Nous avions découvert il y quelques mois le groupe Corbeaux sur la scène des Jeunes Charrues à Carhaix : ce quatuor s’est formé en 2009 et a déjà sorti un album en 2011, Terrain Blanc. Composé d’une section rythmique (Johanne à la basse et Joris à la batterie) et de deux guitares (Mickaël et Maël), le groupe propose des mélodies post-rock particulièrement sombres. Le tout se teinte de quelques touches de prog et de math-rock, mais conserve la spécificité de n’être qu’instrumental. Pas étonnant donc d’apprendre qu’ils sont influencés par des groupes comme Mogwaï ou Fordamage. Après avoir écumé les salles de concert (La Carène, Run Ar Puns,) et les festivals (Les Jeunes Charrues), ils viennent de finaliser un split cd, The Meeting Point, avec le groupe Volte Face. Leur projet commun les a tout naturellement amené à se produire ensemble, notamment lors d’une release party le 09 novembre dernier au Mondo Bizarro.
Sur la scène des Jeunes Charrues, le quatuor avait confirmé les très bonnes impressions laissées par leur album : les mélodies post-rock prenaient une tournure plus math-rock en live, ce qui n’était pas pour nous déplaire. Un très bon concert, qui nous prouve qu’on peut programmer du math-rock instrumental et retenir le public. A l’occasion de leur nouveau passage au Mondo Bizarro lors du festival Bars en Trans le samedi 08 décembre, petit retour sur l’interview que Joris et Maël nous avaient accordé lors de leur passage aux Jeunes Charrues il y a quelques mois.
Photos : Solène
Alter1fo : c’est quand même surprenant de scotcher le public avec quelque chose d’uniquement instrumental, sur une musique post-rock avec des tendances math, non ?
Joris : C’est le défi : c’est cool parce qu’on voit que ça marche. On a pris le partie pris de ne pas mettre de chant dans Corbeaux, de jouer avec les harmonies entre les instruments, peut-être rajouter d’autres instruments à l’avenir, des featuring. Mais pas de chant. Le défi, c’est de réussir à garder les gens avec toi : là c’était 35 minutes mais ça peut être 45 minutes ou une heure. Le but, c’est de les garder avec toi, même si tu n’as pas de chant, même si tu n’as pas l’accroche qu’un groupe pourrait avoir avec un chanteur.
Dans votre set, on a l’impression qu’il pourrait ne pas y avoir de pauses, comme dans une BO d’un film ?
Joris : Oui, on a vraiment travaillé tous les enchainements de chaque morceau, pour qu’il y ait vraiment une cohérence dans le set. J’espère que le jury ne nous tiendra pas trop rigueur de ne pas parler ou de parler brièvement : on veut quand même montrer au public que l’on est avec eux, qu’on est là aussi pour échanger. Mais l’échange peut se faire autrement que par la parole, donc on a prit le parti d’avoir des transitions très courtes et d’enchainer les morceaux.
Votre musique est qualifiée de post-rock mais on trouve qu’il y avait beaucoup de moments math-rock pendant le concert.
Joris : On écoute énormément de post-rock mais aussi de math-rock. Moi et le guitariste Maël, on jouait dans un groupe de métal ensemble et qui a commencé à virer au math-rock. Les deux autres sont plus post-rock que math mais ça fait partie de nos influences.
Le groupe est né en 2009, comment vous êtes-vous rencontrés ?
Joris : Plutôt début 2010. A la base, c’était un duo acoustique composé de Mick (guitare) et Jojo (bassiste). On est tous originaires de Quimper, et on s’était croisés dans une salle de répétitions qui s’appelle Les Polarités. Ils m’ont engagé, en voulant passer de l’acoustique à un set rock avec guitare électrique : j’ai greffé Maël au projet, en pensant que ça pouvait apporter un truc. C’est là que l’on a vraiment commencé à jouer les harmonies entre les guitares, beaucoup plus que lorsqu’on était en trio.
Ce qui nous surprend, étant donné la jeunesse du groupe, c’est de jouer une musique aussi mature, un mélange de post-rock, de math, des touches de prog, du métal et tout ça ça tient la route. Qui compose dans le groupe ?
Joris : C’est très démocratique. On a repris les premiers morceaux composés par Mick et Jojo en acoustique. Depuis que nous sommes quatre, chacun arrive en répé avec ses idées : je travaille avec un ordi, je travaille des petites maquettes, on fait tous un peu ça et on se fait écouter tout ça. Il y a des morceaux que l’on retient, d’autres pas. Je peut être amener à composer des parties de basse, le guitariste peut me demander de faire tel truc à la batterie, c’est vraiment intéressant.
Vous avez déjà sorti Terrain Blanc, qui a fait l’artwork ? La pochette est vraiment réussie !
Joris : Je parlais justement des Polarités à Quimper : c’est une association qui détient des locaux de répétitions, un studio dans lequel on a enregistré l’album mais qui met aussi des personnes à disposition : il y a notamment un graphiste qui fait ça gratuitement pour les groupes adhérents. C’est une super démarche, ils te suivent, ils sont avec toi sur toutes les étapes de fabrication de ton CD (répétition, enregistrement, mixage, mastering, jusqu’à l’artwork du CD). C’est Ludovic Leven qui a réalisé la pochette.
A la fin de votre concert, vous avez remercié la Carène, Run ar Puns, il y a un véritable soutien.
Joris: Oui il y a un vrai soutien. D’ailleurs, depuis que l’on a été pré-sélectionné pour les Jeunes Charrues, on se permet de remercier tout le monde, les Vieilles Charrues, Run ar Puns, la Carène, toutes ces structures : c’est un vrai tremplin avec un véritable accompagnement derrière. Dès que tu es pré-sélectionné, il y a du monde qui t’aide. On est jeune, on ne connait pas ce genre de festival, et heureusement qu’il y a ce genre de structures pour organiser les pré-prod, les journées de répets, les résidences, et pour nous conseiller car ce sont des oreilles externes. On a la tête dedans et ils sont là pour nous guider dans notre travail, dans le choix des morceaux.
(Maël nous rejoint)
Si tu devais citer 3 albums, plutôt que de parler de tes influences, on va profiter de la présence de Maël, sans lesquels vous ne pourriez pas vivre ?
Mick : Le dernier Hypnose, un groupe de métal qui vient de Montpellier, c’est énorme !
Joris : Microfilm, un groupe de Poitiers avec l’album « AF 127 » , The Mars Volta « Noctourniquet » et Russian Circle, « Empros ».
Maël : Moi je rajouterai bien un petit Mogwai « Hardcore Will Never Die, But You Will » et c’est dur de faire un choix ! 3 disques c’est pas évident ! Joker ? Joker ! (rires) Ah si on peut parler de Between the Buried and Me, encore un groupe métal, technique, américain, je ne peux pas choisir un seul CD du coup j’amène la collection complète avec moi !
Votre jeu scénique nous a surpris, vous avez travaillé ça avant ?
Joris : Après la résidence, on connaissait le set : on a travaillé les enchainements de morceaux et l’attitude sur scène.
Pouvez-vous nous parler du projet avec Volte Face ?
Maël : On a sorti notre album il y a un an et il fallait que l’on enregistre des nouveaux morceaux. On s’est demandé si on sortait un nouvel album ou si l’on faisait autre chose entre temps et c’est cette option qui a pris le dessus. Mick, l’autre guitariste, avait vu le groupe Volte Face à Rennes, et Joris nous les a fait redécouvrir en trainant sur leur Facebook et Zikcard, et le contact s’est fait assez naturellement pour le split album. Il y aura deux morceaux de Corbeaux, deux morceaux de Volte Face et un même morceau Corbeaux/Volte Face ensemble. On est allé il y a un mois à Rennes faire un premier week-end pour composer et travailler, et on s’est retrouvé il y a 3 semaines au studio 13 à Quimper (Les Polarités) pour mettre dans la boîte : et depuis on continue à travailler dessus.
Joris : Volte Face est un groupe de post-rock éléctro de Rennes, on trouvait leur univers à la fois différent du notre car ils ont une touche plus électro et ils ont en même temps quelque chose de commun avec nous. On s’est dit pourquoi ne pas fusionner les deux univers musicaux ? Dans un split CD, ce sera parfait, et pur aller jusqu’au bout de la démarche, on travaille sur l’organisation d’une tournée qui aura lieu dès septembre.
(…)
Vous avez d’autres projets d’enregistrements ?
Maël : On ferait bien un deuxième album en 2013.
Joris : On commence à vraiment connaître Terrain Blanc, et on a hâte de composer autre chose : on a des nouveaux morceaux déjà maquettés et on a hâte de les bosser.
Merci beaucoup !
Joris et Maël : Merci à vous !
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Corbeaux en concert au Mondo Bizarro dans le cadre des Bars en Trans, le samedi 08 décembre (avec Hathors et Grand Central).
Tarif : 5 euros