Boris Vian, le cœur (et l’esprit) arraché(s)…

Amarrée sur le quai Saint Cyr à Rennes, la Péniche spectacle semble parée pour l’aventure. Pas n’importe laquelle : celle de retourner au milieu du XXe siècle, ambiance Saint Germain des Près.

Boris Vian, le coeur (et l'esprit) arraché(s) ! Nous sommes le 5 avril. Il est 12h30. Plusieurs personnes embarquent sur la péniche pour partager leur déjeuner avec le plus snob des zazous, Boris Vian. Enfin, à travers des textes et des chansons de ce grand écrivain, amoureux du jazz. Virginie Guilly et Hugues Charbonneau, tous deux comédiens et chanteurs, lui prêtent leur voix pour cette séance de « Swinging Boris Vian ».

Lui foutre la paix

Ecrivain, poète, chanteur, trompettiste, traducteur, critique… Boris Vian n’a pas marqué les esprits de son vivant. Pourtant, aujourd’hui idole de plusieurs générations, il continue de faire parler de lui et d’être interprété sur scène. Et peut-être faudrait-il le laisser reposer en paix. Ses dernières années, le metteur Jérôme Savary a totalement massacré l’auteur de J’irai cracher sur vos tombes dans son spectacle, Boris Vian, une trompinette au paradis. Dans le film Gainsbourg, vie héroïque, c’est Philippe Katerine qui endosse le rôle du roi de la Pataphysique et là encore c’est de la boucherie.

Boris Vian, le coeur (et l'esprit) arraché(s) ! Le duo Virginie Guilly et Hugues Charbonneau n’est pas dénué de talent. Bien au contraire. Il y a des idées, du ton, de l’interprétation, des jolies voix. Mais le rythme manque. Nous sommes bel et bien sur la Péniche spectacle. Pour sûrs, nous ne sommes pas dans les cafés de Saint Germain des Près. Nous n’avons pas croisé Queneau, Sartre ou encore Simone de Beauvoir. Et c’est là l’éternel regret de toutes ces adaptations. Une bonne lecture de l’Ecume des jours avec une Chloé douce et naïve et un Colin attentionné. Une reprise originale de Fais moi mal, Johnny chantée en version masculine. Mais pas de voyage dans le temps. Pas la moindre impression d’avoir atterri dans une surprise party comme décrite dans Vercoquin et le Plancton, pas la moindre sensation d’ivresse que l’on retrouve dans ses bouquins, pas de tripes qui se tordent face à l’esprit rebelle de ce personnage emblématique qui nous donne des envies de révolution dès les premières notes du Déserteur… Il va sans dire que l’ambiance Vian est difficile, voire impossible, à recréer…

Dommage, un frisson nous avait parcouru lors de la première phrase du spectacle « Laissez passer sa majesté le jazz »… Néanmoins, le frisson a semblé continuer d’agir sur les spectateurs, visiblement emballés par la prestation. Il est donc à signaler ici qu’il n’en va que de notre avis.

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