Binic Folks Blues Festival 2019 : Sous le sable, le rock !

Le plus rennais des festivals costarmoricains revient du 26 au 28 juillet 2019 pour une onzième édition de nouveau hautement prometteuse. Le Binic Folks Blues Festival est de retour avec son ambiance chaleureuse et sa programmation hautement réjouissante. Nous vous en avons extrait une généreuse sélection de petites pépites à ne pas louper.

Cela fait maintenant quelques années que le Binic Folks Blues Festival est devenu un de nos rendez-vous estivaux immanquables. Il faut dire que l’événement porté à bout de bras depuis désormais plus d’une décennie par la belle équipe de La Nef D Fous ne manque pas d’atouts. Trois jours de concerts totalement gratuits, avec une programmation assez épatante de blues rock à l’esprit large, on ne peut pas dire que cela soit déjà très commun. Avec ses trois scènes judicieusement agencées (dont une voisinant la plage !) et sa circulation ultra fluide, même quand le site est plein, les organisateurs et la mairie de la station balnéaire située à deux pas de Saint-Brieuc ont conçu et peaufiné au fil des ans un vrai bonheur de festivalier. Ajoutez à tout ça une ambiance à la fois festive et familiale et un esprit farouchement indépendant et diablement rock’n’roll et vous obtenez forcément trois inloupables journées de pur bonheur musical nichées au cœur de l’été breton. L’immense majorité des gens qui s’y sont déjà rendus garde un attachement tout particulier pour ce rendez-vous joyeusement atypique. Les 106% de la cagnotte participative organisée  pour cette nouvelle édition en est sans doute une des preuves les plus visibles.
BinicFestival2015-alter1fo (2)Cette onzième édition placée sous le signe du psychédélisme spatial par l’affiche réalisé par l’excellent collectif Arrache Toi Un Oeil a tout ce qu’il vous faut pour prolonger en beauté cette belle tradition. Parmi les 40 groupes qui vous offriront pas moins de 52 concerts sur trois jours (certains jouent les trois jours sur les différentes scènes), nous vous proposons quelques coups de cœur à ne pas louper. Sélection généreuse mais hautement subjective et surement pas du tout exhaustive.

Dans nos souvenirs les plus marquants du BFBF, les prestations à la fois explosives et touchantes des différents groupes des deux frangins Corbett (Geoff et Ben) figurent en bonne place. Geoff Corbett, le plus barbu des deux, revient trainer ses guêtres à Binic avec son projet Shifting Sands. L’australien de de Macleay Island revient avec un nouvel album : Crystal Cuts assez somptueux. Sur ce très beau disque de folk blues, le bonhomme croise sa voix éraillée par une vie tourmentée avec celle plus aérienne d’Anna Clifford. Ce contraste est d’ailleurs la charpente de compositions entre mélancolie des lendemains qui déchantent et rage de ceux qui ont tout perdu. Un disque d’orage mais dont la lumière qui perce parfois les sombres nuages est d’autant plus belle. On connait la capacité du monsieur à jouer sa vie sur scène et on ne doute pas un seul instant qu’il devrait de nouveau nous offrir un moment de terrible beauté.

On reste en terres australiennes avec Mod Con. Le fait que ce trio de Melbourne rende hommage dans son patronyme au mythique album punk All Mod Cons de Paul Weller et ses JAM a déjà suffi à nous faire dresser l’oreille. L’écoute de leur album Modern Convenience sorti en avril 2018 chez Poison City a largement confirmé cet a-priori positif. Erica Dunn (chant et guitare), Sara Retallick (basse) et Raquel Solier (batterie) y développent avec finesse une belle inspiration mélodique et un post punk à la fois nerveux et élégant. On attend donc maintenant de pied ferme de voir comment le trio retranscrit sur scène l’esprit subtilement rageur de leurs compositions. On prend le pari que cela devrait s’avérer assez explosif.

Encore un trio féminin et encore des Australiennes, nous ne nous sommes pas foulés sur nos critères de sélection. Les Moody Beaches ne sont pas des inconnues des habitués du festival. La chanteuse Anna Lienhop et la batteuse Julia Watt avaient enflammé en effet le public en 2015 avec leur précédent projet La Bastard. Rejointes par Jessie Dennis à la basse, elles forment désormais Moody Beaches. Ces camarades de Bench Press (une des grosses claques de l’an dernier) composent dans un style post-grunge/post-punk qui devrait mettre aux anges les amateurs des Riot Grrrl des 90’s, L7 et Breeders en tête. Vu la patate des filles et la réjouissante frontalité de leurs morceaux, les quarantenaires ne devraient pas être les seuls à la fête et on gage que le trio devrait joyeusement mettre le feu aux poudres.

On reste dans l’australien et dans le revenant avec Draught Dodgers. On retrouve en effet dans ce quatuor le chanteur furieux Diamond Jack Davies (qui a déjà brulé les planches binicaises avec les barjots de Bitter Sweet Kicks) et le batteur Evan Richards (qui a aussi laissé des souvenirs marquants avec ses Burn in Hell). Ils reviennent accompagnés du légendaire Tim Rogers à la guitare (You Am I) et de Mick Sayers à la basse et le moins que l’on puisse dire, c’est que le combo dépote sévère. Entre fuzz punk et swamp garage, leur rock n’invente certes pas grand chose mais est joué avec une telle fougue et une dinguerie si communicative qu’il devrait être difficile d’y résister bien longtemps.

Depuis le début des années 2000 avec son magnifique album Felk. Olivier lambin alias Red développe avec sensibilité et opiniâtreté son idée, libre et aventureuse, du blues folk. La tendresse écorchée et le côté brut et bruitiste de ses compositions nous évoquent aussi bien Lambchop, Bill Callahan (Smog) ou encore Jason Molina, sans pourtant que les esprits de ces sublimes écorchés ne pèsent sur le plaisir que l’on prend à l’écouter. Presque 20 ans après son disque inaugural, il a sorti Felk Moon en décembre 2018 chez Bisou Records. Dès son premier titre Introducing The Basement, le disque est une merveille aux ambiances feutrées et abrasives dont la sensibilité vous fera dresser les poils. Le monsieur y est remarquablement accompagné sur le disque avec Philippe Tessier au saxophone (La Société des Timides à la Parade des Oiseaux) et Bertrand Belin au violon, à la basse et au chœur. Un disque d’autant plus indispensable qu’il a illustré (à la main!) chacune des pochettes du vinyle. Ne loupez pas cette occasion de vous offrir une telle splendeur et surtout de découvrir ou retrouver la sensibilité écorchée de ce grand petit bonhomme en live.

Nous n’avons découvert Listener que tardivement avec le très beau Time is A Machine sorti en 2013. Pourtant, le projet a en fait démarré dès 2002. D’abord projet solo hip hop du chanteur-bassiste Dan Smith, le groupe a évolué lors d’une immense tournée durant laquelle il sera rejoint par le batteur Andrew Gibbens et le guitariste Erik Olse qui l’accompagneront jusqu’en 2006. Au fil des années et des sorties d’albums, leur musique va progressivement se dépouiller de ses attributs hip hop pour se tourner vers des territoires plus bluesy puis vers un rock de plus en plus frontal dans lequel le chant-parlé tout en fulgurance de Dan Smith tient cependant toujours un rôle central. Ce dernier est désormais accompagné par le guitariste Jon Terrey et du batteur Kris Rochelle. Ils arrivent avec Being Empty – Being Filled, leur quatrième album sous cette formation, sorti début 2018, et largement le plus électrique et rock qu’a pu sortir le groupe. Que ce soit Dan Smith déballant ses tripes à pleins poumons dans des paroles sans fard, Jon Terrey et ses riffs acérés ou Kris Rochelle et sa frappe de damné, tous semblent s’être accordés pour que leur musique soit encore plus intense et émotionnelle qu’elle ne l’était déjà auparavant. Ce n’est pas peu dire.

Le rock vif et furibard des briochins de Dewaere est une des plus belles surprises de la fin d’année dernière. Leur premier album Slot Logic sorti en décembre 2018 chez Bigoût Records et Phantom Records est un immense bonheur de rock incisif et urgent. Les dix titres ciselés et vivifiants de cette superbe galette sont une éclatante démonstration de la capacité de la bande à décocher sans reprendre sa respiration d’épatantes bombinettes entre noise et punk rock. Quelque part entre la furieuse fébrilité de la vague punk britannique actuelle (Idles, Blackilisters, USA Nails…) et une certaine tradition de rock vénère bien frenchy (Thugs en tête) le groupe trouve sa personnalité grâce à des compositions parfaitement maitrisées et le chant chargé d’une fougue aliénée de l’australien d’origine Maxwell James Farrington du meilleur effet. Le quatuor nous a fait une brillante prestation live en mars dernier au Marquis de Sade sur Rennes et nous trépignons d’impatience de les retrouver sur scène.

SleafordMods-alter1fo (1) Au fil d’une discographie aussi pléthorique que qualitative et d’un nombre de concerts assez ahurissants, les Sleaford Mods sont devenus les hérauts idéaux, quoique totalement non-revendiqués, de la rage noire et profonde minant la société anglaise. Deux boules de fureur balançant sans fard et avec une verve épatante toute la saloperie et la déliquescence de notre époque et qui, partis de la scène noise et expérimentale flirtent désormais avec les tops des charts anglais.

Depuis ses débuts, la ligne des deux lascars n’a pas bougé d’un iota. Avec pour seules armes un laptop et un micro, les lads contestataires de Sleaford Mods crachent leur bile avec un aplomb et un humour noir irrésistible.
Jason Williamson, devant, au spoken word écorché, tendant l’oreille dans les pubs, les supermarchés et les files d’attentes des agences pour l’emploi avant de tremper sa plume acérée à l’acide sulfurique pour écrire des textes à la rage sourde et tranchante, dézinguant impitoyablement les injustices sociales, avec un flow entre hip hop rêche et Mark E.Smith (The Fall) -en mieux- (oui, c’est un avis tout personnel). Derrière lui, Andrew Fearn bière à la main se contente sur scène de lancer d’un doigt et avec un flegme goguenard les lignes hypnotiques et répétitives qui raclent là où ça fait mal, entre danse synthétique et hystérique, voire neurasthénique. Après 4 disques autoproduits, les deux gars de Nottingham (plus Robins urbains que shérifs, on l’aura compris) partagent leurs disques entre le label indus-noise-DIY Harbinger et de plus gros labels comme Rough Trade ou Extreme Eating. Leur style est aussi réjouissant qu’immuable. Entre post-punk et hip hop : ça clashe, éructe, rogne, sur fond de réalisme social avec toujours cette dérision et cet humour (noir forcément) qui agissent comme du sel sur les chairs à vif. Du festival Cable à Nantes à Glastonbury, en passant par un nombre incalculable de concerts dans les lieux les plus divers, le duo a fait un sacré bout de chemin. Leur relatif succès a même permis à Jason Williamson de récemment quitter son boulot de conseiller à l’impôt foncier.
Dans une interview, Lias Saoudi de The Fat White Family, explique la réussite du groupe par sa capacité à brillamment mettre en musique le langage des classes populaires anglaises.
L’autre facteur est sans doute leur incroyable capacité sur scène à en faire un maximum avec un minimum. Ils nous en avaient fait une brillante démonstration lors de la dernière édition de la Route du Rock en nous offrant un merveilleux moment de rage pure et d’humour ravageur. Nous sommes donc particulièrement heureux d’avoir l’occasion de nous reprendre une nouvelle dose de postillons et de beats destructeurs. La rencontre entre leur puissance scénique et le public de Binic a tout pour être un choc aussi inoubliable que jouissif.

Du vendredi 26 au dimanche 28 juillet 2019 – Binic – de 14h à 00h45 – Gratuit !

Plus d’1fos sur :
le site du BFBF
la page de l’édition 2019

La belle bande offre de plus aux Rennais  un magnifique apéritif mardi 23 juillet au Mondo Bizarro. La soirée a tout pour être des plus caniculaires puisqu’on y retrouvera (à prix libre !) trois de nos coups de cœur de cette année : Mod Con, Draught Dodgers et Shifting Sands. Que du très très bon donc.

Mardi 23 juillet 2019 – Mondo Bizarro, 264 boulevard Général George S. Patton, Rennes – 20h – Prix libre !

Plus d’1fos sur :
la page de la soirée

5 commentaires sur “Binic Folks Blues Festival 2019 : Sous le sable, le rock !

  1. ROCHE

    Il n’y a rien de Blues là-dedans!!et puis ras-la-tête de ces groupes qui veulent faire de la contestation , de la revendication etc… Tous les ans j’assiste à ce festival espérant entendre du vrai blues et non pas des braillards . Soyez honnêtes et changez le titre de ce festival qui est Rock et pas Blues!
    Par ailleurs quid des présentations, des horaires ?

  2. Jo

    Vous attendez qu’il change de nom pour ne plus y venir ? ^^ »
    Pour les horaires, il y a le site officiel du festival ou https://www.binic-folks-blues-festival.com/BFBF2019_programme_BD.pdf

  3. Isabelle

    La critique fait partis de la connerie surtout quand in ne met pas la main a la poche dans ce cas il ne faut pas Venir il y aura’s plus de place pour ce quo aprecis de voir des gens faire autant d effort pour Le plaisir des autre

  4. Mat

    Roche est surtout un gros troll (c’est pas possible autrement) xD

  5. gerard

    (SOUS LE SABLE DE LA MERDE)le plus intolérable ces laisser une plage complètement dègeulasse remplie de pisse,de merde,de verres,de papier,de seringue et j’en passe bref tout ce que l’ont peut imaginer voir dans des festival,mes sur plage ou forcement il aura des familles a venir surtout en periode estival et que la plus part des gens qui vienne ne sont pas d’ici et sen foute,y faudrait allez chier devant chez eut pour voir leur réaction,de plus y’a pas que la plage,alors les troll et la connerie se sont qui n’ecoute que eux et pas les autres et qui accepte de niquer de belle plage et de polluer notre bretagne,vive la bretagne et les vrais breton qui penseront comme moi
    quand ont n’est eduquer et civilisée ont fait des effort,out les organisateur mette en place plus de chiotte et de poubelles et des amandes comme dans certaine grand ville sa apprendrais a certains fonsdè de respecter se qui et mis a leur disposition et en plus gratuit.fermer pendant 3jour la banche alors je vous laisse imaginer l’état qu’elle devait etre.

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