ARLT et Thomas Bonvalet @ Musiq’Alambic #3 : musique ultrasensible

Nous avons tellement adoré les deux premières éditions du gouleyant festival Musiq’Alambic et la programmation fastueuse de l’opus 2014 nous a si surexcité, que nous avons décidé de vous en détailler la carte des vins par le menu. Première étape en forme de coup de foudre avec le trio Arlt & Thomas Bonvalet.

MusiqAlambicaff3Si la programmation de ce troisième festival Musiq’Alambic est à nouveau un sans-faute intégral de musiques aventureuses et atypiques, il faut bien avouer que ce qui a fait battre nos petits cœurs un peu plus vite, c’est l’annonce de la présence du duo Arlt accompagné par le grand Thomas Bonvalet.

ARLT&THOMAS BONVALET -1Arlt est un duo parisien, composé de la chanteuse Eloïse Decazes et du guitariste/chanteur Sing Sing. Leur étrange patronyme vient du nom de l’écrivain argentin Roberto Arlt chez qui on retrouve dans les titres de ses romans (Le Jouet Enragé, Les Sept Fous, Les Lance-Flammes, La Danse du Feu), les joyeux culbutage lexicaux qu’affectionne particulièrement le duo. Dès leur premier album, La Langue, sorti en 2010 sur le label Almost Musique, toute leur singularité est en place. Leur musique aussi saisissante que fragile se joue des standards d’une chanson française trop souvent balisée. Quelques mots accolés comme par un génial bricoleur ivre, tournent en boucle, et tour à tour nous foudroient ou s’insinuent durablement dans nos petites têtes. Voilà que l’on se retrouve à fredonner « L’amour est un os », «Tu m’as pris pour un pistolet/Des fois tu es dans la lune je ne sais quoi » ou « Appelle moi choléra / Dis moi ta poison / Je ne reviendrai pas plus / Peste soit de moi / Je ne t’aime plus ». Une guitare décharnée entre blues famélique, folk dada et musique médiévale, habille de superbes guenilles ses ritournelles qui ne vous lâchent plus et jouent l’incruste dès la première écoute.

Leur second album de 2012 : Feu la figure a été enregistré dans le fameux Hotel2tango (bastion du label Constellation) par Radwan Ghazi Moumneh (qui a aussi travaillé avec Eric Chenaux, Matana Roberts ou The Suuns). Le résultat est tout aussi sublime que le premier essai. Le duo enquille alors une imposante série de concerts en France, au Canada ou aux États-Unis. Souvent accompagnés par Mocke (le guitariste de Holden), ils partagent la scène avec Josephine Foster, Eric Chenaux… et même The National dont les membres sont de fervents fans d’Arlt. Malgré tout ça, le plus beau était pourtant encore à venir.

Voilà que pour leur troisième disque leur prend l’envie de demander à Thomas Bonvalet, un artiste tout aussi à part qu’eux de réorchestrer leurs compositions. Bonvalet est un multi-instrumentiste au parcours atypique. De la noise bruitiste de Cheval de Frise dont il a été guitariste de 1998 et 2004, à son projet solo L’Ocelle Mare évoluant d’un travail d’exploration des possibilités sonores de la guitare classique à un incroyable homme orchestre improvisant des trames célestes grâce à une pelletée d’instruments exotiques et autres machines étranges, l’homme n’en finit pas d’explorer et d’inventer. Ses aventures l’ont mené à participer à un de nos immenses coups cœur musicaux de 2012, l’album de Powerdove : Do You Burn ? en compagnie d’Annie Lewandowski .

C’est justement après le concert de cette formation que Sing Sing et Eloïse ont croisé Thomas Bonvalet. De cette rencontre naquit d’abord un set live commun au festival des 36h de St Eustache puis l’idée d’une reconstruction à trois de leur répertoire. Le fruit de ce travail est un disque magnifique sorti, une fois encore chez Almost Musique en mars 2014. Composé de 9 titres réenregistrés et de deux inédits, l’album tutoie les étoiles. Les arrangements abrasifs improvisés par Bonvalet avec son invraisemblable bric-à-brac (banjo désaccordé, orgue à bouche, instrumentarium, claquements sur-amplifiés) chahutent, poussent dans leurs retranchements et magnifient les voix et les textes du duo. Ces effarantes perles bruts évoquent tour à tour la grâce dégingandée de Pascal Comelade, l’épure hantée du Velvet Undergound ou encore l’étrangeté céleste de Moondog. Une merveille donc, insolite, déroutante, primitive… mais profondément bouleversante. « Pour nous, une chanson n’est pas un poème flanqué sur des accords, c’est comme un espace artisanal et bizarre où s’entrelace le magnétisme de la langue et celui de la musique ou de la danse. Une chanson a quelque chose à voir avec la sorcellerie. Elle allume des feux, jette des sorts, hypnotise, réveille, énerve ou apaise. Elle propage des formes voluptueuses de maladie. » expliquent-ils dans un très complet article de Gonzaï dont on vous conseille plus que fortement la lecture. Leur réputation scénique étant extrêmement élogieuse, nous sommes plus que  certain que leur passage sur la scène du Jardin Moderne sera un moment mystérieux et magique qu’il ne faudra manquer sous aucun prétexte.

Le plus chouette, c’est que le reste de la soirée ne devrait pas être en reste. On vous en reparle dès demain avec l’insoutenablement attendu concert d’Eshôl Pamtais.

Vendredi 23 mai – Le Jardin Moderne, 11 rue du Manoir de Servigné, Rennes – 20h30 – 10 €
Réservations : musiqualambic[at]gmail.com

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Plus d’1fos sur le site de Musiq’Alambic
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Retrouvez nos articles sur la programmation :
ARLT et Thomas Bonvalet
Eshôl Pamtais
Rouge Gorge
L’Oeillère
La Terre Tremble !!!
Entre les groupes et en after: DJ Black Sabboum

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