totem: « On fait suffisamment ! L’hébergement d’urgence, c’est pas nous. C’est l’état. » Comprendre, « Voyez avec la préfecture, circulez, y a rien à voir ! » Alors forcément ça coince, et ça ne bouge pas trop. En tout cas, pas assez vite ! « Un bébé de deux mois dort dans ce camp, un bébé d’un an qui est ici depuis un mois, on ne peut pas accepter ça ! », s’indigne une militante chevronnée de UTUD.

Au loin, à l’entrée du parc, une nouvelle famille, chargée d’affaires personnelles, s’approche. Timidement, presque sans bruit. Des militant·e·s viennent à sa rencontre. Une équipe de télévision suit derrière. Le camp, composé d’une cinquantaine de personnes dont 24 enfants,  manque de tout mais grossit de jour en jour. À ce moment, la promesse de Nathalie Appéré de ne plus voir d’enfants dormir à la rue nous semble loin. Très loin. Pourtant, la mairie pourrait user de son pouvoir de réquisition car, comme l’explique l’une des associations, « des bâtiments vides, il y en a partout, en pagaille, des appartements inoccupés, des foyers. En plus, on sait tous que les clubs sportifs sont à l’arrêt pendant l’été et que les gymnases pourraient être mis à disposition. »

Le « camp des Gayeulles » en 2019 qui avait accueilli entre 350 et 400 personnes (dont une cinquantaine d’enfants « âgés d’un mois à 13 ans », NDLR) a marqué les esprits. Et les corps. Personne ne souhaite revivre une telle situation. « Je suis pessimiste pour l’avenir. », nous confie Samy, coordinateur d’Utopia 56 Rennes à la fin de notre interview avec lui. En le quittant, nous aussi.

Écouter l’interview de Samy Flodrops, coordinateur à Utopia56 : 

 

Toutes les photos sur le flickr 


[14 avril 2021] – Un jour, une photo : « Ce soir, 37 personnes dont 24 enfants dormiront dans les rues de Rennes »

[20 Août 2018] – Un jour, une photo, un son : En plein été, des familles remises à la rue par la préfecture…

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